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Retournement de burnous
Publié dans Business News le 18 - 12 - 2011

La nouvelle République tunisienne commence à avoir son nouveau jargon. Désormais on commence tous ses discours par évoquer Allah, comme l'exige la sunna du Prophète, du reste.
Si on garde les fondamentaux classiques de servitude, il était obligatoire de changer de vocabulaire. Désormais, on ne parle plus de retournement de veste, mais de retournement de burnous. Ou de retournement de jebba. Cela dépend pour qui vous faites allégeance.
Autres fondamentaux pour lesquels nous sommes restés fidèles : s'attaquer à l'opposition et aux médias. Les proches du parti au pouvoir, et ils sont devenus très nombreux, s'en donnent à cœur joie.
L'ancien jargon utilisé et usé par le RCD est toujours de mise : l'opposition et les médias mettent les bâtons dans les roues du pouvoir, ils veulent saboter la bonne marche du pays, ils ne comprennent pas l'intérêt suprême de la nation, où étaient-ils avant, etc.
Juste de tous petits changements. Avant, on disait que l'opposition était inféodée à des puissances étrangères qui veulent du mal à la Tunisie. Aujourd'hui, on dit qu'elle est nostalgique à Ben Ali ou/et aux Occidentaux laïcs et mécréants.
Même Ennahdha a cédé à la symphonie et a commencé, via sa jeunesse et son journal, à attaquer les voix qui osent critiquer le pouvoir.
Bourguiba, Ben Ali ou Jebali, tous pareils, ils sont nos chefs et à nos chefs on se doit d'être serviles.
Le président de la République a demandé une trêve de six mois. Le bonhomme est là pour un an et il demande six mois de trêve.
N'est-il pas extraordinaire notre président bien aimé, si simple, si bon, si beau (avec son burnous), si généreux ? Il ne pense qu'à notre intérêt !
Il ne réinvente pas la roue notre président, il a exactement copié-collé ce qu'ont fait ses prédécesseurs. Bourguiba a lui aussi demandé une trêve et a demandé à l'opposition de l'aider à construire le pays. Ben Ali, aussi, a demandé une trêve et a invité l'opposition à mettre la main à la pâte. Mohamed Ghannouchi, dès son entrée, a eu la même phrase de trêve, tout comme Béji Caïd Essebsi.
Qu'est-ce qu'il a dit, alors, Marzouki ? Quelle a été sa réaction aux Kasbah 1 et 2 et à la Kasbah 3 un certain 15 juillet ? Zut, j'ai oublié ! (et ne dites pas que je m'autocensure).
Dans son extrême générosité et sa belle clairvoyance, notre cher président en burnous (il ne faut pas dire président provisoire parait-il) Marzouki a eu cette ingénieuse idée de vendre les palais présidentiels. Et après les palais, il envisagera, peut-être, la vente des stades de foot et salles de théâtre, question de renflouer les caisses et résorber le chômage.
Cette vente de châteaux des mille-et-une nuits va, semble-t-il, résoudre les problèmes de l'emploi en Tunisie. D'ores et déjà, on va en créer une cinquante avec des salaires dignes de cette Tunisie nouvelle. Chaque ancien chômeur a eu droit à un poste à 3000-4000 dinars de salaire, des primes, une Mercedes (ou une Audi) et même des bons de carburant ! Ah ce qu'ils vont être heureux nos nouvelles recrues. Ah ce qu'ils vont être heureux les actionnaires du Moteur et d'Ennakl !
Et en application du vieil adage tunisien que « l'aumône ne peut se prévaloir qu'après assouvi la faim des habitants de la maison », on a commencé par distribuer des postes de travail aux parents, aux cousins, à la belle famille et même à nos stars sportives. Ah ce qu'il est généreux notre président !
Naturellement, tout le monde ne va pas être content et l'opposition et les médias vont encore rouspéter et discuter ces choix intelligents de notre président. Comme d'habitude !
Mais c'est qu'ils cherchent toujours anguille sous roche cette opposition et ces médias ! Rien ne leur plait ! Qu'est-ce qu'ils veulent ? Qu'on leur ramène Ben Ali ? Qu'on efface nos traditions arabo-islamiques ? Pourquoi ne comprennent-ils que c'est le choix du peuple ? Pourquoi ne sont-ils pas fair-play ? Pourquoi ne laissent-ils pas notre cher président et son calife travailler tranquillement ? Pourquoi ont-ils toujours quelque chose à dire ?
Finalement, révolution ou pas, la Tunisie demeure fidèle à ses traditions et à ses réflexes. Aux mêmes conditions, les mêmes réactions.
Quand Ben Ali était au pouvoir, il pensait sincèrement qu'il servait son pays. Même en se servant royalement dans la caisse, en octroyant de gros marchés aux siens, il se disait (pour se donner bonne conscience) qu'il était en train de créer de l'emploi aux Tunisiens et de la valeur ajoutée pour la Tunisie.
L'opposition, et la presse audacieuse, il les regardait comme étant des incapables au service de parties occultes cherchant à arrêter la bonne marche de la Tunisie.
Aujourd'hui, Ben Ali est parti. L'opposition qui rouspétait hier a continué à rouspéter aujourd'hui. La presse audacieuse d'hier continue à l'être aujourd'hui. Seul petit changement, la presse bâillonnée et menacée qui se taisait ou parlait difficilement entre les lignes a trouvé sa liberté de parler.
Le pouvoir, quant à lui, est resté fidèle à ses réactions. Le pouvoir, c'est le pouvoir. Il veut travailler et s'attend à être remercié et applaudi. Quand les remerciements et les applaudissements font défaut, le pouvoir réagit d'une manière identique.
Il n'a toujours pas compris qu'une opposition et une critique (aussi virulentes soient-elles) ne sont que le reflet d'une bonne santé démocratique.
L'Assemblée constituante est mal partie avec ses décisions discriminatoires. Le président, avec son burnous, est mal parti avec ses décisions populistes. Le gouvernement semble mal parti avec 51 ministres et un véritable gouvernement parallèle de ministres délégués et de ministres conseillers.
L'autre qui demande une trêve aimerait qu'on taise tout cela et qu'on les attend d'avoir commencé à travailler pour critiquer et dénoncer. On ne doit rien dire quand on les voit prendre de mauvaises décisions. On doit se taire quand on les voit tromper les Tunisiens avec des discours populistes.
On ne doit pas réagir quand on se fait traiter de traitres et de déchets.
Et si on ne se tait pas ?
On commence par les insultes qui intimident (on y est déjà, il suffit de lire les commentaires dans les forums de discussion, sur Facebook et dans certains médias).
Puis arrivent les pressions sur les annonceurs publicitaires (Nessma TV y est déjà). Juste après les pressions de la CNSS et du fisc.
Puis les convocations par le juge d'instruction suite à une déclaration ou un article et puis tout l'appareil de répression classique (c'est pour quand ?).
Chers opposants, chers confrères, vous êtes avisés si vous ne vous décidez pas de vous taire. Si vous voulez être ménagés, respectez la trêve et retournez votre burnous.
Sinon, préparez-vous à avoir les reins solides pendant une vingtaine d'années (minimum) à subir la colère du pouvoir. Si vous tenez le coup, et à l'issue de ces vingt ans, vous aurez (peut-être) une chance de devenir ministre en récompense à votre endurance.


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