Les expériences récentes montrent que les Etats-Unis ne fondent pas leur politique étrangère sur le principe de promotion de la démocratie, mais plutôt sur des calculs d'intérêt. Dans leur pratique politique, la démocratie est un droit dont on fait un usage détourné. Gaza en est un exemple évident : celui qui sacrifie l'humanité ne peut être un garant de la démocratie. Les illusions de la démocratie imposée de l'extérieur La même logique s'est répétée en Syrie, où, comme par magie, des terroristes se sont transformés en démocrates, au point que le président Donald Trump a reçu Al-Joulani, héritier de l'Etat islamique/Daech, après que son nom a été retiré des listes d'Interpol, envoyant ses victimes en enfer. Le discours officiel américain se fonde sur la diffusion de la démocratie, mais la réalité sur le terrain produit des résultats inverses : des pays fragmentés et des sociétés violées. L'Afghanistan est un exemple frappant : les Etats-Unis y ont dépensé plus de deux mille milliards de dollars au cours de deux décennies de guerre, pour finir avec le retour au pouvoir des Talibans et la relance du commerce de l'opium. Cependant, la critique de la politique américaine ne dédouane pas les régimes locaux de leur responsabilité. Le monopole du pouvoir, le refus de la pluralité et l'usage de la violence contre les opposants sont autant de facteurs qui ont ouvert grandes les portes aux interventions étrangères. L'expérience de Saddam Hussein en est une preuve : sa répression interne et ses guerres régionales ont justifié l'invasion américaine de 2003. De même, la persistance de Kadhafi dans le pouvoir personnel a conduit à l'effondrement de l'Etat après l'intervention de l'OTAN en 2011. Une démocratie sans partis ni institutions laisse la place, dans le meilleur des cas, à la sectarisation, au tribalisme et aux milices.
Une démocratie qui doit jaillir de l'intérieur Un dirigeant qui s'imagine détenir les « clés exclusives » de l'intérêt national devient finalement la marionnette de forces supérieures à lui, tandis que la patrie se réduit à un conflit personnel pour rester au pouvoir. La gravité de ce scénario n'est pas différente de celle de ceux qui, hors du pouvoir, se mettent au service de l'étranger sous le prétexte de « restaurer la démocratie » : dans les deux cas, la souveraineté nationale est compromise. Nos conditions sociales se détériorent, notre vie politique est quasi inexistante et notre économie est en recul manifeste. Cela rend urgente la nécessité d'une vision alternative et d'un discours nouveau, fondé sur la responsabilité nationale. Une vision qui commence par la libération des prisonniers politiques, la refondation de la relation avec l'Union générale tunisienne du travail sur la base du partenariat plutôt que du conflit, la levée de la main sur les médias, et en particulier sur les médias publics considérés comme un bien commun et non comme un outil de propagande, la relance du dialogue national, la garantie de la liberté d'activité des partis et de la société civile, ainsi que l'activation de la Cour constitutionnelle et des autres institutions gelées. Ce sont là les véritables portes de la démocratie, qui ne s'ouvrent pas depuis l'étranger, mais jaillissent de l'intérieur. L'inconséquence des régimes est ce qui a conduit à la profanation des patries.
*Hichem Snoussi - Journaliste Texte traduit de l'arabe par le service IA de Business News