Moncef Amdouni, employé du mouvement Ennahdha, a entamé une grève de la faim samedi 7 juin 2025, selon une vidéo publiée trois jours plus tard par son épouse sur les réseaux sociaux. Incarcéré depuis le 5 mai 2023 à la prison civile de la Mornaguia, il se dit aujourd'hui menacé par son codétenu, ne dort plus et craint pour sa vie.
L'alerte a été relayée par l'Association Intersection pour les droits et les libertés, qui suit de près ce dossier qu'elle juge entaché de nombreuses irrégularités. Elle rappelle que l'affaire judiciaire à l'origine de l'emprisonnement de Moncef Amdouni remonte à 2015, lorsqu'une somme en devises étrangères, légèrement supérieure au plafond légal, avait été retrouvée à son domicile à la suite d'un cambriolage. La famille avait justifié l'origine des fonds — un don d'un proche résidant à l'étranger — et l'affaire avait été classée sur le plan civil après régularisation. Le cambrioleur avait, lui, été poursuivi et condamné. Mais en 2023, ce même cambrioleur, arrêté cette fois dans une affaire de stupéfiants, affirme avoir également volé de l'argent au domicile d'une autre figure politique d'Ennahdha, Sahbi Atig — une déclaration confuse, ce domicile ne lui appartenant pas. Ces éléments anciens ont cependant conduit à la réouverture du dossier Amdouni, pourtant tranché par la justice neuf ans plus tôt.
Aujourd'hui, Moncef Amdouni est poursuivi pour blanchiment d'argent dans le cadre d'une prétendue coalition criminelle, faux témoignage, détention illégale de devises, dissimulation d'éléments à charge et participation à une entente criminelle. Il est visé par plusieurs articles du Code pénal tunisien, ainsi que par les lois de 2015 et 1976. Mais selon son avocat, cité par l'Association Intersection pour les droits et les libertés, ces poursuites reposent sur des témoignages contradictoires et une instrumentalisation manifeste des faits, sans preuves concrètes.