Bien que le programme de mise à niveau des établissements hôteliers comporte un axe stratégique relatif à l'immatériel, les investissements dans ce sens ont été timides, faibles, voire insuffisants. Il n'a représenté, depuis le lancement de la phase pilote, en 2005, et de sa généralisation, en 2008, que le 1/10ème de l'effort d'investissement. Et pourtant, l'apport de l'immatériel, en terme de valeur ajoutée, de création d'emploi et de croissance n'est plus à prouver. D'où, les nouvelles mesures d'incitations à l'investissement dans l'immatériel, annoncées par le Président de la République, en juin dernier, adoptant un nouveau cadre règlementaire de mise à niveau. Les insuffisances constatées de l'investissement dans l'immatériel a amené le Chef de l'Etat à, annoncer, en juin 2009, de nouvelles mesures incitatives. Ces dernières ont fait l'objet, mardi 3 novembre 2009, d'un séminaire de présentation. Organisé par le ministère du Tourisme avec la collaboration de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie (FTH) et l'Agence française de développement (AFD), la manifestation tend à en garantir la plus large diffusion, afin d'encourager les professionnels à prendre des initiatives en terme d'investissement immatériel. La présence massive des professionnels prouve, au moins, qu'ils sont conscients des enjeux de ce type d'investissement. Mais, il faut dire aussi, que la prime mise à la disposition de ceux qui désirent s'inscrire dans l'ère du temps et gagner une place dans l'économie de l'immatériel est conséquente. Elle est dans la limite de 50% du coût des investissements immatériels prioritaires, plafonnée à 50 mille dinars. Force est de s'interroger sur la nature des actions immatérielles prioritaires (AIP), prises en considération. A cette interrogation, Ghazi Ben Salah, sous directeur au bureau de la mise à niveau touristique (BMNT), a apporté des précisions. Il s'agit en fait d'une prime plafonnée à 20 mille dinars, pour le plan qualité ; une autre du même montant, pour le développement du dispositif organisationnel et des ressources humaines et une troisième prime, plafonnée à 10 mille dinars, pour le développement de la fonction marketing, promotion et communication. Le tout s'élèverait, à 50 mille dinars, montant global de la prime octroyée par l'Etat. Pour en bénéficier, il est impératif de présenter une fiche de candidature pour demander l'avantage, un devis ou une facture, témoignant du paiement de chaque opération, une fiche descriptive des actions pour chaque investissement immatérie; les deux derniers bilans, une copie de la CIN et le RIB. Il est évident que les primes ne sont pas octroyées à tord et à travers. Bien au contraire, le contrôle est bien rigoureux. Elle est au fait, octroyée après coût et non avant la réalisation des investissements prévus. En effet, la prime n'est débloquée, qu'après la présentation d'une demande dument signée par le représentant légal de l'entreprise hôtelière, et la réalisation d'une enquête réalisée par le bureau de la mise à niveau. Une enquête qui devrait confirmer les investissements et la réalisation des actions prévues. La prime est par ailleurs, débloquée en une seule tanche, pour chaque action totalement réalisée et sur présentation des justificatifs. Administration et professionnels sont d'accord quant à l'importance capitale de l'élément humain et sa place prépondérante dans le produit touristique d'autant plus que l'activité touristique, comme le souligne Khelil Lâajimi, ministre du Tourisme, est une activité basée sur les services. « La notion de services repose sur les ressources humaines et la formation. Or, les diagnostics élaborés à l'occasion de la phase pilote du programme a mis en lumière une insuffisance en terme d'investissements immatériels. Pourtant ceux-ci sont capitaux en matière de valeur ajoutée, de création d'emploi et de croissance du PIB. Sans compter leur impact sur la qualité de services, l'amélioration de la rentabilité et du taux de retour », a-t-il précisé, Les nouvelles mesures annoncées par le Président de la République ne manqueront pas, ajoute le ministre, d'inciter les professionnels à mieux prendre en considération les investissements immatériels. Pour atteindre cet objectif, la promotion de la qualité, la consolidation du marketing et de la communication sont des atouts indispensables. D'ailleurs, dans le même ordre d'idée, le tourisme s'est engagé dans la réalisation d'une étude stratégique pour le secteur à l'horizon 2016. « La phase de diagnostic est terminée. Nous sommes en cours de réalisation de la seconde phase, soit la réflexion sur les différentes hypothèses afin de mettre en place le plan d'action », a indiqué Khelil Lâajimi. Les nouvelles mesures d'incitation à l'investissement dans l'immatériel viennent s'ajouter aux différentes et multiples initiatives prises par le chef de l'Etat, en faveur du tourisme tunisien, secteur névralgique de l'économie. Il s'agit notamment de la rallonge accordée au budget de la promotion, une rallonge de 18 MD, dont 4 MD consacrés au transport aérien et 14 MD répartis sur les marchés stratégiques. Cette initiative a permis au secteur de mieux résister aux répercussions de la crise. Jusque là, la destination a enregistré un recul de 2,5%, au niveau des entrées, dont -3,8% sur le marché français, -6,9%, sur le marché allemand, et -14% sur les marchés italiens. Par contre, le marché britannique a, constitué la surprise de la destination, avec une hausse de +6,4%. Or, il faut souligner que c'est une hausse attribuée plutôt à la crise financière et économique dont un des impacts sur la Grande Bretagne a été la dévaluation de la livre sterling. L'indicateur principal du tourisme, soit les recettes en devises a été, quant à lui positif, avec une augmentation de 2,5%, par rapport à la même période de l'année passée. Ridha Sfaxi, directeur général de la mise à niveau, a rappelé que le programme de mise à niveau a été nécessaire, eu égard à la conjoncture internationale, caractérisée par une rude concurrence, une mutation de la demande internationale et un vieillissement du parc hôtelier. Un vieillissement confirmé par Mohamed Belajouza, Président de la Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie (FTH), et qui imposait avec acuité l'engagement d'un programme pour redresser la barre. « Outre la ligne de crédit, l'AFD a également mis une subvention de 1M à la disposition du Bureau de mise à niveau du tourisme. Objectif : Renforcer ses capacités et de l'accompagner dans la mise en uvre du programme de mise à niveau ainsi que dans la réflexion stratégique sur l'évolution du secteur (assistance technique, financement d'études stratégiques, devait souligner le représentant de l'AFD. Au cours du 11ème plan de développement, on table sur la mise à niveau de 200 unités hôtelières, après une phase pilote qui s'est achevée avec des résultats encourageants. Le programme pilote aurait proposé des investissements de l'ordre de 136,4 MD, soit une moyenne de 3 MD, par unité. A cela, il faudrait ajouter le soutien de l'Etat au programme qui s'est traduit notamment par l'octroi de primes, au même titre que le programme de mise à niveau industrielle. Insaf Fatnassi