Si elle est homologuée par les pouvoirs publics, la Tunisie verra en 2005 un modèle de voiture produit par le constructeur français Renault à moins de 8000 dinars. Il pourra même être vendu à beaucoup moins que cela si l'euro baisse. Nous tenons cette information du dernier numéro de magazine français Le Nouvel Observateur qui relève, en exclusivité, un projet secret du constructeur au losange. De quoi s'agit-il ? D'un pari, jugé longtemps fou, de Louis Schweitzer, président de Renault, qui voulait lancer (depuis 1995 déjà) sur le marché une voiture à moins de 5000 euros (soit 7500 dinars). Une voiture qui n'a pas d'équivalent dans le monde et dont le nom et les caractéristiques seront dévoilés par Schweitzer le 2 juin prochain. Pour relever ce défi, Renault a imaginé et conçu une automobile vaste capable d'accueillir tous les membres d'une famille avec leurs bagages, une grande garde au sol (pour les routes défoncées qu'on rencontre très souvent en Afrique), robuste, facilement réparable et à partir de laquelle on peut dériver des modèles de camionnettes et de breaks (familiales). Pour atteindre ces objectifs, on se devait d'abandonner de nombreux options et équipements qu'on trouve en formule de base dans les voitures actuellement dans les commerces. Ainsi, la future Renault (dont le nom de code est L90) n'aura ni direction assistée, ni vitres électriques et encore moins la climatisation et la fermeture à distance. Elle respectera cependant les normes de sécurité Européennes draconiennes, à savoir l'airbag, et une motorisation aux normes anti-pollution. Ne nous détrompons pas, ce ne sera pas une voiture quelconque puisqu'elle aura la taille de l'actuelle Mégane avec un plus grand coffre (plus grand que celui de la VelSatis, le plus grand modèle de Renault). La motorisation (de 1,4 et de 1,6) ne sera cependant pas puissante puisque la voiture ne dépassera pas les 165 km/h ; ce qui nous semble déjà extraordinaire puisqu'on ne peut pas dépasser les 110 km/h en Tunisie. D'autres économies dans la carrosserie, les vitres et autres équipements ont été aussi réalisées. «Jamais personne n'a été si loin dans l'optimisation du design en fonction du coût», affirme-t-on chez Renault. Mais toutes ces économies réalisées sur le modèle ne suffisent pas puisque la L90 ne pourra jamais être vendue à ce prix là si elle est fabriquée en France. Qu'à cela ne tienne, le président de Renault propose qu'elle soit assemblée en Roumanie, en Russie, au Maroc, au Brésil, en Iran, etc. L'usine roumaine, totalement retapée à neuf, est déjà en activité et produit la L90 qui sera commercialisée à partir de septembre prochain. La question qui se pose maintenant, c'est vers qui cette voiture est destinée et si elle ne va pas donner une piètre image de Renault dont les modèles sont parmi les mieux appréciés et vendus en Europe et en Afrique. On voit mal quelqu'un se diriger vers une voiture sans grands équipements et sans beaucoup d'options quand il en a les moyens. Chez Renault, on adhère à cette remarque mais on précise que, dans certains pays comme la Chine, les pays de l'Europe de l'Est, du Moyen-Orient, d'Afrique, du Maghreb ou d'Amérique latine, les nouvelles classes moyennes expriment un besoin fort pour une voiture familiale solide et peu chère. Et c'est ces populations (dont la Tunisie) que vise la marque française. Sur son image, Renault a trouvé l'alternative. La L90 n'aura pas pour marque Renault, mais Dacia ! Une marque déjà fort connue en Roumanie où l'on continue encore à commercialiser sous ce nom la bonne vieille R12 ! En agissant ainsi, Renault n'a rien inventé puisque plusieurs marques commercialisent leurs modèles avec des noms différents. Ainsi, le même modèle d'Isuzu est commercialisé sous ce nom dans certains pays, sous le nom d'Opel dans d'autres et sous le nom de Vauxhall dans d'autres pays encore. Les mêmes Opel (comme la Corsa) sont vendues en Grande-Bretagne sous le nom de Vauxhall. Dans d'autres pays (comme l'Iran ou la Russie où Renault n'est pas connu), la L90 sera vendue sous son propre nom. Selon le président de la marque au losange, au Maghreb et là où Renault a une bonne image, elle sera vendue sous la marque Dacia, mais commercialisée par le réseau Renault. Donc, via Artes pour la Tunisie. Cette commercialisation aura lieu en 2005 d'après les informations que nous avons pu recueillir à l'instar de tous les pays du Maghreb. D'ailleurs en 2004 seuls quelques pays d'Europe de l'Est pourront l'acheter. En attendant juin pour en savoir plus sur les caractéristiques de cette L90 (que nous ne manquerons pas de fournir à nos lecteurs), on est certains que le modèle trouvera des milliers de clients en Tunisie, notamment parmi la classe moyenne qui cherche fortement à avoir une voiture au moindre coût. On n'oublie pas encore le succès qu'a connue la Citroën avec ses Visa et LNA dans les années 80 dans notre pays, et ce, grâce au prix amorti, il est vrai, par son assemblage à la Stia de Sousse.