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Tunisie La descente aux enfers du gouvernement Jebali
Publié dans Business News le 20 - 01 - 2012

Ils ont les compétences, ils ont l'Islam, ils ont les programmes et ils ont les solutions ! « Celui qui a peur de Dieu ne peut que réussir », « l'Islam est la solution, il vont appliquer ses préceptes », « Ils vont éradiquer la corruption et les mauvaises mœurs du pays », des centaines de milliers d'emplois, aides aux plus démunis, finance islamique, éducation islamique, ouverture, AKP, Qatar, argent, morale, travail, famille, patrie, identité, Islam, moutons, mariages, circoncisions… le parti aujourd'hui au pouvoir, à en croire sa campagne électorale, était livré toutes options pour une Tunisie digne, arabe, musulmane et prospère.
Les résultats des élections du 23 octobre révélés, la stratégie électorale a visiblement fonctionné et le mouvement Ennahdha, en pole position, se donne la légitimité de gouverner. Un semblant de gouvernement d'intérêt national où le gendre ou le petit préféré, le plus fidèle ou le plus victimisé, aura une place de choix dans la distribution des portefeuilles ministériels. Scandales sexuels, erreurs stratégiques, dissensions au sein de l'alliance ou encore une situation sociale et économique alarmante, la période de grâce dont bénéficiaient Ennahdha et ses alliés se transforme en une chute vertigineuse vers les abîmes de l'impuissance et de l'inaction. Le choix de s'emparer du pouvoir à un moment aussi délicat aura-t-il été judicieux ? La descente aux enfers de ministres passablement affaiblis leur permettra-t-il de gouverner au mieux un pays au bord de la banqueroute ? Une situation périlleuse qui risque d'aggraver les problèmes du pays si les priorités, les stratégies, voire les ministres, ne sont pas révisés…
Deux ministres de l'actuel gouvernement et membres du mouvement Ennahdha sont, en effet, en proie à une couverture médiatique quotidienne, non pas pour leurs actions au sein de leurs ministères respectifs, mais pour des faits qui relèvent de leur vie privée. La politique, comme dans de nombreux pays démocratiques, c'est aussi une histoire de règlements de comptes, de coups bas et d'étalage, sur la place publique, de la vie personnelle de ces personnes qui ont choisi d'exercer le pouvoir, et une personnalité publique, quelle qu'elle soit, ne peut qu'en assumer les conséquences. Le premier scandale aura été celui de Noureddine Bhiri, actuel ministre de la Justice.
A l'occasion du premier anniversaire de la Révolution, le président provisoire de la République, Moncef Marzouki, s'est octroyé le pouvoir de gracier plusieurs milliers de détenus. Mais voilà que parmi eux, plusieurs auraient été emprisonnés pour des crimes sexuels, dont le frère de M. Bhiri, accusé d'actes de pédophilie. La mère de la victime a, d'ores et déjà, fait part de son indignation quant à cette libération, de même que les habitants du village dont elle est issue.
Le deuxième scandale et celui qui aura fait couler le plus d'encre, malgré le fait qu'il n'ait été dévoilé et diffusé en masse que très récemment, personne, y compris la presse étrangère, ne sera passé à côté. Il s'agit évidemment de la vidéo scabreuse impliquant Ali Laârayedh, avec un autre détenu, dans l'intimité de sa cellule de prison, au début des années 90. La classe politique et la société civile ont, naturellement, apporté leur soutien au ministre de l'Intérieur, s'indignant de ces méthodes de l'ancien régime et affirmant la non-authenticité de la vidéo. D'autres, dont des proches du parti islamiste, ne nient pas la véracité de la vidéo mais affirment qu'Ali Laârayedh aurait été drogué, et d'autres enfin, plus virulents et moins magnanimes, assurent que la vidéo est authentique et que M. Laârayedh n'était pas drogué mais qu'il a tout simplement été piégé. Pour lever le doute, de nombreuses voix s'élèvent pour demander une expertise de la vidéo et faire cesser les bruits de couloir. Pour ce qui est de la bonne gouvernance, la question n'est pas là. Authentique ou montée de toutes pièces, la diffusion, cette fois à grande échelle, de la vidéo, n'aura pas manqué d'affaiblir le ministre de l'Intérieur qui avait pour tâche de « nettoyer » son ministère des résidus de l'ancien régime.
Noureddine Bhiri comme Ali Laârayedh se trouvent de fait (que les affaires dont ils font l'objet soient fondées ou non) dans une situation périlleuse à même de ralentir l'avancée des réformes qu'ils ont annoncées au sein de leurs ministères respectifs, mais aussi celle du gouvernement dans son ensemble.
