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Tunisie : Chute du gouvernement... Et maintenant ?
Publié dans Business News le 28 - 02 - 2011

Quarante cinq jours après le triomphe de la Révolution et le départ de l'ancien président, et sur fond d'un retour en force du chaos et de la confusion sur les plans aussi bien politique que sécuritaire, le Premier ministre provisoire Mohamed Ghannouchi a fini par jeter l'éponge en annonçant sa démission.
Mohamed Ghannouchi a brossé un tableau des réalisations accomplies en un mois et demi par le gouvernement transitoire avant d'évoquer l'existence de forces occultes, sans en donner la moindre précision sur leurs éventuelles orientations, qui tirent les ficelles en vue de faire avorter la Révolution.
En attendant l'évolution de la situation, plusieurs questions se posent avec insistance. Qui dit que les gens de La Kasbah vont accepter le prochain Premier ministre et son équipe. On entend, déjà, des grincements à propos de Béji Kaïd Essebsi, désigné officiellement au poste de nouveau chef de gouvernement.
En cas de prolongement de la crise politique et, donc, du vide politique, qui va gérer les requêtes et les revendications quotidiennes ? Qui va traiter avec les hauts responsables étrangers qui affluent en masse vers la Tunisie ? Qui va garantir l'affluence des IDE chez nous ? Qui va composer avec les tours opérateurs pour faire revivre le tourisme, un des piliers de l'économie nationale ?
Le coup de grâce ayant fini par décider Mohamed Ghannouchi de partir a été l'épisode meurtrier qui a eu lieu au centre ville de Tunis lors d'un long et triste week end qui a fait 5 morts et de nombreux blessés. Or, le Premier ministre démissionnaire ne tient nullement, comme il l'a mentionné, à avoir du sang des Tunisiens sur les mains.
En effet, des perturbations graves et des manifestations violentes et sanglantes ont tristement marqué le week-end et fait régner, de nouveau, un climat d'insécurité et de tension pesante sur Tunis et parmi la population. Bilan : cinq décès à déplorer, des dizaines de blessés et d'arrestations.
N'oublions pas, bien sûr, les multiples contestations et grèves et les nombreux sit-in enregistrés un peu partout à travers le pays. Les rassemblements sont presque quotidiens devant et à l'intérieur des différents départements ministériels et autres entreprises publiques et, parfois, privées. Mais, on s'y était habitué tellement le phénomène est devenu courant.
Mais, le phénomène qui demeure le plus inquiétant est celui des sit-in, plus précisément celui de la Place du Gouvernement à La Kasbah. En effet, près de trois mille personnes sont installées dans cette place stratégique, au double plan politique et commercial, depuis dimanche 20 février 2011. Ces personnes semblent, cette fois-ci, très bien organisées, trop disciplinées et pleinement déterminées à faire aboutir leurs revendications. Qui est derrière ces personnes ? Qui les finance ? Mystère !
Les principaux points de revendication sont : la chute du gouvernement transitoire, la mise sur pied d'une Assemblée constituante, la dissolution des deux chambres des députés et des conseillers et la tenue des élections avec le mode du régime parlementaire…
Or, la nouvelle revendication du sit-in de La Kasbah, grave, dangereuse et effarante, consiste à réclamer « l'exécution de Mohamed Ghannouchi ». Ni plus, ni moins.
C'est un des « jeunes » chefs et décideurs du sit-in qui l'a réclamé à la télévision nationale en cet après-midi du samedi 26 février 2011. Il se substitue, ainsi, à la justice en s'érigeant en tant que tribunal ayant jugé et prononcé la sentence de peine de mort avant de demander l'exécution de Mohamed Ghannouchi ! Où allons-nous ?
Ce jeune s'érige, ainsi, en chef d'Etat, en magistrature et en « dictateur » qui décide arbitrairement et unilatéralement l'exécution d'un être humain. Le motif invoqué : Mohamed Ghannouchi était Premier ministre sous Ben Ali et assurait la coordination entre les différents départements ministériels.
Ce qui est encore plus grave, c'est qu'il prétend, avec arrogance, parler au nom du peuple tunisien. Autrement dit, au nom de plus de 10 millions de Tunisiennes et Tunisiens.
Jusqu'à preuve du contraire, on n'a pas connaissance d'un octroi de mandat à ces gens-là, pour parler au nom des Tunisiens. Nous n'avons pas eu connaissance d'un déroulement d'élections libres, démocratiques et transparentes pour l'émergence de ce sit-in de La Kasbah! Ce sit-in, qu'on dit, à la fois, populairement spontané et hautement discipliné.
La journaliste, qui animait les débats, n'a, à aucun moment, eu la présence d'esprit de poser des questions aux quatre jeunes sur la constitution des groupes formant ce rassemblement. Qui sont-ils ? Qui représentent-ils ? Qui les finance ? Car, s'il y a une discipline, c'est qu'il y a une organisation et une formation structurée derrière.
Or, les choses commencent à s'éclaircir malgré le souci des organisateurs du fameux sit-in de maintenir le flou sur leurs appartenances. Il s'avère que c'est le comité de protection de la Révolution, qui s'est autoproclamé comme tel, qui tire les ficelles et que ce sont deux ou trois petits mouvements dont notamment le POCT qui assument le leadership de cette action.
