L'inimaginable, l'impossible s'est réalisé en Tunisie. Le désespoir d'un homme exceptionnel et le martyre de nombreux Tunisiens, combinés à une série d'événements sociopolitiques, ont eu raison d'un régime qui accable, depuis des années, notre peuple. Seulement, cette délivrance laisse un arrière goût amer. Que de questions restent en suspens. Nous cherchons à nous reconstruire et avons besoin de savoir comment a été obtenue cette libération. Qui y a réellement contribué ? Qui a décidé et dans quelles circonstances est parti l'ancien président ? Qui sont nos martyrs ? Combien sont-ils ? Dans quelles circonstances sont ils décédés ? Appartenaient t ils à une organisation, à un parti ou à un corps institutionnel ? Qui est responsable de leur décès ? Et si enquêtes il y a, où en sont elles ? Par ailleurs, un front formé de forces hétéroclites s'est formé pour protéger la révolution de notre peuple. Ces forces reprochent à l'actuel gouvernement un manque de communication et de concertation et même parfois son absence de légitimité. Mais au fait, en parlant de communication, connaissons nous ces forces et surtout leurs programmes. Que représentent ces forces et surtout qui représentent-elles ? Combien sont t-ils réellement, par structure ? Certaines d'entre elles peuvent prétendre, à juste titre, à la légitimité historique, même si la loi les exclut du champ politique. D'autres ont glissé du terrain corporatiste vers le terrain politique en violation du principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs. D'autres encore se proclament d'idéologies refoulées aux rayons de l'histoire et qui ne subsistent parfois que dans des contrées lointaines étrangères à toutes formes de modernité. Qu'ont-elles ces forces en commun ? L'ambition politique certaine de leurs leaders et leur désir de contribuer à la reconstruction du pays. Cette ambition est pleinement légitime mais doit s'exercer dans le cadre du champ politique d'une république démocratique et dans le cadre d'un parti parmi les nombreux partis politiques légalement reconnus. Que de questions qui se posent à notre petit pays. Les réponses à ces questions nous aideraient à mieux définir un nouveau projet de société pour notre pays. La Tunisie est riche de plus de trois mille ans d'histoire et est en mesure d'intégrer harmonieusement toutes les strates de cette histoire. Notre pays s'est donné, il y a plus de deux mille ans, du temps de Carthage pendant plus de six siècles, une république démocratique et prospère. Nous aspirons tous à reconstruire aujourd'hui une république démocratique qui garantit l'égalité entre les citoyens et leur assure la prospérité. Pour cela, nous devons accorder la priorité au redressement du prestige et de la respectabilité de notre Etat et au rétablissement de la sécurité des personnes et des biens. La priorité doit être aussi accordée à la garantie du fonctionnement de toutes les administrations, entreprises et écoles. Il est aussi primordial de préserver et de créer les emplois, de secourir les plus démunis et de développer les zones défavorisées. Nous ne pouvons relever tous ces défis sans la mobilisation de toutes les forces vives de notre pays et le rétablissement de la confiance en nos institutions. La justice doit reprendre l'ensemble de ses prérogatives et les exercer de manière juste, équitable et indépendante dans le strict respect des droits et de la dignité de chaque citoyen. Ceux dont la culpabilité sera établie doivent répondre de leurs méfaits. Certains, en raison du zèle excessif dont ils ont fait preuve au service des familles qui ont pillé notre pays, devraient, aussi par pudeur et par respect pour leurs semblables, se retirer de la vie publique. Tous les autres sans exclusive, sans exclusion devraient œuvre pour la reconstruction d'une Tunisie nouvelle. Les partis politiques ont une responsabilité particulière. Ils se doivent de construire au plus vite une plateforme commune, susceptible de rencontrer l'adhésion des franges les plus larges de notre population. Unissons-nous sur nos valeurs communes et faisons-nous confiance. Certaines questions de société pourraient nous interpeller. Nous pourrions les laisser en suspens et le peuple pourrait y répondre plus tard par voie de référendum. Hommes politiques de tous bords, ne craignez pas de répondre à nos questions. Ne craignez pas de communiquer. Tous ensemble, nous construirons une Tunisie nouvelle. *Riadh Azaiez : Citoyen tunisien, Consultant en Marketing Politique.