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Tunisie - La contrebande sévit encore !
Publié dans Business News le 21 - 09 - 2010

Tout au long des frontières tuniso-algériennes, les Douanes et la gendarmerie des deux pays sont déployées pour lutter contre la contrebande, les rapts et les éventuels trafics d'armes et de drogue. Et nul ne peut mettre en doute les efforts indéniables fournis depuis des décennies par les gardes-frontières pour assurer la sécurité le long des frontières entre la Tunisie et l'Algérie.
Mais voilà que, quand bien même ces « rodomontades » sécuritaires, de nombreux petits villages dispersés sur une bande frontière de plusieurs dizaines de kilomètres entre ces deux pays, sont devenus, depuis quelques années, le jardin impérial des réseaux « mafieux » de la contrebande. Lesquels réseaux, des bandes organisées à ramifications multiples, s'ingénient toujours à trouver la parade à toutes les mesures sécuritaires et parviennent même à recruter leurs « hommes de main » parmi les populations prises en otages entre misère et contrebandiers.
Le carburant, le textile, le cheptel ovin, les médicaments, le cuivre, les voitures volées, les stupéfiants,…et bien d'autres marchandises qui transitent clandestinement entre les « wilayas » (gouvernorats) frontalières de Kasserine, Sidi Bouzid (par laquelle transitent les contrebandiers), le Kef du côté tunisien et Souk-Ahras, El-Tarf, Tébessa et Oum El Bouaghi du côté algérien. Sans exagération aucune, jamais la contrebande n'a été aussi florissante dans certaines agglomérations frontalières. Dans ces zones, la contrebande sévit de manière endémique d'autant plus qu'une partie de la population a attrapé cette épidémie tellement elle est juteuse. Certains n'ont pas hésité à abandonner leurs activités agricoles pour se spécialiser dans ces activités qui rapportent bien et vite sans trop de sueur.
A vrai dire et au rythme où vont les choses, les affaires de contrebandes risquent de devenir banales tellement elles se suivent et se ressemblent. Et il ne se passe pas un jour sans que les autorités frontières terrestres, du côté tunisien ou algérien, ne parviennent à démanteler des réseaux de malfrats qui s'activent notamment dans la contrebande du carburant, déchets de cuivre, pastèques, téléphones cellulaires et, surtout, le trafic des véhicules.
De même, il ne se passe pas un jour sans que la presse tunisienne ou algérienne ne nous relate une affaire de "Contra" ou de "Trabendo" (termes locaux, utilisées respectivement par les Tunisiens et les Algériens, désignant la contrebande). Le comble de l'ironie, le dynamisme et la débrouillardise des contrebandiers semblent être un trait de caractère « à couper le souffle » aussi bien aux médias qu'aux autorités publiques.
Et les exemples abondent à ce sujet. Tout récemment, au cours du mois de Ramadan, on a enregistré un pic d'activités clandestines, avec des tentatives presque quotidiennes de faire sortir des milliers de litres de carburant vers la Tunisie ou le Maroc. C'était du moins le constat des gardes-frontières algériens rapporté par le quotidien algérien "Le Temps d'Algérie". En effet, environ 30.000 litres de carburant ont été saisies après avoir été abandonnées par les contrebandiers pendant ce mois saint outre les quelques véhicules dotés de doubles réservoirs pour pouvoir transporter le maximum de carburant vers la Tunisie ou le Maroc.
De même, des milliers d'effets vestimentaires ont été saisis ces deux dernières semaines par les autorités algériennes. Des pantalons, des chemises, des djellabas, des chaussures, des vestes et autres sous-vêtements en provenance de Tunisie. Ainsi et durant la première dizaine du mois du Ramadan, les éléments des GGF et les gendarmes algériens ont réussi à saisir des milliers d'articles sur des contrebandiers, dont notamment 5 ballots de friperie, une centaine de djellabas, plus de 500 chemises et 700 autres pantalons, près de 300 paires de chaussures, sans compter les moyens de locomotion abandonnés par les contrebandiers à la vue des dispositifs de sécurité.