Les organisateurs maintenaient, jusque-là, le flou tout en essayant de paraître comme une action spontanée émanant du peuple entier. Or, il serait bon de savoir si ces manifestants de La Kasbah ont une activité professionnelle ou non ? Si oui, comment se permettent-ils de déserter leurs fonctions pour d'aussi longues périodes ?
Autre fait grave, ce sont les propos dangereux d'un de ces jeunes qui parle d'un sit-in pacifique, mais déclare « qu'il faut savoir être violent lorsqu'il le faut ». Et cela n'a soulevé aucune objection de la part de l'animatrice des débats, pas du tout rompue à ce genre de rencontres.
Nos sommes à l'ère de la transparence, mais on sentait ce groupe assez mystérieux et avec des propos contradictoires.
D'un côté, ils affirment qu'ils n'ont rien à voir avec les manifs de l'avenue Bourguiba et, de l'autre, ils ont réalisé un reportage digne des plus grands professionnels sur ce qui s'est passé à cette Avenue. S'ils y étaient pour filmer, comme ils l'ont indiqué, c'est qu'ils savaient qu'il y avait des rassemblements. D'ailleurs, pressés de questions sur ce point, ils ont fini par reconnaître qu'un groupe de personnes du sit-in de La Kasbah s'était rendu à l'avenue Bourguiba. Pourquoi ? Mystère !
En lançant des slogans et des revendications, sont-ils conscients du vide que créerait une chute précipitée du gouvernement ? Pourquoi laisse t-on faire de pareils agissements qui empêchent le gouvernement de bien fonctionner et nuisent aux commerçants de la Médina dont la majorité se trouvent sans recette depuis deux mois !
Pourtant, la majorité, silencieuse, vaque à ses occupations afin d'assurer la bonne marche des affaires du pays.
Et les gens de La Kasbah peuvent-ils encore se targuer d'être les seuls représentants du peuple, maintenant que des milliers de Tunisiennes et Tunisiens se sont rassemblés dans un élan spontané, à peine 2 ou 3 heures après l'annonce de Mohamed Ghannouchi lui demandant de revenir sur sa démission ?
D'autre part, un mot sur ce communiqué rendu public par l'UGTT qui exige la « démission immédiate du gouvernement actuel » et ordonne un agenda pour la prochaine étape. Ceci, constitue, selon les observateurs, une ingérence inappropriée dans les affaires politiques de l'Etat.
Un autre mot sur l'attitude de certains journalistes d'une radio locale qui coupent la parole à tous ceux qui critiquent le sit-in de La Kasbah qui bénéficie de toutes les faveurs.
Après une intervention de Hamma Hammami, chef du POCT, qui a critiqué, en long et large Mohamed Ghannouchi, un citoyen a, à peine commencé à critiquer Hamma Hammami que la parole lui a été coupée.
De même pour une femme, participant au rassemblement devant chez Mohamed Ghannouchi, qui a été stoppée net parce qu'elle a dit, tout simplement que le rassemblement de la Kasbah ne représente pas le peuple tunisien.
Heureusement que Maya Jeribi, présidente du PDP, à qui les journalistes de la même station n'ont pas osé interrompre, a pu intervenir téléphoniquement pour accuser certains mouvements extrémistes d'être responsables, même indirectement, des actes de violences et de la situation chaotique que traverse le pays.
D'autre part, il ne faut pas oublier que le pays vit des circonstances exceptionnelles avec la crise humanitaire à la frontière libyenne. Si le gouvernement part, aujourd'hui, qui va gérer la situation qui nécessite des moyens humains, matériels, logistiques et, même, politique pour y faire face ?
Ce sont des dizaines de milliers de nos concitoyens et autant de personnes d'autres nationalités, égyptiennes surtout, qui affluent quotidiennement à la frontière de Ras Jedir, à Ben Guerdane et à Zarzis. Tout ce beau monde a besoin d'aide et d'assistance à court et moyen termes. Qui va pouvoir les lui fournir en cas de vacance de pouvoir ?
Il faut dire qu'en ce même moment, le gouvernement transitoire ne fait rien pour arranger la situation. Les membres de ce cabinet brillent, en ces temps, par leur absence et leurs maladresses dont cette mascarade de la « caverne d'Ali Baba » et cette liste de 110 personnes dont on a décidé de saisir les biens mobiliers et immobiliers.
Une décision prise sans la moindre motivation. Y a-t-il eu une enquête ? Le citoyen a le droit de savoir le pourquoi d'une pareille décision et, surtout, de connaître les preuves ayant conduit à une telle mesure, normalement et légalement, du ressort de la justice.
Ainsi, pour faire apaiser le « peuple », on lui annonce des mesures prises contre le clan Ben Ali et celui de la « Famille ».
Ainsi, en continuant sur cette lancée des manifestations, des sit-in, des grèves, des rassemblements, des revendications à satisfaire en totalité et immédiatement, on est en train d'entraver toute avance concrète vers l'organisation de la vie socio-politico-économique et, surtout, d'empêcher, ou du moins, retarder le plus longtemps possible la tenue d'élections libres, démocratiques et transparentes pour l'émergence d'un président et d'un parlement issus de la volonté du vrai peuple formé de plus de 10 millions de Tunisiennes et Tunisiens.
Manifester pacifiquement, protester et revendiquer sont des actions légitimes et représentent, même, un signe de bonne santé de la société. Mais, dans la situation exceptionnelle que vit actuellement la Tunisie, cela risque d'être suicidaire si ces mouvements sont accompagnés de confusion, d'arrêt de travail et de violences. Noureddine HLAOUI


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