Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a publié, mardi 23 septembre 2025, un communiqué à l'occasion du cap des 500 jours de détention des journalistes Mourad Zeghidi et Borhen Bssais. L'organisation dénonce une « tentative d'intimidation et de musellement des voix critiques » et appelle à leur libération immédiate et inconditionnelle. Dans son texte, l'organisation rappelle que les deux hommes ont été arrêtés le 11 mai 2024 et n'ont cessé, depuis, d'être poursuivis dans divers dossiers. Condamnés une première fois, en janvier 2025, à huit mois de prison en vertu du décret 54 relatif aux infractions liées aux systèmes d'information et de communication, ils continuent de faire face à de nouvelles poursuites judiciaires. Le syndicat dénonce notamment de graves atteintes aux droits de la défense, citant l'absence d'audition préalable avant l'émission d'un mandat de dépôt et le refus répété des juges d'instruction d'examiner les demandes de libération, alors même que les deux journalistes « ne représentent aucun danger pour l'ordre public ». Selon le communiqué, la poursuite de leur détention « n'est pas un cas isolé », mais s'inscrit dans une « politique méthodique » ayant également touché d'autres figures médiatiques comme la journaliste Chadha Haj Mbarek ainsi que l'avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani. « 500 jours d'incarcération arbitraire ne sont pas qu'un chiffre, c'est le symbole d'un avenir sombre pour les libertés si cette logique perdure », avertit le SNJT, qui appelle l'ensemble des acteurs engagés en faveur des droits et des libertés à intensifier la pression pour mettre fin à cette situation. À travers ce nouveau communiqué, le SNJT estime que la poursuite de l'incarcération de Zeghidi et Bssais illustre « la banalisation des atteintes à la liberté de la presse en Tunisie » et prévient que la judiciarisation des opinions constitue « une menace directe contre l'un des acquis majeurs de la révolution ». Le syndicat réaffirme enfin qu'il « ne cessera pas de lutter pour la libération de tous les journalistes emprisonnés » et appelle les autorités à mettre un terme à « l'instrumentalisation politique de la justice ».
Rappelons que sur le plan judiciaire, l'affaire demeure en cours. La chambre d'accusation d'été de la Cour d'appel de Tunis a décidé, le 26 août dernier, de renvoyer Mourad Zeghidi et Borhen Bssais devant la chambre criminelle du Tribunal de première instance de Tunis, tout en rejetant une nouvelle fois leur demande de libération. Leur dossier mêle des accusations de blanchiment d'argent à l'application controversée du décret 54. Le porte-parole du tribunal de première instance de Tunis, Mohamed Zitouna, avait alors évoqué des « informations sérieuses » concernant une implication présumée dans des infractions financières et des soupçons d'enrichissement illicite liés à leurs activités médiatiques. Le comité de défense de Mourad Zeghidi avait dénoncé, pour sa part, dès le mois de juin 2025, une détention prolongée « sans fondement juridique », soulignant que les enquêtes étaient bouclées depuis le 1er juin. Pour ses avocats, il s'agit d'un « acharnement judiciaire » visant à maintenir leur client et son collègue en prison malgré l'épuisement des procédures.