Ramla Dahmani Accent, sœur de l'avocate et chroniqueuse emprisonnée Sonia Dahmani, a lancé sur les réseaux sociaux, lundi 11 août 2025, un vibrant appel à l'action à l'occasion de la Journée nationale de la femme, célébrée chaque 13 août en Tunisie. « Sonia est debout. Elle va bien », écrit-elle en décrivant les conditions difficiles dans lesquelles sa sœur survit derrière les barreaux : chaleur étouffante, promiscuité, saleté, insectes, privation de liberté. « Elle survit à l'injustice. Et elle garde le sourire », poursuit Ramla, tout en soulignant que même « le fer finit par plier si personne ne vient le soutenir ».
Dans un message, transmis par l'avocate de Sonia Dahmani, la prisonnière appelle les femmes et les hommes « libres » à ne pas rester spectateurs. « Ne vous habituez pas à l'inacceptable. Pensez à nous qui sommes enfermées. Pensez à vos mères, vos sœurs, vos filles. (…) Si nous ne faisons rien aujourd'hui, demain il sera trop tard : trop tard pour les femmes, trop tard pour la liberté, trop tard pour la dignité », alerte-t-elle. Pour Ramla Dahmani, la Journée nationale de la femme ne saurait se limiter à des discours ou des célébrations symboliques : « Que vaut une 'journée' si, dans ce pays, des femmes croupissent derrière des barreaux pour avoir défendu la vérité ? (…) Des femmes sont en prison pour avoir parlé, défendu, refusé de se taire ou de se soumettre. » Elle met en garde contre un pouvoir « corrompu et fasciste » qui « admire l'Iran et rêve de nous imposer le régime des mollahs », et appelle à une mobilisation massive : « Le 13 août, ne restez pas chez vous. (…) Criez. Battez-vous pour que nos droits nous soient rendus, pour que nos prisonnières soient libérées, pour que nos filles ne grandissent pas dans un pays où être femme est un crime. » Selon elle, cette date doit devenir « une arme » : le moment où « occuper les rues jusqu'à ce qu'elles tremblent » afin que « plus jamais une femme ne soit punie pour avoir parlé ». Arrêtée le 11 mai 2024, Sonia Dahmani fait face à cinq affaires judiciaires, toutes liées à ses prises de parole dans les médias. Sa défense dénonce de graves violations de procédure dans les multiples affaires judiciaires visant l'avocate. Pour l'instant, deux affaires ont donné lieu à des jugements définitifs en première instance et en appel, avec des peines de prison ferme totalisant deux ans et deux mois. Une troisième affaire a fait l'objet d'un jugement en première instance condamnant l'avocate à deux ans de prison. Ce dossier est actuellement en appel.