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Le oui, mais, pour Ghannouchi ; Le niet contre Jerad ; la crise de confiance…
“Caravane de la libération” - Une nuit parmi les manifestants de la Kasbah
Publié dans Le Temps le 25 - 01 - 2011

Alors que les grandes artères sombraient dans l'inertie et le silence que lui imposait le couvre feu durant la nuit, le cœur de Tunis battait très fort.
Une grande masse avait en effet entamé, depuis samedi, sa marche sur la capitale. Rendez-vous fut donné devant le Premier Ministère, siège du gouvernement de transition. Une population ayant effectué le chemin à pieds ou dans des véhicules arrivaient pendant les heures de la nuit rejoindre celle qui y était déjà installée. Les groupes arrivant sur place apportaient avec eux leur lot de deuil, de colère, de revendications, de peine et d'attente.
Et au-delà du régionalisme dont personne ne peut nier l'existence en Tunisie, la population locale, ainsi que celle qui peuple les villes par lesquelles passaient les manifestants, n'ont pas manqué d'assister et d'aider ces gens.
« Je suis parti acheter trois cents baguettes aujourd'hui, quand le boulanger a su que c'étaient pour les groupes arrivant de l'intérieur de la Tunisie afin de manifester, il me les a toutes données gratuitement », témoigne Aziz Yahya, artiste tunisien. Le même témoignage nous arrive de Sidi Amor Bou Hajla, Kairouan « les boulangers se sont mis à faire du pain en apprenant que les groupes arrivant de Sidi Bouzid sont à proximité du village. La population locale a fait une collecte afin de leur acheter de la nourriture ».
Installée devant les locaux du premier ministère, bravant le froid de l'hiver, s'allongeant sur des matelas disposés à même le sol et envahissant même les terrasses, femmes, hommes et enfants, se rejoignent dans une même cause : le refus du gouvernement transitoire et exiger que justice soit faite au sang des martyrs.
Une tente dressée dans la cour abritait quant à elle un manifestant ayant choisi la grève de la faim pour faire pression. Mohamed Ayouni a en effet entamé sa grève depuis dimanche 23 janvier et prévient qu'elle est de période illimitée jusqu'à la dissolution du nouveau gouvernement et celle de la constitution.
On croit savoir par ailleurs qu'un gouvernement de salut national donnant lieu à un conseil constitutionnel serait la meilleure solution.
Mais d'un autre côté, des gens se rassemblent pour créer un contre mouvement. Ils refusent ces manifestations et sont même prêts, eux-aussi à descendre dans la rue.
Pourquoi des personnes persistent-elles à refuser le nouveau gouvernement ? Pourquoi d'autres choisissent-elles de lui donner le temps de fonctionner ? Nous avons essayé de collecter quelques témoignages…
Hajer AJROUDI
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Aziz Yahya, artiste
« La solution pour moi réside dans un gouvernement ou dans un conseil de salut national rassemblant des technocrates »
« Je ne suis pas des villes intérieures et pourtant je suis ici ce soir et toute la période que restera ces personnes afin de témoigner de mon soutien. Si on veut que les anciennes figures quittent le gouvernement c'est parce qu'on n'oublie pas leurs positions durant les années de Ben Ali et également lors des derniers évènements. On me dit que Mohamed Ghannouchi est quelqu'un d'honnête, ce n'est pas là le problème. Il a laissé faire, il n'a pas démissionné, il ne nous a pas soutenus…
D'ailleurs, pourquoi a-t-il attendu qu'on lui fasse de la pression pour démissionner du RCD? pourquoi ne pas l'avoir fait tout de suite après qu'il ait été appelé à constituer le nouveau gouvernement? la politique des étapes augmente notre méfiance envers lui.
La solution pour moi réside dans un gouvernement ou conseil de salut national rassemblant des technocrates. On a des compétences pour tenir cela, et nous préférons cette solution plutôt que de faire appel à des personnes ayant travaillé avec l'ancien régime ou qui y étaient même opposés. Ce qui nous mènera à un régime parlementaire, le choix pour lequel j'opterai.»
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Khaoula Souid, résidente en dermatologie, vénéréologie et médecine esthétique
« On n'a pas confiance en les personnes ayant appartenu à l'ancien régime»
« Originaire de Gbeli, je fais mes études en Ukraine. Depuis le début des évènements j'avais souhaité être dans mon pays. Je n'ai pas arrêté de suivre les nouvelles sur le net et comme j'ai droit à deux mois de congé annuel, je viens de les prendre afin d'être ici. Je suis arrivée hier (samedi 22 janvier) et aujourd'hui – dimanche – j'ai entendu parler du « sit-in » que je n'ai pas tardé à rejoindre le mouvement car « on » n'a pas confiance en les personnes ayant appartenu à l'ancien régime, qui l'avaient accepté et n'avaient pas bougé quand on se faisait tuer. La solution résiderait selon moi en un gouvernement de salut national instituant un conseil constitutionnel qui modifiera la constitution et nous mènera vers des élections libres et honnêtes, sans aucune présence de ceux qui faisaient partie de l'ancien régime. »
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Zied Ben Amara, entrepreneur: « Il faut y aller doucement, donner le temps au gouvernement transitoire d'organiser les choses »
« Demander au gouvernement de partir, c'est nous faire plonger dans le vide politique, ce qui est la pire des choses qui puisse nous arriver vu l'anarchie qui en résulterait. Il est vrai que nous restons vigilants, que nous demandons des explications, mais nous voulons également que la roue tourne et qu'on avance. D'ailleurs, qui jugera si l'on nomme des personnes aujourd'hui pour les enlever quelques jours après ? Mohamed Ghannouchi a quant à lui essayé de tenir un équilibre et de servir la Tunisie dans les limites du possible durant le régime précédent. Par contre, l'UGTT et à sa tête Abdesslam Jrad cherche apparemment à installer le vide. Aujourd'hui on est partagé par rapport aux moyens d'une même cause. On veut un nouveau régime et un gouvernement qui n'a aucun lien avec le passé, certes, mais on refuse ce radicalisme. Il faut y aller doucement, donner le temps au gouvernement transitoire d'organiser les choses et aux prochaines élections nous pouvons trancher définitivement avec l'héritage de Ben Ali. »
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Haythem Yahyaoui, Professeur universitaire en management et homme d'affaires: «Nous pouvons attendre au lieu de paniquer et de vouloir tout arracher en même temps »
«Il ne s'agit pas d'être binaire dans ces conditions. Personnellement je suis à 80% satisfait du gouvernement, et donc j'y adhère. Si on va s'arrêter à chaque détail et accepter toutes les concessions on ne s'arrêtera plus. Où seront les limites des conditions imposées par les gens insatisfaits ? Après tout l'unanimité est impossible à atteindre. N'oublions pas également qu'il y a des gens qui gagneront de ce désordre. Alors, nous pouvons attendre au lieu de paniquer et de vouloir tout arracher en même temps. Nous avons la liberté d'expression et nous croyons qu'il n'y aura plus de place, comme était le cas, à l'injustice. Il est temps alors d'avancer et de voir. D'ailleurs, je demanderais aux membres de l'UGTT de ne plus parler au nom du peuple, qui est une autre notion qu'est la rue. Personnellement, l'union ne me représente pas.
J'appellerais par l'occasion au même sort que nous appelons pour le RCD : la dissolution des deux corps s'impose. Pour l'UGTT, il est temps de constituer d'autres syndicats. »


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