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Tunisie - Les fonctionnaires, les ministres incompétents et la photocopie
Publié dans Business News le 09 - 07 - 2012

L'ambiance interne dans différents ministères et entreprises publiques devient de plus en plus exécrable, nous témoignent plusieurs fonctionnaires.
En cause : les ordres invraisemblables de quelques nouveaux ministres et le favoritisme. Pour se protéger, hauts cadres et fonctionnaires ont trouvé la parade : ils n'acceptent plus d'ordre que par écrit et cet écrit est systématiquement photocopié puis caché dans un endroit sûr. Conséquence de cette « résistance » : les meilleurs sont écartés au profit de subalternes obéissants et laudateurs.
C'est un haut cadre quinquagénaire dans un ministère. On ne lui a jamais connu une appartenance partisane, ni avant, ni après la révolution. Son entourage professionnel lui reconnaît cependant une extraordinaire rigueur dans le travail et un engagement farouche pour servir l'Etat.
Depuis trois mois, le haut cadre en question est au frigo. Il pointe tous les jours à son bureau, mais ne fait rien à part lire les journaux et surfer sur internet. Le nouveau ministre l'a pris en grippe depuis qu'il a refusé d'exécuter un ordre qui, selon lui, aurait nui aux intérêts du pays. Il a bien tenté d'expliquer à son ministre les conséquences de cette décision et de le raisonner, mais le ministre a fait preuve d'un extraordinaire entêtement : c'est comme ça et pas autrement. Las, le haut responsable lui a dit ok, donnez-moi un ordre par écrit. Et dans un accès de colère, il a lâché la phrase fatale « les paroles s'envolent, les écrits restent, ça pourrait me servir un jour. » Depuis, c'est le frigo.
Le haut cadre a été vite remplacé par un de ses subalternes qui n'a pas encore, selon plusieurs responsables de ce ministère, les connaissances ou l'expérience requise pour occuper cet important poste.
Peu importe, l'essentiel est que le ministre en soit convaincu. Et il s'avère qu'il n'est pas difficile de convaincre certains ministres, il suffit de chanter leurs louanges matin, midi et soir et faire fonctionner la brosse à reluire.
Le cas est anecdotique, mais il devient de plus en plus courant dans quelques administrations. Des cas similaires nous ont été rapportés dans plusieurs autres ministères et administrations.
Cela dit, ces mêmes ministres et nouveaux « parachutés » qui ont réussi à se faire entourer par quelques laudateurs, font face à une forme de résistance de la part du reste de leur département.
Ils ne rejettent plus aucun ordre ministériel, mais ils laissent traîner les choses. Ils partent en congé de maladie en laissant dormir les dossiers. Ils évoquent des lenteurs administratives dans un autre département pour justifier leur propre retard.
Surtout, ils exigent que les ordres soient transmis par écrit. Un ordre qui est tout de suite photocopié ou scanné puis caché en lieu sûr. Chez soi. Voire chez les parents ou les beaux-parents, de préférence.
« Depuis quelques semaines, notre lecture favorite est les différents codes régissant l'administration publique, témoigne un haut fonctionnaire. On ne refuse rien, mais on n'accepte rien sans avoir au préalable vérifié la légalité de l'ordre reçu. S'il y a un quelconque article qui interdit d'exécuter cet ordre, on se jette dessus pour l'évoquer dans un courrier officiel transmis au ministre et justifiant que son ordre ne pouvait être exécuté ».
Et le bon fonctionnement de l'administration ? « Tant pis, répond notre interlocuteur. Mais il est hors de question que l'on serve de fusible. Regardez ce qui s'est passé à Tunisair avec l'arrestation de PDG pour des futilités. Au début, personne n'y croyait, tellement c'était invraisemblable. Regardez les humiliations subies par plusieurs directeurs chevronnés dans les enquêtes judiciaires. Nous avons servi l'administration, nous avons servi l'Etat, nous avons permis au pays de rester debout malgré la mafia et malgré la conjoncture et voilà comment on nous remercie. Nous n'avons rien volé, il n'y a eu aucun enrichissement suspect et pourtant on nous regarde du matin au soir comme des suspects qui doivent prouver, à chaque instant, qu'ils n'ont rien à se reprocher. Le monde est à l'envers, c'est à l'accusateur de prouver ses accusations. En Tunisie, c'est devenu l'inverse ».
L'affaire Tunisair avec l'arrestation de PDG pour une question d'emploi fictif d'une nièce de Ben Ali a fortement perturbé plusieurs administrations. Pareils emplois existent, parait-il, un peu partout et depuis la nuit des temps.
Cela a fait réveiller plusieurs hauts responsables sur les risques qu'ils encourent en exécutant les ordres ministériels aveuglément ou en n'osant pas dire non à leurs supérieurs. Le mot d'ordre est depuis donné à tous : aucun ordre verbal n'est accepté, tout doit être consigné par écrit et faites-en des photocopies que vous garderez chez vous. Au cas où, on ne sait jamais.
Plusieurs ministres n'ont pas vu d'un mauvais œil ce type de réactions et consignent, désormais, par écrit leurs ordres. Même si cette « bureaucratie » fait trainer certains dossiers. Le piège est que ces ordres ne respectent pas tous la légalité. Et comme indiqué plus haut, leurs subalternes les refusent par la suite (toujours par écrit) en motivant leur refus par tel ou tel texte de loi.
Mais l'ordre (illégal) original est gardé au frais chez ces subalternes qui pensent s'en servir un jour au cas où ils seront à leur tour mis au frigo ou poursuivis en justice pour des futilités. « Je dois assurer mes arrières, si on va me chercher la petite bête et m'accuser pour un trombone donné sans bon de commande, je saurai faire valoir le règlement de comptes en présentant ces ordres ministériels contraires à la loi », témoigne ce directeur d'une entreprise publique.
Sans tomber dans la paranoïa, ce directeur estime (à tort ou à raison) que l'on n'est pas en train de chercher les véritables dossiers de corruption et d'abus. « On est en train de désigner des coupables bien déterminés, puis on commence à leur chercher des noises. Et quand on cherche à accabler quelqu'un, on finit toujours par lui trouver quelque chose, aussi futile soit-elle », dit-il dépité en évoquant les enquêtes en cours à la BH, à la STB, à la Steg, à Tunisair…
Du coup, l'ambiance générale se trouve des plus moroses et le travail, bien entendu, à la traine.
« On nous parle de réforme administrative et on a pensé naïvement qu'on allait enfin trouver la solution à la bureaucratie, à la mauvaise productivité, aux pénibilités des citoyens face à l'administration, poursuit un actuel PDG d'une entreprise publique. Au lieu de quoi, on se trouve dans le règlement de comptes, la revanche, les calculs électoraux et les appartenances partisanes des ministres. Non seulement l'administration et le pays ne vont pas avancer, mais on est en train de reculer et de détruire ce que l'on a construit depuis l'indépendance. Est-ce là la réforme qu'on mérite après une révolution ? »
A cette ambiance, est venu s'ajouter le dernier projet de loi relatif à la réhabilitation des prisonniers politiques et victimes de la révolution qui vont être intégrés dans l'administration. Mais là c'est une autre histoire aussi grave que compliquée…


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