Ces affaires ne sont pas sans nous rappeler celles de Khayam Turki, quelques jours avant l'annonce officielle de la composition du gouvernement Jebali. Ce dernier, accusé sans qu'aucune plainte n'ait été déposée, de malversations et de corruption, par les avocats d'un grand groupe émirati, avait préféré retirer sa candidature au poste de ministre des Finances, pour des accusations qu'il dit infondées, d'une part pour ne pas entacher la probité du nouveau gouvernement, et d'autre part en raison des pressions qu'il aurait reçues de la part du parti vainqueur des élections, entre autres. Si des accusations non officialisées, sans preuves et qui ne lui ont pas été transmises directement, peuvent remettre en cause la nomination d'un ministre, la question du maintien des deux ministres précités se pose donc, sans équivoque, afin de ne pas entraver le travail du gouvernement par des questions subsidiaires et sans rapport avec les fonctions qui leur sont attribuées.
En outre, l'affaiblissement du gouvernement ne se limite pas aux vicissitudes de la vie de ses membres. Sur le plan politique en effet, le gouvernement Jebali se base sur l'alliance tripartite, appelée Troïka, et là encore la cohabitation n'est pas de tout repos. La nomination des rédacteurs en chef dans les médias publics, décidée unilatéralement par le chef du gouvernement, avait provoqué la colère des deux autres alliés que sont Ettakatol et le CPR. Ennahdha fait marche arrière et concède, à demi-mots, une erreur stratégique.
Du côté de la Constituante également, l'entente est loin d'être cordiale et le parti islamiste peine à faire confiance à ses alliés. Une campagne de dénigrement avait été menée par les élus d'Ennahdha, dans les coulisses, pour éviter à tout prix que Mustapha Ben Jaâfar ne préside la commission en charge de la rédaction de la Constitution. Leurs desseins révélés et diminués par les attaques dont ils ont fait l'objet, les islamistes reculent et donnent satisfaction à Ettakatol et à l'opposition. Ainsi, une fois n'est pas coutume, ce sont les élus d'Ennahdha qui ont quitté l'hémicycle de l'Assemblée, hier 19 janvier 2012, se sentant lésés par rapport aux groupes minoritaires. Par ailleurs, au sein du gouvernement, les islamistes font encore marche arrière, à la faveur du CPR. Mohamed Abbou avait en effet menacé de démissionner, si Ennahdha s'obstinait à limiter ses attributions concernant les réformes administratives. Après d'âpres négociations, il finit par avoir gain de cause et regagne son ministère. Alors qu'il se voulait au départ hégémonique, le parti d'Ennahdha cède progressivement du terrain et perd en assurance.
Enfin, nous ne pouvons évoquer les fautes commises à la tête de l'Etat sans rappeler les multiples incidents diplomatiques occasionnés par nos dirigeants et participant à la détérioration des relations avec nos principaux partenaires étrangers. A ce titre, Rafik Abdessalem a été parachuté chef de la diplomatie tunisienne, vantant ses compétences et son expérience inégalables. Mais à quoi sert le gendre de Ghannouchi s'il se fait phagocyter tour à tour par son beau-père et Moncef Marzouki ?
D'autant plus que le fait qu'il ne sache pas parler français, si cela peut paraître anecdotique, est un handicap certain si l'on sait que la France est notre premier partenaire économique. Sans compter le fait qu'Alain Juppé ait été accueilli au même moment (et avec bien moins d'égards) que Ismail Haniya, leader du Hamas, ainsi que les messages inamicaux de Moncef Marzouki à l'endroit de ses amis Français… Ces erreurs d'appréciations ne seront certainement pas passées inaperçues et les dirigeants français bouderont le premier anniversaire de la révolution, laissant le champ libre à une belle brochette de dictateurs arabes. Ces mêmes dirigeants arabes promettent à la Tunisie monts et merveilles mais n'apporteront, dans leur hotte, que des prêts à des taux d'intérêts relativement élevés, remboursables sur quelques années, en plus de commentaires sarcastiques de l'Emir du Qatar, en personne, sur le manque de tenue de notre président provisoire.
Affaiblis, amoindris, diminués, nos dirigeants provisoires se font plus discrets pour certains, à l'image de Hamadi Jebali qui avait plus urgent à faire aujourd'hui que de respecter ses engagements et rendre compte aux élus du peuple de la situation de blocage dans laquelle se trouve le pays. D'autres, comme Noureddine Bhiri, haussent le ton, comme ultime recours et aveu de faiblesse, accusant l'opposition de tous les maux, menaçant sit-inneurs et internautes, pour des dérives dont le contrôle échappe à un gouvernement qui s'annonce aujourd'hui, plus que jamais, provisoire…


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