Invité, vendredi 13 juin 2025, sur les ondes de Jawhara FM, l'ancien diplomate Abdallah Laabidi a livré une lecture approfondie et inquiétante de l'escalade actuelle entre Israël et Iran, estimant qu'il s'agit de la première étincelle d'un conflit plus large qui pourrait embraser la région. « L'une des caractéristiques historiques des guerres, c'est qu'on sait comment elles commencent, mais jamais comment elles se terminent. Et c'est exactement ce que recherchent aujourd'hui Benjamin Netanyahu et Donald Trump », a déclaré Abdallah Laabidi. Selon lui, la rapidité des événements dans les deux pays ne peut être comprise sans évoquer les tensions internes : Trump est confronté à de nombreuses procédures judiciaires, tandis que Netanyahu est de plus en plus isolé sur la scène politique israélienne, même au sein de son propre entourage. « On entend désormais des critiques de la part d'anciens ambassadeurs, d'anciens chefs d'état-major, voire de ministres. Ce n'est plus un homme de consensus. » Face à cette fragilité, l'ancien diplomate estime que les opérations militaires servent aussi à détourner l'attention des opinions publiques. Pour lui, l'attaque israélienne récente pourrait être le déclencheur d'un conflit d'ampleur avec l'Iran. « C'est une guerre qui s'annonce. Il ne faut pas oublier l'influence massive du lobby des armes, le complexe militaro-industriel occidental et les milliards en jeu. » Interrogé sur la capacité d'Israël à frapper en plein cœur du système iranien, en ciblant des hauts responsables iraniens en Syrie, en touchant le Hezbollah, ou même dans le contexte flou du décès du président iranien, Abdallah Laabidi répond sans détour : « Toutes les grandes puissances sont infiltrées. Même les Etats-Unis ont vu des présidents assassinés. L'Iran, comme les autres, n'est pas invulnérable. » « C'est le début d'un affrontement durable. Et Israël ne peut se permettre ce genre d'opérations sans la bénédiction ou la coordination avec les Etats-Unis. Le chef d'état-major américain l'a d'ailleurs confirmé : il existe un soutien logistique, notamment en carburant, pour Israël. » Quant à la participation du Hezbollah ou des Houthis, l'ancien diplomate affirme que leur entrée en scène est très probable, estimant que les récentes fuites des services de renseignement américains font état de transferts d'équipements à double usage depuis la Chine vers les Houthis. Abordant ensuite la question de la caravane Al Soumoud, en route depuis la Libye vers Gaza, Abdallah Laabidi tempère l'enthousiasme populaire : « Ces initiatives ont une valeur symbolique, mais sur le terrain, elles ne pèsent rien face à l'appareil militaire israélien. Et puis, que valent ces gestes lorsque les Etats arabes investissent des milliards dans des avions et des armes, pendant que des citoyens partent à pied, sans défense, soutenir la Palestine ? » Enfin, il évoque les obstacles diplomatiques qui pourraient freiner la progression des convois vers Gaza. Selon lui, les autorités de l'Est libyen pourraient laisser passer, mais l'Egypte se retrouverait en porte-à-faux vis-à-vis des accords de Camp David. En vertu de ces accords, certaines zones du Sinaï sont interdites même à l'armée égyptienne ; alors y faire passer des civils ou des militants constituerait une violation flagrante. En conclusion, Abdallah Laabidi fustige les régimes arabes et leur passivité : « La société civile occidentale, elle, est organisée et soutenue. La nôtre est livrée à elle-même. Le vrai problème n'est pas le courage des peuples, mais le silence complice des régimes. » Dans la nuit du 12 au 13 juin, de violentes explosions ont retenti à Téhéran, la capitale iranienne, marquant le début d'une vaste offensive militaire menée par Israël contre plusieurs cibles stratégiques en Iran, y compris des sites liés à son programme nucléaire. La télévision nationale iranienne a rapporté la survenue d'explosions dans plusieurs quartiers de la ville. Peu après le début des frappes, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé que l'opération se poursuivrait aussi longtemps que nécessaire. L'armée israélienne a, de son côté, indiqué que la première phase de l'intervention avait été menée à bien, précisant que « des dizaines de chasseurs » avaient été mobilisés pour frapper de multiples objectifs militaires, parmi lesquels figuraient des infrastructures nucléaires situées dans diverses régions iraniennes. Parmi les cibles mentionnées par Israël figure le site d'enrichissement d'uranium de Natanz, ainsi que des personnalités scientifiques impliquées dans le programme nucléaire iranien. Benjamin Netanyahu a déclaré que ces frappes visaient directement « le cœur du programme d'enrichissement iranien » ainsi que « le cœur de son programme de missiles balistiques ». Présentée comme une action préventive par les autorités israéliennes, cette offensive marque une escalade majeure dans les tensions régionales. L'état d'urgence a été décrété en Israël à la suite de ces événements. Selon l'agence de presse officielle iranienne Irna, certaines frappes israéliennes ont touché des zones résidentielles de Téhéran, provoquant la mort de plusieurs civils, dont des enfants.