En juillet dernier, plus de 1.700 articles avaient été saisis aux bandes frontalières algéro-tunisiennes par les éléments des gardes frontières algériens, en plus des centaines d'autres produits interceptés sur les voies routières par les gendarmes. L'essence et le gasoil sont troqués contre des confiseries, comme Halwat Etourk (gâteries) , la datte, la semoule, la farine, le henné, les huiles, le sucre, le piment, le concentré de tomate et toute autre marchandise prisée en ce mois sacré par les Algériens. Et ces derniers mettant le prix dès qu'il s'agit de produits épicés venant des pays voisins. Pourtant, aux postes-frontières tunisiens, il est clairement prescrit sur des pancartes l'interdiction d'exporter les produits soutenus par l'Etat, mais pas du côté des postes-frontières algériens. Du coup, les contrebandiers recourent aux monts boisés de Tébessa, Annaba ou encore Souk-Ahras pour acheminer le carburant et récupérer les produits alimentaires.
Une autre affaire. Le 30 juillet dernier, un camion de marque JMC a été intercepté par les gendarmes de Morsott (une commune de la wilaya de Tébessa en Algérie) alors qu'il transportait 84 kg de confiserie et 5,7 quintaux de concentré de tomate en provenance de la contrebande. Même les effets vestimentaires et la viande ovine n'échappent pas à ce fléau puisque des quantités énormes de chemises, de pantalons, de chaussures, mais aussi une trentaine de têtes d'ovins ont été récupérées aux bandes frontalières algéro-tunisiennes. Les femmes sont souvent mises à contribution par les bonnets de la contrebande dans ce genre de trafic.
Tout récemment, les douanes algériennes ont arrêté des véhicules transportant des médicaments, en provenance de la Tunisie : les corticoïdes, les pommades ophtalmiques, les sirops antitussifs, les antibiotiques, les antihistaminiques d'hormones, les collutoires, les vitamines et les contraceptifs….pour ne citer que ces exemples.
Et le phénomène connaît aujourd'hui une interconnexion avec d'autres activités illicites, comme le trafic d'armes, de drogue, des voitures volées et même des biens culturels et archéologiques. Plusieurs observateurs et experts dans les réseaux de contrebande, renvoient directement les causes de la prolifération de ces activités à la misère qui sévit dans ces régions frontalières. Une misère héritée des politiques boiteuses qui ont occulté, pour une raison ou une autre, de cartographier ces régions dans leur plans de développement régional.
Quoique, du moins pour le cas de la Tunisie, depuis le Changement de 7 Novembre, le développement régional a été élevé au rang de priorité absolue considérant qu'il représente un levier puissant de la concrétisation du principe de l'égalité des chances et des opportunités pour tous les Tunisiens quelle que soit leur localisation géographique. D'ailleurs, c'est dans cette logique que s'insère l'attention particulière accordée à l'axe médian dont le développement est conçu non seulement comme un facteur de décongestionnement nécessaire du littoral mais aussi comme une courroie devant transmettre et propager, sur la base d'une logique de cercles concentriques, l'essor qui caractérise la zone côtière vers les régions de l'intérieur.
Seulement, le modèle économique pour ces régions étant encore en plein bricolage, la rente de l'agriculture et d'industrie ne suffisent pas à elle seule à subvenir aux besoins des régions frontalières. Certaines se convertissent pour devenir le terreau de la corruption et du trafic en tous genres. Des populations entières n'ont trouvé que la contrebande pour survivre.
Une autre cause : le gel de l'Union du Maghreb Arabe (UMA). Selon une source algérienne, le froid qui plombe les roues de l'édifice maghrébin, notamment en raison de la brouille entre Alger et Rabat, ne fait qu'empirer les choses. "Les trabendistes, eux, ne font pas de politique, et contribuent, à leur manière, à développer la coopération entre les trois pays (l'Algérie, la Tunisie et le Maroc, NDLR)", ironisent certains pour qui "seule une volonté politique est à même de juguler le phénomène", précise-t-elle.
Un constat sage qui ne doit pas tomber dans l'oreille d'un sourd d'autant plus que l'établissement d'une zone de libre-échange, conjugué à un renforcement du dispositif sécuritaire, dans une région frontalière entre la Tunisie et l'Algérie, à l'image de celle de Ben Guerdane, pourrait entraîner des réformes structurelles profondes tant sur le plan économique que social et éradiquer, sinon atténuer, un tant soit peu, la contrebande. A notre sens, c'est une piste qu'il faut travailler sérieusement. Walid Ahmed Ferchichi


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