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L'éthique et la classe politique
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 06 - 2011


Par Khémais Frini
«Les mouvements politiques ne reposent pas sur des attitudes rationnelles mais sur des représentations, des images, des mots, des archétypes…» Milan Kundura.
La réalité post-révolutionnaire que nous vivons depuis des mois le prouve, tout est question de représentation, de communication et parfois même de fantasmes révolutionnaires.
Il doit être sûrement agréable de voir se réaliser devant nos yeux, dans les grandes artères de Tunis, le printemps démocratique et révolutionnaire dont on a rêvé depuis 23 ans et que nous n'avons connus qu'à travers les lectures ( des philosophes du siècle des Lumières bien plus que de celles de Karl Marx, Lénine et Trotsky ou bien des exégètes islamistes ) car la révolution tunisienne n'est ni bolchévique, ni islamique.
Elle est démocratique, moderniste faite spontanément, sans leadership, par des jeunes gens instruits de la classe ouvrière et de la petite bourgeoisie, la plupart d'entre eux en panne d'emploi.
Ethique et revendications sociales
Dès lors tous ces jeunes diplômés, ces déshérités, les chômeurs et tous ceux qui ont contribué au succès de la révolution aspirent légitimement à un mieux être pour mieux faire dans la dignité et le respect des institutions. Y parviendront-ils?
Force est de reconnaître que le gouvernement de transition a bien réfléchi sur la question et pris des mesures appropriées pour répondre aux attentes des jeunes et des régions; des mesures à court et moyen termes. Mais une course effrénée des revendications sociales et corporatistes empêche ces efforts d'aboutir à des résultats à la hauteur des attentes.
L'individualisme de certains prend le pas sur l'entraide et la solidarité.
Certes l'éthique révolutionnaire, c'est-à-dire la dignité et la recherche d'une meilleure relation sociale doit être respectée au niveau du management des entreprises. C'est la responsabilité sociale de celles-ci d'instaurer un nouveau modèle de management qui ne soit pas autoritaire, méprisant et dominateur et en contradiction avec les règles élémentaires de l'éthique.
Cela s'acquiert cependant par les moyens démocratiques et le dialogue.
Mais au niveau des corporations et certains ordres, il est difficile d'admettre les tentatives de court-circuiter les instances législatives futures qui seront mises en place démocratiquement dans le but de s'octroyer des avantages et des passe-droits profitant d'un rapport de force virtuellement favorable. Cela est contraire à l'éthique citoyenne.
Par ailleurs, l'économie secouée par tant de perturbations et de casses ne peut supporter longtemps une surenchère sociale et syndicale qui gagnerait à être reportée pour plus tard. Même quand on a la fibre sociale, il est des situations que l'on ne doit pas avoir froid aux yeux de dénoncer. On a également peur pour notre économie qui, fragilisée, ne pourra procurer les moyens de lutte contre le chômage et les inégalités. Quand l'inertie s'installe et l'effet multiplicateur se «grippe» la reprise est en général plus compliquée et moins évidente.
Ethique et religion
L'état démocratique ne peut l'être que s'il respecte toutes les religions et autorise leurs membres à assurer leur culte dans l'ordre et la liberté. La «querelle» sur la laïcité est stérile et doit être abandonnée car elle est due à une incompréhension des choses. La laïcité n'étant pas l'athéisme, elle s'applique à un système d'organisation politique, alors que celui-ci concerne les individus. L'Islam, dans la mesure où il autorise la pratique des autres croyances répond en fait aux exigences de la laïcité. L'Islam est par essence laïc.
Le prophète lui-même avait composé avec les juifs de  Yathreb et une délégation de ses compagnons était reçue par l'empereur chrétien de l'Ethiopie.
Les valeurs d'une religion ne doivent pas exclure les valeurs universelles et la foi doit être strictement personnelle. L'Islam est une œuvre divine, la république une œuvre humaine. Vouloir politiser l'Islam c'est s'emparer du divin pour l'appliquer tyranniquement sur l'homme. De plus la politique, si elle n'est pas faite au sens noble du terme à savoir  : servir la Cité, elle ne sera point ce qu'il y a de meilleur . Donc politiser une religion, c'est réducteur et c'est en rabaisser le caractère sacré dont elle porte le symbole. A une religion politisée, il ne reste plus grand chose.
Ethique et politique
On craint deux choses provenant de forces opposées :
D'abord une rémanence de l'ancien régime qui est toujours possible si l'on n'y prend garde. Elle a même été exacerbée par les tentatives d'exclusion, politiquement et stratégiquement maladroites telles celles nées de l'article 15. Celui-ci n'est pas forcément le meilleur produit de notre révolution démocratique. Ces exclusions n'ont pas manqué de nourrir des sentiments d'injustice et de désapprobation chez les innocents touchés par ces mesures discriminatoires.
Une autre crainte, plus sérieuse, c'est que la révolution ne dévie de ses objectifs initiaux à savoir la justice sociale et la démocratie. On craint en effet qu'elle ne dévie par l'intransigeance, le jusqu'auboutisme, l'extrémisme, l'intolérance religieuse, la surenchère syndicale et l'esprit corporatiste au détriment de l'intérêt général.
En un mot l'opportunisme au nom de la révolution. L'histoire des révolutions nous apprend que celles- ci ne réussissent que si le peuple, par sa vigilance et sa perspicacité, parvient à temps à mettre un terme à ces tentatives de récupération. Il doit infléchir toutes propositions qui n'aillent pas dans le sens qu'il souhaite même si cela nécessite un virage à 180°et un retour sur ce qui a été manigancé en dehors de lui.
Pour cela il doit revendiquer sa souveraineté par la liberté d'expression de ses citoyens et par l'usage des techniques électorales mises à sa disposition. Toute décision non entérinée par le peuple est nulle et non avenue. Ces techniques électorales telles les référendums existent et ne s'usent que si l' on ne s'en sert pas.
Au niveau politique, on craint les déséquilibres entre les forces vives de la nation, l'absence de dialogue entre elles et le peuple et qu'en fin de compte la révolution ne soit parvenue qu'à éliminer les trois dernières lettres du mot «dictature» pour ne garder que les diktats de toute part.
Les partis politiques doivent appeler à l'entente nationale, à la concorde, au travail et à la vigilance.. Les opinions politiques, les prises de position quelles qu'elles soient doivent être permises. Fini le temps des procès politiques.
Dans une révolution démocratique, la justice n'est pas révolutionnaire : elle est républicaine.
L'éthique politique et managériale requiert dans ces moments difficiles que traverse le pays une élévation de l'esprit et du cœur .C'est ce que les philosophes appellent la vertu seule garante de démocratie
Par ailleurs, on ne peut parler d'éthique sans évoquer la question de financement des partis politiques. Cette délicate question doit être portée à la connaissance du grand public. Un recours à divers instruments juridiques relatifs à la surveillance des finances, la publication des donateurs et l'obligation pour les partis de publier leurs comptes financiers est nécessaire.
Les partis politiques sont tenus de respecter leurs électeurs en leur proposant un discours clair et porteur. Le double langage, le discours qui change au gré des interviews et des circonstances irrite les électeurs qui sont plus que jamais vigilants. Il ne faut surtout pas sous-estimer la capacité du peuple de détecter l'absence de sincérité.
«La sincérité a ses accents propres qui ne trompent pas. Le mensonge aussi. Le cœur de l'homme a l'intuition du vrai et du faux» disait Bourguiba à Métlaoui en 1956.


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