L'ancien ministre de l'Emploi, Faouzi Ben Abderrahmen, est revenu, lundi 6 octobre 2025, dans une réflexion approfondie sur la nature de la crise que vit la Tunisie, qu'il a qualifiée de « crise civilisationnelle étouffante ». Dans un post publié sur Facebook, l'ancien ministre a estimé que cette crise était multiple, touchant simultanément les dimensions politique, sociale, économique et même morale. Selon lui, il s'agissait à la fois d'une crise d'Etat, d'institutions, de savoir et de vision pour l'avenir dans un monde en mutation rapide. M. Ben Abderrahmen a indiqué que cette situation représentait un carrefour critique, dont l'issue pouvait mener soit à une sortie durable de l'état de déclin, soit à un effondrement civilisationnel définitif. Il a posé une série de questions fondamentales sur l'avenir du pays, interrogations portant sur la présence dans le cycle civilisationnel humain, la valeur des principes d'humanisme et de modernité, ainsi que la capacité à assurer la souveraineté et la durabilité pour les générations futures. Pour l'ancien ministre, ces questions nécessitent des réponses collectives et réalistes. Il a reconnu que certains pensaient que le pays souffrait d'une pénurie de cadres compétents, mais il a relativisé cette idée en soulignant que la sur-spécialisation et le retrait volontaire de certaines élites contribuaient à cette perception. Faouzi Ben Abderrahmen a insisté sur le fait que sortir de cette crise exigeait un changement profond de mentalité et un abandon de l'« esprit politique stérile » qui traversait les générations. Il a proposé l'établissement d'un nouveau « pacte républicain » et d'un « contrat social renouvelé » visant à définir un projet collectif, qu'il a qualifié de « civilisationnel ». Ce projet devait, selon lui, inclure la transition vers une société du savoir, le renforcement des institutions républicaines, la modernisation de l'Etat et l'intégration d'une économie durable et inclusive. Toutefois, il a admis que la Tunisie n'était pas encore prête pour ce projet ambitieux, citant plusieurs obstacles : la nature autoritaire du système politique actuel, le manque de consensus entre les forces d'opposition, le retrait des élites intellectuelles, la fragilité institutionnelle, ainsi que les blocages idéologiques et civilisationnels. Malgré ces limites, il a affirmé qu'il n'y avait pas d'autre voie que de commencer ce chantier avec les moyens disponibles, tout en continuant de résister pacifiquement à ce qu'il a qualifié de « système de médiocrité et de futilité ». Enfin, l'ancien ministre a invité les Tunisiens à interagir et à partager leurs réflexions, admettant qu'il n'avait aucune certitude absolue et que ses conclusions s'étaient construites à partir de comparaisons avec d'autres expériences réussies à travers le monde.