Business News fête dimanche 15 janvier 2012 son 4ème anniversaire. Un petit bilan s'impose pour rendre compte à ses lecteurs de l'évolution observée durant ces quatre ans et notamment en cette dernière année 2011. Beaucoup de chemin a été parcouru et beaucoup de chemin reste à parcourir. On ne nous a pas offert de cadeaux et on ne nous en offrira pas. L'ancien régime attendait au tournant tout média qui osait franchir les lignes jaunes et on se devait d'être attentifs à toute phrase, à toute virgule. Déplaire à l'ancien régime signifiant le bâton. Provoquer sa colère signifiait la mort du support. Aujourd'hui, après le 14 janvier, la donne n'a pas beaucoup changé pour nous. Déplaire au lecteur signifie l'échec. Provoquer sa colère signifie la mort. Ceci en attendant le premier coup de bâton du nouveau régime. Reste à savoir maintenant comment satisfaire ce lecteur. Et de quel lecteur parle-t-on. En décembre 2010, Business News enregistrait une moyenne quotidienne de 7.000 à 10.000 visites originaires de 138 pays (dont 77% de la Tunisie). Chacun de nos lecteurs parcourait 4,7 articles durant sa visite dont la durée moyenne était de 7 minutes. En décembre 2011, l'évolution a été fort remarquable avec une moyenne quotidienne de 34.000 visites et ce chiffre est en croissance pour les 14 premiers jours de janvier avec un pic à 63.000 visites. Les lecteurs, originaires de 162 pays lisent en moyenne 6,5 articles par visite et restent plus de dix minutes sur nos pages. Pour atteindre ces résultats, des investissements ont été injectés, malgré le peu de moyens dont nous disposons. Et le meilleur investissement demeure dans les ressources humaines. Business News compte, aujourd'hui, 18 collaborateurs dont 13 salariés permanents. En 2011, cinq personnes ont été recrutées, toutes affectées à la rédaction. Conscients de la nécessité urgente de perfectionnement, tous les journalistes ont eu droit cette année à au moins un stage de formation, en Tunisie et en Europe. Nous continuerons dans cette lancée, bien entendu. De nouvelles rubriques ont été créées, dont la plus en vue est celle des commentaires des lecteurs. Nous avons fait le choix (contestable par beaucoup, y compris en interne) d'ouvrir au maximum l'espace à toutes les opinions, y compris les plus virulentes. Les fidèles à cette rubrique l'ont certainement remarqué, la rédaction de Business News, et spécialement l'auteur de ces lignes, sont les plus attaqués. Bien que ces attaques proviennent, parfois, de « confrères » et de sbires rémunérés proches de certains partis politiques, nous nous refusons de les censurer partant du principe qu'il faut appliquer soi-même la liberté d'expression avant de l'exiger aux autres. Nous sommes parmi les très rares journaux en Tunisie à adopter cette stratégie, mais c'est ce qui se pratique dans les médias occidentaux de renom. Nous ne réinventerons donc pas la roue et continuerons à ouvrir nos colonnes à toutes les opinions, dès lors que les règles et la loi tunisienne sont respectées. Le nombre moyen de commentaires reçus est de 400 par jour, soit 1% du nombre total des visites. Le pourcentage moyen de commentaires censurés, parce que contraires aux règles de modération, tourne autour de 5%. Il arrive que certains commentateurs nous posent des questions et il nous est regrettable de ne pas pouvoir y répondre, pour le moment. Certains modérateurs travaillent à distance et ne sont pas tous outillés pour répondre à certaines questions précises. Un poste de médiateur pourrait être créé, mais pas dans l'immédiat. D'autres investissements, dans la rédaction, nous semblent plus urgents. Certains de nos lecteurs nous proposent de créer une version arabe, mais il s'agit là d'un gros investissement que le climat d'affaires prévalant actuellement en Tunisie n'encourage point. Business News étant un journal gratuit et n'entend pas devenir payant. Nos seules et uniques ressources proviennent de la publicité et nous refusons qu'il en soit autrement, afin de garantir notre indépendance. Cette indépendance ne signifie cependant pas neutralité, et comme n'importe quel média au monde, nous avons une ligne éditoriale claire. La nôtre défend une idéologie républicaine, laïque et démocrate dans une économie libérale. Cela ne signifie pas, non plus, que nous nous opposons contre un quelconque parti défendant une idéologie différente. Il est cependant du devoir de la presse de représenter le contre-pouvoir et nous entendons remplir pleinement ce devoir. Tout comme nous entendons respecter religieusement la déontologie de la profession. Pour nous, c'est une ligne rouge à ne jamais dépasser, au grand jamais. Et une des principales règles qui régit la profession journalistique est de ne point diffamer ou de déformer les propos d'une quelconque partie. Pour le reste, et nonobstant les erreurs d'appréciation que nous pouvons commettre (c'est humain), nous estimons être libres d'aborder le sujet de la manière et de l'angle qui nous siéent le mieux, dès lors que ces règles sont respectées. La presse tunisienne a souffert, des décennies durant, du climat politique et, de l'avis de tous, demeure éloignée des standards internationaux. Pour combler ce retard, il faudra un minimum de temps et de moyens. Il faut savoir, malgré tout, qu'aucun média tunisien ne pourra prétendre avoir les moyens du Nouvel Obs, du New York Times ou de CNN. La taille exigüe du marché et la réalité sociale du pays, avec ses multiples tabous et la particularité de ses us et coutumes, demeureront un frein pour atteindre cette qualité de haut niveau. La presse n'étant qu'un miroir de la société dans laquelle elle évolue. Cependant, et malgré tout, nous promettons à nos lecteurs de travailler, sans relâche, pour s'approcher au mieux de ces standards internationaux et de garder Business News dans son rang du journal électronique francophone le plus lu en Tunisie. Nizar BAHLOUL