Dans un communiqué publié lundi 30 juin 2025, l'avocat Nafaâ Laribi a vivement protesté contre le refus de visite qui lui a été opposé à la prison de Bulla Regia, où est détenue Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL). Un refus qu'il qualifie de « violation flagrante des droits de la défense » et qu'il inscrit dans une « stratégie d'isolement systématique » visant sa consœur. Me Laribi, membre du comité de défense de la cheffe du PDL, affirme s'être présenté au centre pénitentiaire de Bulla Regia muni d'une autorisation en règle, respectant toutes les conditions légales et administratives. Pourtant, les autorités pénitentiaires lui ont interdit l'accès, au motif que deux visites d'avocats avaient déjà eu lieu plus tôt dans la journée. Selon les responsables, Maîtres Imed Kouraichi et Mohssen Maalmi s'étaient déjà entretenus avec la détenue. « J'ai parcouru plus de 150 kilomètres pour exercer un devoir professionnel et humain. On m'en a empêché, au mépris total de la loi », a-t-il déclaré, indigné. L'avocat dénonce une atteinte directe au Code de procédure pénale, à la loi sur le régime pénitentiaire, ainsi qu'aux textes internationaux, notamment les principes de base relatifs au rôle du barreau adoptés par l'ONU.
Dans sa publication, il ne cache pas sa colère face au silence des institutions professionnelles. Il vise notamment le Conseil de l'Ordre national des avocats, qu'il accuse d'avoir « renoncé à son rôle de bouclier » en restant passif face à de telles atteintes aux droits fondamentaux de ses membres. « Aujourd'hui plus que jamais, il est de notre devoir de défendre la dignité de notre profession », martèle-t-il, appelant ses confrères à une mobilisation collective. Me Laribi tient pour responsables l'administration générale des prisons ainsi que toute autorité ayant, par action ou par omission, contribué à ce qu'il qualifie d'abus. Il annonce par ailleurs son intention d'engager toutes les procédures nécessaires, tant au niveau national qu'international, pour faire valoir les droits de sa cliente.
Pour rappel, Abir Moussi est détenue depuis le 3 octobre 2023. Elle a été transférée le 20 juin 2025 de la prison de Belli à Nabeul vers celle de Bulla Regia à Jendouba, une décision qui a suscité un tollé au sein du PDL. Son parti dénonce un « acharnement politique » et considère ce transfert comme une tentative de pression supplémentaire. Dans plusieurs déclarations publiques, ses membres ont exhorté les autorités judiciaires et pénitentiaires à respecter la loi et à garantir l'intégrité physique et morale de leur dirigeante. « Un droit ne se perd jamais tant qu'un avocat veille à le défendre », conclut Me Laribi dans son texte, avant de prévenir : « L'Histoire ne pardonne jamais aux silencieux. »