Le professeur universitaire en sciences économiques, Ridha Chkoundali, a commenté, mardi 7 octobre 2025, les nouvelles prévisions de la Banque mondiale sur la croissance économique de la Tunisie pour l'année en cours. Selon le rapport de l'institution, publié le même jour et consacré à la situation économique du Moyen-Orient, de l'Afrique du Nord, de l'Afghanistan et du Pakistan (MENAAP), le produit intérieur brut (PIB) réel tunisien devrait progresser de 2,6 % en 2025, contre 1,6 % en 2024. Dans son analyse publiée sur Facebook, l'économiste a expliqué que cette révision à la hausse repose sur les résultats du premier semestre. « Le rapport du deuxième trimestre a conduit à une révision des projections pour 2025 : nous avons réalisé un taux de croissance de 1,6 % au premier trimestre et le double, soit 3,2 %, au deuxième trimestre, ce qui donne une moyenne semestrielle de 2,4 % », a-t-il écrit. Il a néanmoins jugé difficile d'atteindre l'objectif gouvernemental de 3,2 % de croissance sur l'ensemble de l'année. « Pour atteindre ce niveau, il faudrait réaliser un taux de croissance d'au moins 4 % au troisième et au quatrième trimestres, ce qui paraît difficilement réalisable », a-t-il noté. Ridha Chkoundali a rappelé les performances récentes : « Si nous reproduisons les meilleurs résultats obtenus au cours des quatre dernières années — soit 2,1 % et 2,5 % aux troisième et quatrième trimestres de l'an dernier —, le taux de croissance annuel atteindrait 2,3 %, une estimation plus proche de la réalité ». Selon lui, la prévision de 2,6 % de la Banque mondiale demeure « optimiste », car elle suppose une consolidation durable de secteurs en nette reprise : le phosphate (+39,5 %), le bâtiment (+9,6 %), l'agriculture (+9,8 %) et le tourisme (+7 %) au deuxième trimestre 2025. « Ces quatre secteurs ont connu des croissances élevées », a-t-il précisé. Toutefois, l'universitaire a averti que la poursuite de cette dynamique dépendra de la capacité de la Tunisie à maintenir ces performances et à résoudre ses blocages structurels. Le rapport de la Banque mondiale, pour sa part, souligne le risque d'un essoufflement à moyen terme. La croissance tunisienne devrait ralentir à 2,5 % en 2026, puis à 2,2 % en 2027, en raison de contraintes financières et de déséquilibres persistants. À l'échelle régionale, la Banque mondiale prévoit une croissance moyenne de 2,8 % dans la région MENAAP en 2025, avant une accélération à 3,3 % en 2026. Ridha Chkoundali a conclu en affirmant que la consolidation de la croissance tunisienne exige des réformes structurelles profondes et une stabilité durable des secteurs productifs.