L'expert en climat et en ressources en eau, Houcine Rhili, est revenu, mardi 9 septembre 2025, sur la gestion de la distribution de l'eau en Tunisie et sur l'état général de ce secteur. Invité de l'émission Eco Mag diffusée sur les ondes d'Express FM, M. Rhili a d'abord expliqué que les Tunisiens ressentent de plus en plus les effets de la rareté de l'eau, mais que ce ressenti varie selon les individus. « Cela se manifeste pour le Tunisien soit par les coupures d'eau, soit par la hausse des prix des légumes, sachant que chacun est conscient que l'eau influe directement sur ces prix », a-t-il déclaré. Il a souligné que ce problème ne se limite plus à la saison estivale, mais qu'il s'étend désormais à toute l'année. « En Tunisie, nous sommes dans un déséquilibre total en matière d'équité d'accès à l'eau », a dénoncé l'expert, précisant que certaines régions sont quasi privées d'eau, tandis que d'autres ne connaissent pas de coupures. « Il existe une grande différence entre la réalité des villes et celle des zones rurales », a-t-il poursuivi.
M. Rhili a indiqué que cette crise n'est pas spécifique à la Tunisie, mais qu'elle touche l'ensemble du monde. Il a toutefois estimé que les choix opérés par les autorités ont aggravé la situation. « Près de 35 % des Tunisiens, soit environ 3,5 millions de citoyens, n'ont pas un accès régulier à l'eau potable », a-t-il affirmé, ajoutant que certains vivent à seulement quelques centaines de mètres des barrages, mais peinent malgré tout à obtenir de l'eau. « Il est irrationnel que les hôtels ne connaissent pas de coupures d'eau alors qu'un citoyen, dans le même gouvernorat, galère pour en avoir », a-t-il dénoncé.
Selon lui, ce phénomène découle d'un choix purement commercial de la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux (Sonede), qui facture le m³ à 2 300 millimes pour les hôtels, contre un prix variant de 200 à 700 millimes pour les particuliers. Il a rappelé que la Sonede cherche à équilibrer sa situation financière, ce qui explique cette politique tarifaire. « Il faut comprendre que le coût de l'eau est devenu très élevé pour les Tunisiens. Une de nos études a révélé que les ménages dépensent près de 18 % de leur revenu mensuel pour l'eau potable », a encore souligné l'expert. Il a aussi pointé la dégradation de la qualité de l'eau du robinet en raison de l'état catastrophique du réseau de distribution. « Nous avons un gros problème au niveau des canalisations », a-t-il déploré, ajoutant que le réseau de distribution en Tunisie contient, dans plusieurs zones, de l'amiante, une matière néfaste pour la santé.