La Tunisie est, au regard des statistiques d'entrées, une destination préférée des Algériens. L'afflux se fait de plus en plus important, au cours de la saison estivale. A titre d'exemple, au cours de l'année 2009, plus de 1,3 million d'Algériens ont préféré passer leurs vacances en Tunisie profitant des zones touristiques du pays. En cette année 2010, nos voisins n'ont pas dérogé à la règle. Mieux, l'attractivité de la Tunisie touristique a été encore plus forte au cours des six premiers mois de l'année en cours, contrairement à ce que prétendent certains journaux. Ainsi, l'attractivité demeure forte générant une croissance de 13,9% du marché algérien, vers la destination Tunisie, avant que la haute saison n'atteigne son summum, soit vers la fin du mois de juillet 2010. Avec de telles données, on peut bien affirmer que la Tunisie fascine réellement les Algériens pour le moins qu'on puisse dire. Mais nul besoin des données chiffrées pour s'en rendre compte. Allez du côté de Hammamet, de Nabeul ou de Sousse pour l'observer. Dans ces villes balnéaires, le nombre de voitures portant des plaques d'immatriculation algériennes semblent plus nombreuses que les voitures tunisiennes et européennes (appartenant très souvent aux Tunisiens à l'étranger). Même constat dans les échoppes, dans les hôtels, dans les centres de loisir. Les commerçants ne voient pas d'un mauvais il ces touristes d'un nouveau genre et les préfèrent nettement aux Européens. « Ils dépensent plus, ils sont de bons vivants et souvent souriants et généreux », commentera un serveur de café ravi du pourboire laissé par cette famille algéroise. Un autre renchérit déclarant qu'il préfère les clients algériens aux clients tunisiens, à qui on reproche leurs exigences infinies. Du coup, les Algériens sont chouchoutés par nos commerçants qui évitent tout type d'arnaque, afin de les fidéliser et leur donner la meilleure impression possible de la qualité de services en Tunisie. Selon les professionnels du secteur touristique, corroborés par des données chiffrées, quelque 8000 personnes et près de 1000 voitures traversent chaque jour les frontières Est entre la Tunisie et l'Algérie. Pourquoi cet engouement pour la destination Tunisie ? Certes la proximité joue un rôle important, puisque les Algériens peuvent se déplacer en voiture. Tabarka n'est qu'à deux heures de route d'Oum Tboul, avec une qualité d'accueil aux postes frontaliers assez conséquente. Mais la proximité à elle seule, est-elle l'unique raison qui pousse les Algériens à venir passer leurs vacances chez nous ? Pas si certain puisqu'ils ne viennent pas uniquement d'Alger, d'Oran et Annaba ....Bien au contraire, ils viennent aussi de leur pays de résidence, France, Allemagne et autres... Au cours des six premiers mois de l'année 2010, l'engouement des Algériens pour la Tunisie n'a pas fléchi. Le marché a réussi à détrôner le marché libyen pourtant, en tête de listes des marchés maghrébins depuis quelques années. Ce dernier a connu une régression de 6,6%, alors que le marché algérien, lui, s'est accru de 13,9%, entre le 1er janvier et le 30 juin 2010. En tous état de cause, et quoiqu'ils préfèrent le circuit de la location, à l'hôtellerie, les Algériens sont là. Ils remplissent nos restaurants, nos discothèques, nos plages et dépensent leur devise chez nous. Et, côté dépenses, ils sont réputés. « Le touriste algérien est classé, en Tunisie, parmi les plus dépensiers puisqu'il dépense 500 dollars par semaine au moins, ce qui le classe parmi les clients les plus importants et les plus recherchés, notamment après la régression du tourisme à cause de la crise financière mondiale ». En effet, si les hôteliers ne profitent pas de cette manne et se contentent de regarder les chiffres et les statistiques concernant ces centaines de milliers de touristes algériens, les circuits parallèles de location de logements meublés privés et de nombreux hôtels de Tunis Ville se frottent les mains grâce à la dynamique créée chez eux par nos voisins. Il n'y a qu'à faire un tour, en cours de journée, du côté de Port de France pour se rendre compte de cet afflux journalier des touristes algériens qui viennent chez nous, le plus souvent en famille en « taxis », à part, bien évidemment, ceux qui arrivent à bord de leurs propres véhicules. D'ailleurs, ces voitures avec matricule algérien, font, également, le bonheur des commerces et autres restaurants dans les banlieues de la capitale ainsi qu'à Hammamet proximité de Tunis oblige où on compte, parfois, une voiture sur deux appartenant à des touristes algériens. Au-delà de tous ces atouts, que peut offrir la destination Tunisie à nos voisins algériens ? Il faut reconnaître, comme l'a écrit notre collègue, Brahim Takheroubt, du magazine « l'Expression Algérien » : Les Tunisiens ne se sont pas croisés les bras, en priant le bon Dieu que l'amour des Algériens pour leur pays ne s'érode pas. Les Algériens qui s'y sont rendus témoignent du savoir-faire tunisien en matière d'accueil. On se démène pour celui qui nous ramène de la devise, semble être un credo chez nos voisins tunisiens ». Et, le marché algérien, tout comme celui libyen sont parmi les principaux marchés maghrébins émetteurs vers la destination Tunisie. Une destination qui considère l'Algérie comme un marché à part entière qui ne cesse de se structurer peu à peu, avec des TO qui se spécialisent sur la destination aussi bien en Algérie qu'en Tunisie. Un marché qui promet encore et qui n'a pas livré, encore, tous ses secrets.....D'où, l'impératif pour la destination Tunisie de poursuivre sur la même lancée et de consolider la promotion sur toute l'Algérie. Pourquoi ne pas créer des antennes dans les principales villes algériennes, d'autant plus que le marché est largement porteur ? Avec un peu plus de promotion la destination serait en mesure de doubler, et pourquoi pas tripler le nombre d'algériens qui la choisissent comme lieu privilégié de leurs vacances. D'ailleurs, Taoufik Baccar, Gouverneur de la BCT a indiqué, au cours de l'atelier qu'il a présidé, lors de la 19ème session de l'université d'été nationale du RCD que la promotion du tourisme de proximité, intermaghrébin, est un choix stratégique. A cet effet, il a rappelé qu'une étude stratégique sur le développement du tourisme est en phase finale. Dans le même ordre d'idées, il a déclaré que le tourisme a été doté de 10 MD supplémentaire dédié à la promotion de la destination, notamment sur les marchés maghrébins mais aussi d'autres marchés, afin de drainer les touristes, pendant le mois de Ramadan, qui coïncide cette année, et pour quelques années encore, avec la haute saison. Insaf Fatnassi