Lotfi Zitoun, ministre chargé des Affaires politiques auprès du chef du gouvernement, vient de faire un round-up assez exhaustif de la situation dans le pays, notamment, aux niveaux politique et économique en revenant sur les multiples valses constatées au cours des dix dernières journées. Dans une longue interview accordée au journal « La Presse » dans sa livraison d'aujourd'hui mercredi 4 juillet 2012, Lotfi Zitoun évoque, bien entendu, l'affaire Baghdadi Mahmoudi, pour avouer que le gouvernement n'a jamais imaginé qu'elle allait prendre une pareille ampleur pouvant aller jusqu'à un éventuel dépôt de motion de censure qui a été évité de justesse. Quant au retrait de la demande d'arbitrage faite par le président Marzouki auprès de l'ANC concernant le conflit de compétences entre lui et le chef du gouvernement, après l'affaire de l'extradition, il avoue, également, qu'il n'en sait rien encore. Après avoir reconnu qu'il y a eu une mauvaise synchronisation concernant la question de la libre circulation et des droits accordés aux ressortissants des pays maghrébins, M. Zitoun aborde l'affaire la plus grave, selon lui, à savoir la révocation par le président de la République du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et le refus de signer deux projets de loi concernant le FMI. Le conseiller principal du chef du gouvernement a été direct et n'a pas ménagé Moncef Marzouki. « Avec l'annonce de la révocation du gouverneur de la Banque centrale, décision annoncée et soumise à la Constituante, avec le refus de signature des deux projets de loi avec le FMI, nous avons senti que la situation financière du pays et l'économie tunisienne étaient désormais menacées. Les réactions sur les marchés américains étaient d'ailleurs négatives », a-t-il indiqué en substance. Concernant M. Nabli, il annonce que « l'avis qui prédomine est le report de la révocation », alors que les deux projets de loi seront signés par le président de la Constituante. Lotfi Zitoun fustige clairement M. Marzouki qui a parlé de « remise en question du remboursement des crédits, ce qui envoyait un message très négatif et très dangereux sur notre situation économique ». « La Troïka s'est engagée par écrit avec un document signé qui prévoit de respecter nos engagements de paiement, ajoute t-il, car nous ne sommes pas en situation de remettre en cause le remboursement de la dette. Cela donnerait une image très négative de notre pays. Par ailleurs, le communiqué de la révocation du gouverneur n'était pas étayé, on ne peut pas révoquer le gouverneur de la Banque centrale en deux phrases, il faut s'appuyer sur une argumentation économique relevant de la politique financière du pays. Cela n'a pas été respecté et a envoyé un message dangereux qui nous a perturbés tous », faisant ainsi endosser, au président de la République, toute la responsabilité de déstabilisation économique et financière de la Tunisie.