Décidément, cette 59ème édition du Festival International de Carthage restera dans les annales ! Elle a fait couler beaucoup d'encre avant même la tenue de la conférence de presse prévue pour aujourd'hui. Un festival d'une telle envergure, parmi les les plus anciens et les plus prestigieux à l'échelle arabe et dont l'aura a dépassé les frontières, est appelé à faire preuve d'un très grand professionnalisme à tous les niveaux. Aucun faux pas ne doit être commis ni au niveau de l'organisation, ni au niveau de la programmation ni au niveau de la communication. Les moindres détails doivent, en effet, être réglés comme du papier à musique. Pourtant, cette année, les couacs se sont étrangement accumulés suscitant l'étonnement et la sidération au sein du milieu artistique, des mélomanes et du public. Passons outre le fait que cette année, le festival soit sans directeur! Une première si notre mémoire est bonne. Parlons de communication ! L'annonce du programme s'est faite longuement attendre et n'a été dévoilée qu'il y a deux jours sur les réseaux sociaux. Toutefois, les billets ne sont encore pas en vente à quelques jours de l'ouverture et aucune idée sur les tarifs des billets. Pis encore, le site web officiel n'est pas du tout opérationnel jusqu'à cette heure. Par ailleurs, trois affiches parmi les spectacles dévoilés attirent tout particulièrement l'attention, révélant une erreur de communication flagrante : « Soirée tunisienne » prévue le 28 juillet, « La nuit des chefs » le 01 août et « Folklore » le 11 août. Des appellations, somme toute, très vagues, sans qu'aucune information ni sur le genre artistique ou musical, ni sur l'artiste ou les artistes qui vont assurer ces spectacles, faisant régner un flou total et laissant public et journalistes sur leur faim. La seule explication logique est que la programmation est encore en montage et que tout n'est pas prêt. L'utilisation de termes comme « folklore » a également attiré la colère des musiciens et musicologues, le terme ayant une origine colonialiste et ne reflétant guère le patrimoine et ses richesses. La programmation de certains artistes « douteux » au niveau de leurs orientations a suscité un mécontenentement et des appels au boycott… La liste des fausses notes qui ont entaché cette édition ne s'arrête pas là. L'étonnement est à son comble lorsque l'affiche du jeune artiste du pop urbain Saint Levant est supprimée sans fournir aucune explication. La surprise et la confusion créées au sein du public des fans du jeune chanteur palestinien,a poussé la responsable de l'information et de la communication du festival à prendre la parole et réfuter la rumeur de l'annulation relayée sur les réseaux sociaux. Finalement, l'affiche a été retirée pour faire l'objet de quelques modifications et une nouvelle affiche du chanteur sera republiée ultérieurement. Quel amateurisme ! Mais pourquoi maintenant? Mystère et boule de gomme. Toujours est-il que ces erreurs de communication sont inacceptables et ne doivent plus se reproduire à l'avenir sinon elles risqueraient de porter le coup de grâce à un festival qui a pendant des décennies fait la fierté de ce pays. Une question persiste : pour quand une politique culturelle ?