Les autorités ont interdit le rassemblement de solidarité que le Parti destourien libre (PDL) comptait organiser demain devant le palais de justice de Bab Bnet, à Tunis. Dans un communiqué publié ce mercredi 11 juin 2025, le parti a dénoncé une décision « arbitraire », portant atteinte à la liberté de manifestation pacifique, garantie par la Constitution ainsi que par les engagements internationaux de la Tunisie en matière de droits humains. Ce rassemblement devait coïncider avec la comparution de la présidente du PDL, Abir Moussi, devant la chambre criminelle du Tribunal de première instance de Tunis. Celle-ci est poursuivie par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), à la suite de déclarations faites lors d'une conférence de presse, le 9 décembre 2022, au cours de laquelle elle avait exprimé son rejet du processus électoral législatif prévu pour le 17 décembre de la même année.
Le PDL rappelle qu'Abir Moussi est détenue depuis le 3 octobre 2023 et que sa privation de liberté est, selon lui, illégale depuis le 26 mai 2025, aucune nouvelle décision judiciaire ne justifiant la poursuite de sa détention. Le parti qualifie cette situation d'abusive et dénonce un acharnement politique contre sa présidente, qui aurait déjà purgé une peine injuste de seize mois. Il condamne par ailleurs les formes de harcèlement et de mauvais traitements qu'elle subirait depuis son arrestation. Dans ce contexte, le comité de défense d'Abir Moussi a décidé de boycotter l'audience de ce jeudi, refusant de présenter ses plaidoiries. Les avocats considèrent le procès comme inconstitutionnel et dénoncent l'utilisation du décret-loi n°54 de 2022, qu'ils perçoivent comme un outil de répression de la liberté d'expression et de criminalisation de l'opinion politique. Le PDL accuse les autorités de faire preuve de deux poids deux mesures, soulignant qu'aucune interdiction n'a été opposée à d'autres rassemblements organisés par des partis politiques ou organisations civiles au même endroit. Il réitère son soutien total à sa présidente et appelle à sa libération immédiate, tenant le pouvoir en place pour responsable de toute atteinte à son intégrité physique ou morale, en détention comme en dehors.
Enfin, le parti affirme son intention de poursuivre sa mobilisation politique et juridique, y compris par le recours aux instances internationales, afin de faire valoir les droits civils et politiques de ses membres et militants. Il appelle les autorités à respecter les principes de l'Etat de droit et à garantir les libertés fondamentales, notamment celle de manifester pacifiquement.