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Penser coûte plus cher en Tunisie que tuer en Italie
Publié dans Business News le 14 - 06 - 2025

Episode 1 – Itissalia : dissoute le matin, multipliée l'après-midi
Le feuilleton Itissalia prend un tournant inattendu, presque comique s'il n'était aussi révélateur de notre époque. Alors que le président Kaïs Saïed se félicitait d'avoir mis fin à une prétendue forme d'esclavage moderne, un élu vient de dévoiler le revers du décor.
Le 12 juin 2025, sur Jawhara FM, le député Youssef Tarchoun, président du bloc « La ligne souveraine », révèle que le nombre d'employés d'Itissalia est passé de 3.000 à 4.800 agents… en quelques semaines. Selon lui, des familles entières ont été intégrées à la hâte : frères, sœurs, cousins, voisins. Pourquoi ? Pour bénéficier de la nouvelle loi interdisant la sous-traitance et garantissant aux anciens agents une titularisation dans les entreprises clientes.
Autrement dit : plus de sous-traitance, donc intégration obligatoire dans les effectifs. Il suffisait donc d'être embauché au bon moment par Itissalia pour devenir, par effet mécanique, employé d'une administration ou d'une entreprise publique. Et Itissalia, en bon élève du capitalisme d'Etat, a appliqué cette règle avec un zèle digne d'un plan quinquennal.
Ce n'est plus une dissolution, c'est une dilution dans le tissu administratif. Une opération de transfusion massive où 1.800 agents surnuméraires sont injectés de force dans un système qui n'en voulait pas, n'en avait pas besoin, et surtout… n'en a pas les moyens.
La scène a de quoi faire rire jaune : un Etat qui condamne la logique du marché, mais crée par sa propre loi une prime à la triche, une incitation à gonfler artificiellement les effectifs, et une punition directe pour les bons élèves, ceux qui respectaient les contrats et les besoins réels.
La morale ? Quand on légifère à partir d'impressions et qu'on gouverne contre les principes de réalité, on fabrique soi-même les abus qu'on prétend combattre.

Episode 2 – Il cherche des idées, il a les mauvaises
Trois fois en trois semaines, Kaïs Saïed a abordé la question du financement des caisses sociales. Trois fois, il a demandé à son ministre de lui trouver des idées. Et trois fois, il s'est abstenu de dire ce qu'il comptait faire lui-même. On pensait qu'il avait des réponses, il n'avait que des interrogations. Et quand il agit, c'est toujours dans le sens contraire de la logique.
Il faut financer la CNSS, dit-il. Très bien.
Mais en parallèle, il diabolise les entreprises qui freinent l'investissement et rechigne au recrutement. La CNSS manque de recettes, du coup, mais doit quand même financer les retraites de ceux qui y sont déjà.
Il faut sauver la CNRPS ? D'accord.
Mais il demande le remplacement massif de fonctionnaires par de jeunes chômeurs. Recrutement immédiat, cotisations faibles, retraites longues. Une équation imbattable pour creuser le déficit.
Quant à la CNAM, parlons-en : entre la hausse des dépenses de santé et la précarisation de l'emploi, elle ne tient debout que par miracle. Et au lieu de renforcer ses ressources, on multiplie les statuts bricolés et on criminalise les CDD. Le régime a la réforme inversée : il identifie les problèmes… puis leur tourne le dos.
Mais la contradiction ne s'arrête pas là. Car selon la Constitution écrite de sa main, le président décide, le gouvernement exécute. Pourquoi donc Kaïs Saïed demande-t-il maintenant au gouvernement d'inventer des mécanismes de financement ? À quoi bon avoir tous les pouvoirs, si c'est pour supplier ses ministres d'avoir des idées à sa place ?
La vérité, c'est que personne ne veut assumer le coût politique de la réforme. Ni Kaïs Saïed, ni Issam Lahmar, ni personne à la Kasbah. Alors on parle de justice sociale, d'équité, de révolution législative. Et surtout, on ne parle pas des chiffres.
La leçon de tout ça ? Dans la Tunisie d'aujourd'hui, la réalité démographique, les déficits, les projections… sont moins puissants que les slogans. Mais les slogans, eux, ne cotisent pas.

Episode 3 – Le bourreau libéré, la parole emprisonnée
Il s'appele Giovanni Brusca, mais on le surnomme « le bourreau de Capaci ». Ou parfois « le porc ». Ou plus froidement encore : le repenti à 150 cadavres.
Le 23 mai 1992, c'est lui qui appuie sur le détonateur. Résultat : le juge Falcone, son épouse et trois gardes du corps pulvérisés. Quelques semaines plus tard, le juge Borsellino subira le même sort. Il est aussi celui qui a ordonné l'enlèvement, la strangulation puis la dissolution dans l'acide de Giuseppe Di Matteo, 14 ans, pour faire pression sur son père, un mafieux devenu repenti. En tout, il a plus de 150 assassinats à son compte.
Il a été condamné à 30 ans de prison. Il en a purgé 25, puis trois de liberté surveillée. Et depuis juillet 2024, il est libre. Libre, caché, sous une fausse identité, officiellement resocialisé. La juge italienne estime qu'il « n'est plus dangereux pour la société ». L'information n'a été ébruitée que cette semaine et elle choque toute l'Italie. Comment un monstre pareil peut-il être libre après tout ce qu'il a commis comme atrocités ?
Pendant ce temps, en Tunisie, on enferme Kamel Letaïef pour 66 ans, peine synonyme de perpétuité vu son âge. Son crime ? Avoir réfléchi, dans un salon, à une alternative pacifique à Kaïs Saïed. Aucun détonateur. Aucune victime. Juste des idées.
Pendant ce temps, Abir Moussi a pris cette semaine deux ans de prison supplémentaire pour avoir critiqué une instance électorale très controversée.
Pendant ce temps, Sonia Dahmani purge des années de prison pour avoir remis en cause la réalité d'un pays imaginaire.
En Italie, 150 assassinats vous offrent une nouvelle identité.
En Tunisie, une phrase dans un micro vous prive de la vôtre.
Il ne s'agit pas de défendre Brusca. Il s'agit de constater qu'un pays, même meurtri, peut tenir parole et appliquer la loi, même quand elle choque. Et qu'un autre pays, même pacifique, peut inventer des peines pour se venger de ses contradicteurs.
La vraie justice ne consiste pas à faire peur. Elle consiste à faire droit. En Tunisie, ce mot semble avoir été dissous… peut-être pas dans l'acide, mais dans la haine du débat.


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