L'audience consacrée au dossier dit du « complot 2 », tenue ce mardi 24 juin 2025 devant La cinquième chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme près le Tribunal de première instance de Tunis, a été troublée par de graves dysfonctionnements, écrit l'avocate Inès Harrath. Comme pour les précédentes séances, les accusés comparaissaient à distance depuis la prison, avec un dispositif de visioconférence défaillant : ils ne voyaient que la cour et peinaient à entendre ce qui se disait. Plusieurs prévenus, dont Rached Ghannouchi, Kamel Bedoui et Fethi Beldi, ont refusé de comparaître. D'autres étaient présents à distance, notamment Abdelkarim Abidi, Rayan Hamzaoui, Samir Hannachi, Mehrez Zouari et Habib Ellouz, ce dernier apparaissant affaibli, en fauteuil roulant. « L'audience a pris un tournant particulier lorsque Habib Ellouz a déclaré ne plus entendre, ne plus voir correctement et ne rien comprendre au déroulé du procès à cause d'un AVC qu'il avait subi en prison. Malgré ses appels à l'aide, le président du tribunal a poursuivi l'instruction sans tenir compte de ses propos », écrit l'avocate.
Face à cette situation, l'avocate Inès Harrath, qui représentait Habib Ellouz, a pris la parole pour annoncer publiquement son retrait de la défense, estimant que « ce ne sont pas des conditions acceptables pour une audience équitable ». Elle a insisté pour que le procès-verbal mentionne clairement les raisons de ce retrait : l'incapacité manifeste de son client à suivre les débats. Inès Harrath a précisé que sa décision ne changerait rien sur le fond. Le prévenu est assisté par plusieurs avocats, et le jugement qui est encore en première instance, semble selon elle déjà décidé. Mais elle dit ressentir une profonde douleur à l'idée que Habib Ellouz puisse croire qu'elle l'a abandonné. « Le trahir aurait été, à mes yeux, de plaider dans de telles conditions », a-t-elle conclu.
Cette affaire implique au moins 21 prévenus et a été ouverte en mai 2023. Tout comme l'affaire de complot 1, elle repose également sur des témoignages anonymes attribués à "X". Les charges retenues portent sur la constitution d'une entente en vue de conspirer contre la sûreté intérieure de l'Etat et sur l'incitation à commettre des actes terroristes sur le sol tunisien.