Depuis le 14 janvier 2011, date de la Révolution tunisienne, pas moins de quatre PDG (ou DG) de banques ont quitté leur poste. Le bal a commencé avec Alia Abdallah, de la Banque de Tunisie, suivie par Amor Najai de la Banque Zitouna, de Ezzedine Abdelghaffar et voici maintenant Slaheddine Bouguerra, PDG de l'UBCI. Ces personnes étaient jugées proches de certaines figures de l'ancien régime. Alia Abdallah (épouse de Abdelwaheb) était proche de Belhassen Trabelsi, Amor Najai jugé proche de Sakher El Materi, Ezzedine Abdelghaffar jugé proche de Hamed El Karoui et Slaheddine Bouguerra jugé proche de Ben Ali lui-même. Cette valse de PDG ne va pas s'arrêter à ces quatre noms, même si les raisons changent. Deux autres PDG vont partir à la retraite dès ce mois : ceux de la STB et de la BNA. D'autres noms circulent. Après l'officialisation par le conseil d'administration de l'UBCI du départ de son PDG, Slaheddine Bouguerra (qui a adressé un message d'adieu au personnel de la banque via le réseau Intranet mardi 8 mars 2011), le secteur bancaire verra un probable remue-ménage dans les prochains jours. Ainsi, l'on avance avec certitude le départ de deux premiers responsables de banques publiques, la Banque nationale agricole (BNA) et la Société Tunisienne de banques (STB) en l'occurrence. Si les causes sont bien connues, puisqu'il s'agit de deux départs à la retraite, il n'en est pas moins certain quant aux circonstances de quitter le poste de PDG. Explications. Hédi Zar (STB) a, depuis le mois de janvier 2011, annoncé son départ à la retraite du poste qu'il occupait depuis le 17 février 2010. « Lors de sa nomination, M. Zar a accepté ce poste à contre-cœur. Le projet de retraite existait bel et bien à l'époque et M. Zar ne le cachait pas, mais il voulait terminer sa carrière à la BCT où il a débuté, une trentaine d'années auparavant », nuance un de ses proches. Pour confirmer cette orientation, il a, dans un premier temps, présenté sa démission du poste de président de l'Association Professionnelle Tunisienne des Banques et des Etablissements Financiers (Aptbef) dès janvier. Quelques semaines plus tard, c'est la direction générale des ressources humaines de la BCT qui a commencé à étudier son dossier. La boucle a été bouclée. Quant à Moncef Dakhli, les circonstances de son départ furent fort houleuses. D'abord un clash avec la cellule de l'UGTT au sein de la banque. Ensuite, une absence des réunions à la BCT. Pis encore, quelques jours, seulement, après un décret du ministère des Finances, dans lequel il accorde à M. Dakhli une dérogation pour exercer dans le secteur public, et ce pour une année à compter du 11 janvier 2011, la BNA voit la nomination d'un trio pour la gestion des affaires courantes de la banque ! Il s'agit, respectivement, de MM. Ali Radhouani, Youssef Idani et Ammar Tlili. C'est, d'ailleurs, ce dernier qui nous confirma « le départ de Moncef Dakhli à la retraite », dès la solde des congés, chose qu'il est en train d'effectuer. M Tlili nous le dira clairement lors de la communication financière tenue mardi 8 mars 2011 : « Notre PDG est actuellement en congé et il part à la retraite la fin de ce mois. » Toutefois, l'on croit savoir que ces départs ne représentent que la partie émergente de l'Iceberg. D'autres noms, pour des départs, circulent en effet. Un certain consensus est fait autour du probable départ de Laroussi Bayoudh puisque son maintien en activité pour une année (décret n°2010-311 du 18 février 2010), en tant que vice-président et directeur général d'Al Baraka Bank Tunisia prendra fin le 30 mars 2011. Même s'il faut rappeler que la décision de trancher reviendra au conseil d'administration d'El Baraka composé, majoritairement de Saoudiens. Aussi, quid de la Banque franco-tunisienne (BFT) dont la traversée du désert a trop duré. Malgré les efforts de Mounir Klibi, ancien DGA de la même banque et Pdg depuis août 2008, la BFT peine encore. Le sort du Pdg est-il tributaire du la finalisation du processus de privatisation, maintes fois reporté ? Par ailleurs, certains évoquent le départ du PDG de la BH, mais vu le travail accompli par Brahim Hajji en peu de temps et la solidité des assises financières de la banque, il n'est pas impossible que son départ soit sujet à caution. Des interrogations planent également sur l'avenir de Badreddine Barkia, Pdg de la banque Tuniso-Libyenne (BTL), dont il est à la tête depuis septembre 2009. C'est lui qui aurait "légitimé" le dossier de la Banque Zitouna, cette banque islamique qui n'existait pas dans le catalogue du paysage bancaire tunisien. Déjà que les choses étaient assez difficiles pour une banque « versatile », la situation en Libye et le flou qui entoure l'avenir du projet du Pôle bancaire tuniso-libyen rendent les choses plus compliquées. Restent les départs dans les banques privées. C'est un secret de Polichinelle, l'Etat (via la BCT ou la présidence) intervenait hier dans ce type de nominations. C'était le cas, par exemple, pour la BT où l'on a vu une certaine Alia Abdallah prendre la place de feu Faouzi Belkahia au grand dam des actionnaires et du paysage financier. Idem pour l'UIB où l'on a vu l'arrivée de Kamel Néji, alors que le deal de départ avec la Société Générale (actionnaire de référence) était que les Français devaient diriger la banque. Désormais, selon nos sources, n'est pas Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la BCT, qui désignera dans les coulisses les PDG de banques, mais les conseils d'administration. Et il est fort improbable que ces conseils d'administration changent des hommes qui gagnent : c'est le cas notamment de la BIAT, d'Amen Bank et d'Attijari. Quant aux banques publiques, c'est au ministère des Finances de les nommer, étant donné que l'Etat demeure le principal actionnaire de ces banques. On devrait s'attendre donc bientôt à la nomination des successeurs des PDG de la BNA et de la STB et, jusqu'à aujourd'hui, aucun nom ne circule encore sérieusement. On parle de Slaheddine Kanoun (tout nouvel administrateur de Banque Zitouna) qui pourrait venir à la STB au vu de ses grandes qualités managériales et de communication. Pour ce qui est de l'UBCI, et en attendant la réunion du conseil d'administration, c'est Alain Biscaye (DGA actuel) qui va assurer l'intérim. Selon nos sources, l'orientation serait dans le changement du mode de gouvernance pour désigner un président du conseil d'administration et un nombre de directeurs généraux adjoints. Adem-Zied Ben Ammar