Au cœur de la médina de Tunis, la Caserne El Attarine a rouvert ses portes pour se transformer, durant toute la 10e édition de la manifestation "Dream City", du 3 au 10 octobre 2025, en un espace vibrant d'art, un lieu de rencontre, de dialogue et de découverte. Construite en 1814 par Hammouda Pacha, cette ancienne caserne militaire a cessé d'être utilisée à des fins militaires en 1881, avant d'être reconvertie en bibliothèque publique, enrichie de milliers d'ouvrages et manuscrits venus notamment de la Grande Mosquée Zitouna et des écoles de la médina. Elle a ensuite donné naissance à ce qui deviendra la Bibliothèque nationale de Tunisie, la plus importante du pays. Aujourd'hui en phase de rénovation et de restauration, le lieu retrouve une nouvelle vie à travers l'art contemporain. Durant Dream City, ce site historique accueille des expériences artistiques croisées, mêlant installations immersives, documentaires audacieux et ateliers de création collective. Il devient un carrefour entre artistes, publics et visiteurs, un espace qui invite à penser autrement le monde à travers l'art. Près de 10 artistes, venus d'horizons culturels et esthétiques variés, y présentent des œuvres sensibles, critiques et expérimentales. Leurs créations explorent des thématiques comme l'identité, l'exil, la mémoire collective ou encore les fractures du monde contemporain. Parmi les projets phares : "حزب فيسلوك / حزب فيسلايك " (Le Parti Face-look / Face-like) de Mouna Jemal et Wadie Maheri, qui questionne notre rapport à l'identité à l'ère des réseaux sociaux. "Shadharate El Aroussa" (Fragments de la poupée) de Selma et Sofiane Ouissi, qui redonne vie à l' »Aroussa », la poupée en argile traditionnelle, symbole de mémoire féminine. L'œuvre prend la forme d'ateliers participatifs réunissant les artisanes de Sejnane et le public dans une expérience artistique collective. D'autres créations poursuivent cette dynamique engagée : "Nous avons commencé par mesurer la distance" de Basma Sharif, "Vide" de Raeda Saadeh, toutes deux explorant les thèmes de l'exil, de la distance et de la résistance quotidienne. "Le Système du Bien" de Jumana Manna et Cecilia Sturheill, "À suivre..." de Sharif Waked, offrent une lecture à la fois politique et satirique du monde actuel. Des œuvres comme "La blancheur de Habiba" de Malek Gnaoui ou "Je n'ai pas pu voir la lune (Chapitre II)" de Fakhri El Ghezal adoptent un ton poétique et introspectif, explorant lumière, ombre et mémoire personnelle. Chaque œuvre interagit avec les volumes, les murs et l'histoire du lieu, transformant la Caserne El Attarine en espace narratif et vivant. Le bâtiment devient une scène artistique ouverte, où l'art contemporain éveille les consciences, questionne les évidences et propose de nouveaux regards sur le monde. La 10e édition de Dream City se poursuit jusqu'au 19 octobre 2025, avec 56 œuvres issues de 22 pays, présentées par 56 artistes, dont 8 tunisiens. Le programme comprend des performances, installations, concerts, chorégraphies, ateliers, débats et un espace dédié aux enfants : "Kharbeka City".