Mohamed Sakher El Materi va lancer une compagnie d'assurances, a-t-on appris lundi dernier. Islamique à l'instar de la Banque Zitouna dont le démarrage des activités commerciales est prévu dans les semaines à venir. Une nouvelle corde s'ajoute à l'arc de ce jeune homme d'affaires, à peine trentenaire, qu'on retrouve dans la concession automobile (cinq marques), dans le tourisme de croisière, les médias (trois journaux et une radio) et maintenant dans la finance. Mohamed Sakher El Materi n'est cependant pas uniquement un homme d'affaires. Ce gendre du président de la République est, également, un homme politique. Il est membre du Comité central du RCD (parti au pouvoir en Tunisie) et, depuis octobre dernier, un élu du peuple en qualité de député. Avec ce dernier projet, l'homme continue à susciter l'intérêt de l'opinion publique. Il est vrai qu'à son âge, le parcours est assez rare. Zoom L'année 2009 a été très riche en événements pour Mohamed Sakher El Materi. Il a acheté, en avril, l'un des plus grands groupes de presse en Tunisie, Dar Assabah. En été, il obtient le feu vert pour le lancement de la Banque Zitouna qui sera officiellement créée en septembre. En décembre, il lance la commercialisation de la marque automobile coréenne Kia qui fait ainsi son entrée officielle en Tunisie. Si en juin, il a raté de très peu la 3ème licence d'opérateur de télécommunication en Tunisie, cela ne semble pas l'avoir freiné dans son ambition, légitime, de diversifier davantage ses actifs. A entendre les rumeurs qui courent actuellement à Tunis, où l'on parle notamment de chaîne de télévision dont l'allusion (pas vraiment claire, à vrai dire) a fuité dans son journal Assabah, les doutes quant à ces ambitions sont fort minimes. Mohamed Sakher El Materi, à l'instar de l'écrasante majorité des hommes d'affaires tunisiens, essaie pourtant de se faire discret. Il a beau posséder trois journaux, on ne l'y voit que rarement et on ne lui a jamais rien lu. Sa photo n'est apparue qu'à trois ou quatre reprises dans ses canards. Aux côtés de Charles Aznavour à l'occasion de l'interview exclusive accordée par l'artiste français ou à l'occasion de la création de la Banque Zitouna puis sa participation au Salon de la Monétique. Autrement dit, des événements précis et particuliers. Le hic, c'est que cette discrétion, appréciée du reste, laisse libre cours à tous les ragots et attise encore la curiosité du monde tunisien de la politique et des affaires. Nous ne pouvons qu'en témoigner. Chaque fois que nous publions un article relatif à Mohamed Sakher El Materi, nous faisons face à une explosion des statistiques de lectures en milliers de visites supplémentaires. Dans notre jargon, emprunté à la presse papier, on dit que le sujet est vendeur. Et si le sujet est vendeur, c'est pour plusieurs raisons. Il n'est, en effet, pas fréquent de voir dans le milieu des affaires un jeune businessman monter si rapidement. S'il est indéniable que le statut particulier, et fort enviable, de gendre du président de la République ouvre les portes et facilite les choses, il serait malhonnête de dire que M. El Materi ne doit sa montée en puissance qu'à cela. Il est déjà issu d'une famille bien baignée dans les affaires (Industrie pharmaceutique notamment) et depuis des décennies. Il est à souligner, également, que le jeune homme d'affaires bénéficie de préjugés favorables, aussi bien dans les sphères de la politique et du business que chez le commun des citoyens dans le sens où il passe pour être un homme pieux, crédible et proche des gens nécessiteux sans oublier sa contribution à la réhabilitation de l'image d'un Islam modéré, tolérant et de juste milieu, une approche prônée par le président Ben Ali. Ce qui est apprécié par une bonne frange de la population du pays qui s'apprête à le lui montrer en souscrivant en masse à cette banque qui ne récolte pas d'intérêts (sic) comme on appelle communément la Banque Zitouna. Pour revenir aux affaires proprement dites, notons que les grandes firmes internationales qu'il représente (Porsche, Audi, Volkswagen, Kia, Renault VI ) ne se seront jamais associées à lui si elles n'étaient pas assurées que le jeune homme d'affaires sera pour eux le meilleur ambassadeur en Tunisie. De même, ses associés dans la Banque Zitouna et désormais dans sa société d'assurances, Zitouna Takaful, n'auraient jamais investi avec un associé qui ne leur assure pas, ensuite, de bons dividendes. Faut-il rappeler que parmi ses associés figurent les plus grands noms tunisiens du monde du business : Hamdi El Meddeb, Aziz Milad, Abdelwaheb Ben Ayed, etc. Pour diriger ses entreprises, M. El Materi a réussi à attirer les meilleurs à ses côtés et à faire régner un bon climat social. Nos confrères de Dar Assabah en témoignent : augmentations de salaires, rémunérations supérieures à la moyenne, divers avantages en nature, équipements dernier cri Assurément, la qualité du travail final s'en ressent ce qui a pour conséquence d'améliorer le rendement et le chiffre d'affaires de l'entreprise. A la Banque Zitouna, non plus, on ne s'en plaint pas. Au contraire, on n'arrête pas de tarir d'éloges à l'égard de leur patron. Idem du côté d'Ennakl. Reste maintenant à savoir jusqu'où ira ce jeune patron ? Question à laquelle il est quasi impossible de répondre, tant Mohamed Sakher El Materi est discret et laisse rarement filtrer quelque chose sur ses projets. C'est simple, on ne l'a jamais vu faire de conférence de presse ou donner d'interview. Les rares speechs qu'il a donnés l'ont été en public ou dans le cadre d'activités militantes au sein du RCD. Autrement dit, il présente plutôt l'image de l'homme d'action et non pas de celui des simples déclarations. Une télévision, un journal pour les Tunisiens à l'étranger ou encore une autre activité liée aux finances islamiques (société de leasing) ne sont pas à exclure, dans un avenir plus ou moins proche, pour les observateurs. Une chose demeure certaine, il continuera à attirer les curiosités et l'intérêt aussi bien des médias que des citoyens. Nizar BAHLOUL â Noureddine HLAOUI