Elles ne sont pas belles. Elles ne sont pas fiables. Elles ne sont pas puissantes. Elles ne sont pas conformes aux normes. Et, "cerise sur le gâteau", elles ne sont pas rassurantes. Leur avantage ? Le prix imbattable. Mais en dépit de leur prix, sans commune mesure avec les autres marques, les voitures chinoises traînent une sale réputation, maintenue à vrai dire par les lobbies européens. A cause de cette réputation et de la non-conformité avec les normes draconiennes de plusieurs pays, les véhicules chinois auront beaucoup de mal à pénétrer certains marchés comme ceux de la Tunisie, du Maroc ou des pays européens. Ce n'est cependant pas le cas en Algérie (ou en Libye) où l'on retrouve un grand nombre de modèles et de marques originaires de Chine. Certains modèles semblent même être des contrefaçons de modèles européens de haut de gamme. Décidés à changer cette image et à redorer leur blason, les constructeurs chinois viennent d'adopter une nouvelle stratégie. Ainsi, une caravane d'une bonne vingtaine de véhicules chinois, composée d'hommes d'affaires et de constructeurs automobiles de Chine, a démarré cette semaine en Algérie. Cette manifestation d'envergure, première du genre à l'échelle du Maghreb, écrit le quotidien algérien La Tribune, vise à rendre visibles les investissements chinois dans le domaine automobile depuis quelques années en Algérie et dans le monde. Les Chinois cherchent à réduire les taxes dont leurs véhicules sont assujettis en Algérie, afin que l'assemblage de véhicules touristiques et autres ait de meilleures perspectives. D'ores et déjà, trois usines de montage sont sur le point d'être installées. Les Chinois entendent même dépasser le simple montage de véhicules pour s'installer, à terme, en Algérie et y construire carrément leurs propres véhicules touristiques, des 4x4, des bus, des camions... Actuellement, 30.000 véhicules chinois sont vendus chez nos voisins de l'Ouest. Il est bon de signaler, au passage, que l'industrie automobile chinoise compte plus de 140 groupes automobiles et produit près de 9 millions de véhicules par an. Parmi les voitures chinoises intéressant le marché algérien, il y a (Zotye) Giantmotor, Foryota, JMC, Foton, Hafei, Zibo, CIMC, Xiang Machinery, CNHTC et Zonlda. « Des perspectives reluisantes pour le secteur automobile, mais aussi pour la main-d'uvre locale, faisant infléchir la barre du chômage en Algérie. En attendant, les Algériens se ruent sur les voitures chinoises dont les prix sont à portée de main. », indique La Tribune. La question qui se pose désormais est la concurrence que pourra faire ce marché (dont la création semble imminente) aux marques européennes vendues en Tunisie. Jusque là, Citroën, Peugeot, Renault, BMW, Fiat, Mercedes Volkswagen et autres sont "protégées" sur le marché tunisien, grâce à la "loi" non dite des quotas et aux normes tunisiennes draconiennes. Mais qu'en sera-t-il demain une fois que ces normes seront respectées par les Chinois ? On peut toujours interdire l'importation chinoise vu l'absence d'accords de libre échange entre la Tunisie et la Chine. Mais si ces véhicules sont construits en Algérie ? Les accords bilatéraux entre nos deux pays permettront-ils encore un "protectionnisme" non déclaré des marques européennes ? Le consommateur tunisien lambda, dès lors que sa sécurité est garantie, n'en a cure des marques européennes et de leur prestige quand il trouve une voiture à un excellent prix inférieur à 10.000 dinars. Les Chinois ne le cachent d'ailleurs pas et l'avouent clairement : en s'implantant en Algérie, c'est tout le marché automobile africain qu'ils comptent conquérir. La menace automobile chinoise s'apprête donc à conquérir de nouveaux marchés appartenant traditionnellement aux Français, Allemands et Italiens. La donne est là et nos concessionnaires, Stafim, Aures, Artes, Moteur ou Ennakl ont grand intérêt à se préparer bien à l'avance.