Lors d'une intervention téléphonique sur les ondes d'Express Fm, Samir Dilou, ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle et également porte-parole officiel du gouvernement, tente de mettre la lumière sur les réelles prérogatives de ce nouveau ministère, fraichement créé. Un ministère perçu par beaucoup comme « le département qui peut résoudre tous les problèmes et recevoir toutes les doléances ». Samir Dilou déclare que la meilleure solution pour mettre fin aux sit-in et revendications n'est pas de recourir aux bombes lacrymogènes mais de dialoguer avec les revendicateurs qui, selon lui, « ne demandent qu'à être écoutés ». « Nous n'avons pas la prétention de trouver des solutions à tous les problèmes mais nous essayerons de faire ce qu'il faut pour prendre en considération les revendications sociales ». Il insiste également sur le fait que « les problèmes de 50 ans ne seront pas résolus en 5 jours » et que « les revendications doivent être réalistes, sans recourir à la violence ou entraver l'économie tunisienne ». Samir Dilou a fait remarquer que le ministère des Droits de l'homme et de la justice transitionnelle « ne fait pas double emploi avec aucune structure officielle ou de la société civile en charge des droits de l'Homme » et qu'il se considère lui-même comme « faisant partie de la société civile et même intrus au gouvernement ». Considérant ses prérogatives de porte-parole officiel du gouvernement, Samir Dilou déclare que ce poste « ne remplace nullement l'ancien ministère de l'Information » et que « la liberté de la presse fait partie des acquis que personne ne pourra remettre en cause ». Samir Dilou appelle à « des médias plus responsables, respectant une certaine déontologie et qui s'autorégulent », et rappelle que ces médias qui ne sont pas « au-dessus de toute critique ». Il ajoute à cet effet que « certains médias publics et privés ne mesurent pas l'importance de la responsabilité qui leur est accordée » et va même jusqu'à les comparer à des enfants « qui auraient gaspillé tout l'argent qu'on leur aurait donné en bonbons ». Une manière de dire que la liberté qui leur a été donnée n'a pas toujours été utilisée à bon escient. Samir Dilou fustige également ce qu'il considère comme une volonté de dénigrement de la part de certains médias qui emploient le terme « gouvernement provisoire » ou « président provisoire », à des fins péjoratives. Rappelons qu'un constitutionaliste de renom à qui la question avait été posée, a recommandé ce terme de provisoire, terme qui se prête à la situation d'un pays à cheval entre la 1ère et la 2ème République, en attente de Constitution. En désaccord avec cette appellation, M. Dilou déclare que ces propos manquent d'objectivité. La presse publique aurait aussi, selon lui, participé à une certaine perturbation qui a servi à la recrudescence des sit-in, mais aussi dans une campagne de désinformation, même si elle est suivie de démentis. Lors de cette interview M. Dilou déclare également que « cette autorité a besoin qu'on la dirige et la conditionne, afin d'éviter qu'elle commette les erreurs du passé [NDLR : de l'ancien régime] ». Il se dit en faveur d'une « Instance supérieure indépendante du gouvernement » pour contrôler l'audiovisuel. Synda TAJINE