L'avocat Nafaâ Laribi a publié, jeudi 10 juillet 2025, un long statut sur les réseaux sociaux pour revenir sur la condamnation du journaliste et chroniqueur Mohamed Boughalleb à deux ans de prison, en vertu du décret 54. Il y dénonce une décision rendue sans preuve matérielle, dans une affaire qu'il qualifie de « procès de l'absurde ». « Mohamed Boughalleb a comparu aujourd'hui devant la justice pour une prétendue publication… que personne n'a jamais vue ! », écrit-il. « Aucun expert technique n'a attesté de son existence. Aucune capture d'écran n'a été versée au dossier. Aucun témoin n'a affirmé l'avoir lue. C'est une accusation suspendue dans le vide et, pourtant, la justice l'a retenue ». L'avocat revient également sur les multiples irrégularités de la procédure : « Lors de la première audience, le 21 avril, avec mes confrères Mohamed Abbou, Samia Abbou, Rania Bouattay, Hamadi Zaafrani et d'autres, nous avons tout simplement demandé un non-lieu. La plainte n'avait aucun fondement. Mais la cour a décidé de convoquer la plaignante, seule personne à croire à cette publication ». « Et puis, après des mois d'attente et de reports, on apprend, à l'audience du 10 juillet, que la cour revient sur sa propre décision : pas de convocation, pas d'audition. On nous demande de plaider immédiatement. Est-ce un test d'endurance pour la défense ? Un exercice d'improvisation judiciaire ? », s'est-il indigné. « Nous avons redit que le décret 54, et plus particulièrement son article 24, est contraire à la Constitution, qu'il viole les conventions internationales et qu'il ne s'applique en aucun cas à cette affaire. Mais malgré tout, la peine est tombée : deux ans de prison. Pour une publication introuvable ». L'avocat conclut : « En Tunisie aujourd'hui, on peut être condamné pour une intention supposée, poursuivi pour un fantasme numérique, et emprisonné pour un vide. Mais toujours, bien sûr, dans le strict respect des procédures… ».
Mohamed Boughalleb avait été arrêté le 22 mars 2024. Un mandat de dépôt avait été émis contre lui le 5 avril, à la suite d'une plainte déposée par une enseignante universitaire, en vertu de l'article 24 du décret-loi 54, qui réprime les infractions en lien avec les technologies de l'information et de la communication. Il avait comparu devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis le 23 juin 2025. Après plusieurs audiences, la cour a finalement rendu son verdict le 10 juillet, le condamnant à deux ans de prison ferme. La chambre criminelle avait pourtant accepté une demande de libération déposée par sa défense en février dernier, ce qui laissait espérer une issue moins sévère.