Le département de la protection sociale et du secteur non organisé de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) a publié, lundi 6 octobre 2025, un communiqué dénonçant la poursuite de « l'hémorragie des accidents du travail meurtriers » qui continuent d'ôter la vie à des ouvriers sur leurs lieux de travail. Selon le communiqué, deux travailleurs, Moncef Krifi et Mounir Aouadi, ont trouvé la mort, tandis que trois autres ont été blessés à des degrés divers, dans un grave accident survenu sur un chantier de construction d'un pont de l'autoroute Tunis–Jelma, au niveau de Oued Meliane, dans le gouvernorat de Ben Arous.
L'UGTT affirme que les ouvriers « continuent de payer, de leurs corps et de leurs vies, le prix d'un système vétuste de santé et de sécurité professionnelles », accusant des employeurs indifférents aux droits fondamentaux de leurs salariés et profitant de l'impunité, de la tolérance de l'Etat et du manque de rigueur des organes de contrôle. Le syndicat dénonce une situation où « les travailleurs exercent dans des conditions dépourvues des normes les plus élémentaires de santé et de sécurité», au profit de donneurs d'ordre qui exploitent les failles du système et bénéficient de la passivité des autorités publiques, voire de leur complaisance.
Dans son communiqué, la centrale syndicale critique également le ministère des Affaires sociales, accusé de se limiter à des campagnes de communication et à une propagande autour d'un « tableau idyllique » de la santé et de la sécurité au travail, tout en retardant l'application effective des engagements pris. L'UGTT cite en particulier la Convention internationale 187 sur le cadre promotionnel pour la sécurité et la santé au travail, entrée en vigueur depuis juillet 2022, dont la mise en œuvre est toujours bloquée, malgré un accord conclu depuis près de deux ans entre les partenaires sociaux et les structures techniques du ministère.
Le communiqué rappelle également que le programme national de santé et de sécurité au travail, approuvé depuis octobre 2023, et le décret régissant le Conseil national de la santé et de la sécurité au travail, en attente d'adoption depuis juillet 2024, dorment encore « dans les tiroirs du ministère ».
L'UGTT accuse en outre le ministère de saboter le dialogue social technique dans ce domaine, en marginalisant ses directions techniques internes, en écartant les partenaires sociaux et en politisant un dossier purement technique, détourné ainsi de son objectif initial : la réforme profonde du système de santé et de sécurité professionnelles.
Le syndicat déplore également « l'affaiblissement des structures impliquées dans le domaine », citant notamment le vide à la tête de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam), toujours sans PDG depuis novembre 2023.
Face à ce constat, l'UGTT lance une véritable alerte sur la gravité de la situation et tient le ministère des Affaires sociales pour pleinement responsable de la détérioration du système de santé et de sécurité au travail. Elle rejette catégoriquement que les travailleurs continuent à « payer le prix du retard de l'Etat à les protéger » et exige des mesures urgentes et concrètes pour mettre fin à cette hécatombe.