Certains sites d'informations étrangers ont fait état d'un rapport où la vision (négative) de Washington au sujet des perspectives économiques de la Tunisie aurait précipité la démission de Mohammed Ghanouchi, l'avènement de Béji Caïd Essebssi à la tête du gouvernement et une forte implication du général Rachid Ammar. Selon ces articles, le rapport en question aurait été présenté par le gouverneur de la Banque centrale de la Tunisie. Contactée, la BCT nie catégoriquement et en bloc les informations rapportées dans cet article et qui concernent cette institution, précisant que les informations rapportés « sont totalement infondées et dénotent d'une méconnaissance totale de la situation du pays ». Selon la BCT « Mustapha Kamel Nabli, n'a jamais transmis un rapport du genre indiqué dans cet article, relatant des vues ou appréciations d'institutions financières internationales ». A cet égard, elle ajoute que « ni la Banque Centrale de Tunisie, ni son gouverneur, ni les autorités tunisiennes ne sont au courant d'une quelconque signification par Washington quant à une éventuelle cessation de paiement de la Tunisie. La BCT souligne, par ailleurs, « qu'elle ne détermine pas son appréciation concernant la situation et les perspectives économiques en Tunisie sur la base d'institutions internationales ou de pays étrangers, mais sur la base de ses propres analyses et travaux ». Quant aux perspectives économiques, la banque garde la même position que celle exprimée par M. Nabli lors d'une conférence de la Fondation Carnegie pour la paix internationale (Washington – Etats-Unis). M. Nabli avait évoqué des pressions sociales qui pourraient créer des « risques pour l'économie ». Et d'expliquer que « le risque important que j'entrevois est que si dans trois, quatre mois, la production et l'activité ne reviennent pas à la normale, alors nous pourrions être confrontés à des pressions venues d'un point de vue extérieur (…) et d'un point de vue budgétaire également ». Aussi, la BCT faisant référence au communiqué de son Conseil d'administration, réuni lundi 28 février 2011, dans lequel elle précise qu'un « appel à la vigilance a été lancé et une mise ne garde quant à l'existence des pressions accrues sur les perspectives de la croissance économique, sur les équilibres financiers internes et externes et sur les avoirs en devises ont été signalées ». Les précisions de la BCT font suite à la publication par le site Maghreb Intelligence (qui bénéficie d'une bonne réputation de crédibilité) d'un article indiquant que toutes les informations émanant des chancelleries occidentales en Tunisie confirment que le patron de l'armée, le général Rachid Ammar, veut donner une dernière chance aux parties qui incitaient les jeunes à réclamer la démission de l'ancien premier ministre, Mohamed Ghannouchi, et son remplacement par Béji Caïd Essebssi. Selon Maghreb-Intelligence, dont l'article a été relayé en masse en Tunisie, ce qui aurait alarmé le plus le chef de l'état major des armées tunisiennes, c'est le rapport transmis par le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Mustapha Nabeli, de retour de Washington, selon lequel les institutions financières internationales craignent la détérioration de la situation économique et financière du pays à cause de l'arrêt presque complet des activités industrielles. Ceci s'est fortement répercuté sur le climat des affaires. Un autre élément a fait craindre le pire à Rachid Ammar : Washington aurait tiré la sonnette d'alarme quant à une éventuelle cessation de paiement de la Tunisie dans les prochains mois si la stabilité et la sécurité ne reviennent pas rapidement. Ce constat pessimiste a apparemment encouragé Mohamed Ghannouchi à jeter l'éponge, selon Maghreb Intelligence. Informations totalement démenties par la BCT.