La présidente de la Chambre nationale des jardins et garderies d'enfants, Nabiha Kammoun, tire la sonnette d'alarme : la rentrée 2025 s'annonce encore plus difficile que celle de l'année précédente. Dans une intervention sur Mosaïque FM, Mme Kammoun a indiqué, mardi 10 septembre 2025, que le taux d'inscription dans les jardins d'enfants est en chute libre, plus encore qu'en 2024. « L'an dernier, j'avais dit que la situation était mauvaise. Cette année, elle est pire ! », a-t-elle résumé. Selon elle, la décision d'unifier l'inscription à distance pour le préscolaire, regroupant jardins d'enfants, classes préparatoires et kottabs, a semé la confusion chez les parents. « Cela a donné l'impression qu'il n'y avait aucune différence entre une école, une garderie ou un kottab, alors que les programmes et les horaires ne sont pas comparables », a-t-elle insisté. Mme Kammoun a par ailleurs pointé du doigt la montée en puissance des écoles privées et des centres de soutien scolaire (académies), qui accueillent désormais des enfants dès l'âge de deux ans, en toute impunité. « Ces structures ne sont presque jamais contrôlées par le ministère de l'Education. Elles accueillent des enfants de deux à 18 ans, sans suivi ni inspection, alors qu'elles ne devraient accueillir que des enfants de six ans et plus », a-t-elle dénoncé. Un courrier adressé en octobre 2024 aux ministres de l'Education et de la Femme, pour demander une réunion tripartite et discuter des difficultés du secteur, est resté sans réponse, regrette-t-elle. La responsable souligne également que les classes préparatoires relevant du ministère de l'Education n'offrent qu'un enseignement de trois heures par jour, assuré par des instituteurs non spécialisés, contrairement aux programmes de la petite enfance ailleurs dans le monde. « Il y a une grande différence entre un enseignant du primaire et un éducateur spécialisé dans la petite enfance », a-t-elle expliqué, rappelant que les recherches internationales menées à Stanford et Harvard mettent en garde contre une scolarisation trop précoce, susceptible d'accentuer les troubles de comportement et d'attention. Le secteur traverse par ailleurs une grave crise structurelle : plus de 500 jardins d'enfants ont fermé leurs portes l'an dernier et les chiffres pour 2025 risquent d'être encore plus lourds, selon les remontées des chambres régionales. Interrogée sur les critiques récurrentes concernant le coût élevé des jardins d'enfants, Mme Kammoun a souligné que les prix reflétaient surtout la hausse continue des charges (loyers, salaires, sécurité sociale). « Ce n'est pas une question de profit, mais de survie. Chaque année, les frais augmentent, et cela retombe sur les familles », a-t-elle dit. Elle a rappelé que l'Etat avait mis en place un système d'aide, permettant aux familles à faibles revenus d'inscrire leurs enfants dans des « jardins de proximité » subventionnés, mais les allocations promises (50 à 70 dinars par enfant et par mois) tardent toujours à être versées.