C'était un jour férié, le vendredi 18 décembre 2009. Derrière l'apparente tranquillité et le silence qui enveloppent de l'extérieur les locaux de Genitech, un autre monde s'ouvre à nos yeux à l'intérieur. On se croirait dans une véritable ruche d'abeilles travailleuses. Didier Plas, président du Groupe Genitech (Genigraph, E-Citiz et Genitech Tunisie), en était tellement fier quand on lui a fait cette remarque. " Ça résume, en tout et pour tout, notre philosophie. Nous ne cherchons pas à entasser les euros. Notre objectif primordial demeure la formation des jeunes tunisiens talentueux qui assureront, à leur tour, la continuité de nos projets. Notre quête essentielle est celle d'investir dans le capital humain, de faire de la Tunisie un référant régional en matière de la dématérialisation et d'alimenter nos projets futurs par une intelligence qui se fait de plus en plus rare", nous a-t-il confié. En visite à la Tunisie, Didier Plas, le patron de l'un des plus prestigieux groupes français, spécialisé dans le conseil, le développement d'applications complexes basées sur les technologies orientées, nous a brossé un bilan élogieux de la première année d'activités de Genitech Tunisie. "En 2008, Genitech s'est installé en Tunisie. La direction de notre filiale tunisienne a été confiée a Mathieu Geydan. Nous cherchons, par cette implantation, de répondre aux besoins de nos clients et conquérir de nouveaux marchés notamment par la création d'une expertise en e-Administration autour de notre produit e-Citiz. Nous avons investi 100 mille euros pour mettre en place nos plateformes, la formation et le paiement des salaires. Nous mesurons notre retour sur investissement à travers le rendement et la qualité de production de notre équipe. Nous sommes satisfaits d'avoir la fine fleur des ingénieurs tunisiens à bord de notre jeune filiale. Ils sont 16 personnes actuellement et nous disposerons, d'ici la fin de l'année 2010, de 25 à 30 compétences. Ils seront eux mêmes capables de former les nouveaux venants et pourquoi pas renforcer notre équipe française", a-t-il précisé. Comment tout à commencé ? "Avant d'opter pour le site tunisien, nous avons mené toute une étude sur les plateformes off-shore et near-shore, notamment en Inde, Chine, Algérie Puis nous avons eu un contact avec la FIPA qui nous a très chaleureusement accueilli et notre rndez-vous avec Lamia Shaffaî-Sgaïer a été très intéressante et déterminante dans notre choix. C'est alors que nous avons effectué quelques tests pour des candidats. Quand il s'agit d'examiner les candidats, surtout dans le secteur high-tech, seule la qualité nous importe le plus. Le résultat était tout à fait encourageant. Bref, nous avons fait le bon choix. Puis nous avons atteint notre vitesse de croisière en concluant, fin 2008, des accords avec trois écoles d'ingénieurs tunisiennes (INSAT, ENSI et ESPRIT) pour créer une expertise en Tunisie sur l'e-Administration. Ce qui a permis à Genitech Tunisie de séduire les jeunes ingénieurs tunisiens. Un an plus tard, et après l'encadrement de stages, l'embauche de 10 ingénieurs stagiaires s'est concrétisée. Nous avons constaté la satisfaction de nos clients de la qualité du travail fait en Tunisie", a-t-il souligné. Et M. Plas d'ajouter :"Pour notre produit phare, e-Citiz, nous appliquons le même modèle et les mêmes procédures qu'en France. Autrement dit, nous avons dupliqué fidèlement notre expertise ici en Tunisie. Une nouveauté, à partir de l'année prochaine, on va participer au cursus universitaire. Nous nous sommes convenus avec le directeur de l'INSAT d'intégrer notre méta-modélisation dans un module qui sera enseigné aux étudiants de fin d'année. Nous allons prendre, par la suite, 8 étudiants qui préparent leur PFE (projet de fin d'étude) pour continuer leur formation dans nos locaux, surtout sur le développement de nos produits. Les meilleurs seront retenus par la suite. Pour nous, un ingénieur tunisien, encore débutant, touche entre 1000 et 1200 DT. Nous ne sommes pas en train de compter en euros, mais on mise sur la qualité de la formation". Et les projets s'enchaînent au rythme du recrutement. Avec l'ENSI, la réalisation de trois nouveaux télé-services est prévue pour le premier semestre 2010 : la gestion des absences des étudiants par les professeurs, la gestion des résultats des élèves (notes, calcul des moyennes, avis des jurys.) et, enfin, la gestion des projets de fin d'études. Depuis août 2008, plus de 20 étudiants ont été formés par les experts du Groupe Génitech, et plus d'un stagiaire sur deux a été recruté. Les vagues successives de recrutement sont liées au rythme des PFE des écoles partenaires. Depuis l'été 2009, cinq PFE planchent sur 4 nouveaux projets : Modélisation des procédures CMMI, nouvelles fonctionnalités de la plate forme d'e-administration e-Citiz et, enfin, deux sujets sur les métiers de Clients Français et notamment sur la plate-forme de la société "Direct Panel". Dès 2010, de nouveaux projets pour de nouveaux clients seront réalisés par les ingénieurs de Genitech Tunisie. Le patron de Genitech ne cache pas son enthousiasme quant aux résultats réalisés. "Aujourd'hui, nous pouvons dresser un premier bilan de notre implantation en Tunisie. Nous avons établi des relations durables avec les écoles tunisiennes. Au 1er janvier 2010, Genitech Tunisie comptera 10 salariés et 6 stagiaires. L'objectif pour 2010 est d'atteindre l'effectif de 25 ingénieurs tunisiens. Comme en France, nous appréhendons les stages comme un moyen de formation à nos méthodes et à nos outils. L'objectif est d'enrichir leurs compétences en vue de leur recrutement. Je me rappelle très bien, lors de la dernière visite de M. Fillion, le Premier ministre français, en Tunisie, que je me suis entretenu avec M. Gannouchi, votre Premier ministre, et j'ai vraiment eu la chance d'échanger avec une personne si intelligente et avertie du devenir de l'e-administration. J'ai eu également le plaisir de rencontrer Abdelhamid Triki, secrétaire d'Etat chargé de la Coopération internationale et de l'Investissement extérieur, qui m'a fait part de l'état d'avancement du projet tunisien en la matière. Il faut le dire, vous avancez à pas de géant et ça nous fera plaisir si nous contribuons avec vous dans cette démarche", précise-t-il. Pour Didier Plas, le cadre morose de la conjoncture internationale a affecté, certes, les activités de leurs clients. Néanmoins, la seule parade pour tirer profit de l'après crise est de miser davantage sur la formation du capital humain. "Notre nerf de guerre c'est l'excellence de nos ingénieurs. Une entreprise est, d'abord et à la fois, un projet technique et un projet humain, et non un résultat financier trimestriel. Cependant, c'est dommage que la Tunisie vienne de changer l'aspect de la SIVP (stage d'initiation à la vie professionnelle). Cela nous aurait permis d'avoir des coûts relativement faible. Autre chose, la qualité et la compétence des ingénieurs tunisiens demeurent incontestables. Ceci n'empêche qu'il faut travailler davantage sur deux aspects : la maîtrise des langues étrangères et le concept de pilotage de projet." Et pour finir, M. Plas s'est déclaré heureux d'avoir choisi la Tunisie comme pays d'accueil. "Le pôle El-Ghazala nous a apporté une sécurité sur tous les niveaux. Nous espérons travailler directement avec le gouvernement tunisien sur des projets de dématérialisation. Pour cela, nous avons besoin qu'on fasse confiance". Walid Ahmed Ferchichi