Plusieurs milliers de personnes (pas loin des 10.000) se sont rassemblées, aujourd'hui vendredi 16 mars 2012, devant l'Assemblée constituante au Bardo, pour appeler à instituer la Chariâa comme source principale de la législation dans la future Constitution, en réponse à l'appel lancé par des islamistes notamment salafistes (sauf les jihadistes) en début de semaine. Il y avait des barbus, des non barbus, des individus portant kamis, costumes ou juste un jean et un pullover, de différents âges et diverses catégories socioprofessionnelles, mais dont la majorité écrasante était des hommes. Ils ont été ramenés par bus depuis les quatre coins du pays par des associations islamistes dans une parfaite organisation. Préparés, les organisateurs se sont arrangés pour que toute la logistique soit parfaite. C'était réussi. Des individus en gilet rose ont remplacé la police pour réguler la circulation. Eux-mêmes sont supervisés par d'autres portant des gilets verts et qui sont disposés tous les quelques mètres pour contenir la foule et l'orienter. Une estrade décorée a été aménagée sur place (avec des micros et hauts parleurs puissants), sur laquelle des orateurs présentés comme étant "des cheikhs de renom" ont été installés confortablement. Ces derniers ont pris la parole à tour de rôle pour appeler au soutien de la Chari, soutenir le Prophète et soutenir Allah. Certains ont acclamé que ceux qui refusent la Chariâa veulent entraver la lumière de Dieu et combattent Dieu. «Le jour du Jugement, le Prophète vous demandera ce que vous avez accompli pour la Chariâa», a averti un autre en s'adressant à la foule sur un ton des plus fermes. Les interventions sont ponctuées par des "Allahou Akbar", "le peuple réclame l'application de la Chariâa". Des affiches étaient brandies par les manifestants : "Non à la démocratie", "le musulman qui aime Allah = le musulman qui aime la Chariâa", "Notre coran est notre Doustour", etc. Certains arboraient des drapeaux salafistes noirs ou blancs. D'autres brandissaient le drapeau tunisien. On notera que le rassemblement a été préparé depuis plusieurs jours et les manifestants ont été ramenés des quatre coins du pays afin de montrer, cela a été dit, que l'on pouvait faire plus grand que la manifestation de l'UGTT d'il y a quelques jours à Tunis. Visiblement, cela était raté et il y avait moins de personnes. On notera également que, contrairement à l'événement de la centrale syndicale, il n'y avait aucune contre-manifestation pour perturber la sortie des salafistes qui a le mérite d'être spectaculaire.