Chiraz Drissi, mère de l'étudiante tunisienne Sarra Mohsni, a lancé, mercredi 8 octobre 2025, un poignant appel de détresse aux autorités tunisiennes, implorant leur intervention urgente pour sauver sa fille emprisonnée en Russie depuis sept mois. Elle affirme que la jeune femme est victime d'une affaire « montée de toutes pièces pour en faire un bouc-émissaire » et de graves injustices judiciaires. Selon le témoignage de Mme Drissi au micro de Houda Werghemmi dans l'émission 60 minutes sur Diwan FM, sa fille Sarra, âgée de vingt ans, est inscrite en faculté de médecine en Russie, où elle poursuivait ses études avec succès. Pour subvenir à ses besoins, la jeune femme aurait accepté un emploi à distance au sein d'une société électronique russe, qui s'est révélée plus tard être une entreprise fictive impliquée dans une vaste affaire d'escroquerie. « Sarra s'est retrouvée malgré elle mêlée à un dossier d'escroquerie financière. Elle n'avait aucune idée du caractère frauduleux de la société pour laquelle elle travaillait », a déclaré sa mère. D'après le récit de Chiraz Drissi, les enquêteurs russes auraient d'abord considéré Sarra comme témoin avant de la désigner comme principale accusée. « Ce revirement a servi à protéger les vrais criminels, toujours en liberté », a-t-elle affirmé, ajoutant que les autorités d'enquête n'ont pas pris en compte les témoignages de victimes confirmant que sa fille faisait elle-même partie des dupés. La mère de l'étudiante dit avoir remis aux autorités russes des documents officiels prouvant que la société en question traitait avec des institutions financières reconnues. Pourtant, les informations fournies, notamment les noms des véritables auteurs présumés de l'escroquerie, n'auraient pas été mentionnées dans les procès-verbaux. Mme Drissi a également révélé avoir été contactée, lorsqu'elle s'est rendue en Russie pour suivre l'affaire de sa fille, par un interprète lui réclamant un million de roubles — soit l'équivalent d'environ 40.000 dinars tunisiens — en échange d'une promesse d'intervention auprès des enquêteurs pour libérer sa fille. « Le montant a ensuite été réduit à 800.000 roubles. C'est du chantage, une tentative claire d'extorsion », a-t-elle dénoncé, y voyant un signe de corruption dans le système judiciaire local. Emue, la mère a décrit les conditions de détention « inhumaines » dans lesquelles sa fille serait enfermée. « Ma fille est battue et harcelée sexuellement par d'autres détenues, sur ordre des enquêteurs, pour lui arracher des aveux », a-t-elle affirmé, précisant que la santé physique et mentale de Sarra s'est gravement détériorée. Chiraz Drissi a pointé du doigt la sous-réactivité de la chancellerie tunisienne à Moscou, qu'elle accuse de n'avoir fourni « aucune assistance concrète ». « En sept mois, personne de l'ambassade n'a rendu visite à ma fille, ni pris en charge les frais d'avocat. J'ai dû payer quatre avocats à mes propres frais, jusqu'à épuiser toutes mes économies », a-t-elle déploré. Elle a toutefois tenu à saluer la réaction initiale de la présidence de la République et du ministère des Affaires étrangères, tout en estimant que les efforts restent insuffisants : « Je remercie les autorités pour leur écoute, mais Sarra a besoin d'un soutien réel sur le terrain. » En conclusion de son intervention, Chiraz Drissi a adressé un message fort : « Je suis une mère tunisienne. Aujourd'hui, je demande à l'Etat d'être le père et la mère de ma fille. Nous réclamons un avocat officiel pour Sarra, et une protection légale et morale. » Elle a également interpellé le ministre tunisien des Affaires étrangères, attendu à Moscou la semaine prochaine, afin qu'il évoque personnellement le dossier de Sarra Mohsni avec son homologue russe. « Ce n'est plus une affaire familiale. C'est une cause nationale car il y a d'autres détenus dont on ne parle pas. Sarra est partie rêver de devenir médecin, elle se retrouve dans une prison russe, accusée à tort d'escroquerie. Nous voulons la vérité et la justice », a-t-elle conclu.