Une nouvelle "surprise" a été révélée par la députée et membre de la commission « Droits et Libertés », Selma Mabrouk (Ettakatol), au sujet d'un article portant sur la « femme ». « Cette séance a servi de prétexte aux députés Ennahdha de revenir sur le principe d'égalité entre hommes et femmes, principe entériné à l'unanimité dans l'article 22 », écrit la députée sur son compte Facebook. Malgré cela, les débats ont abouti au vote de l'article 27, délimitant le statut et le rôle de la femme dans la société. Toujours selon Selma Mabrouk et sa retranscription de l'article en question, la version votée par 12 membres de la commission (les 9 élus Ennahdha, 2 CPR et un indépendant) se présente comme suit : « L'Etat assure la protection des droits de la femme et de ses acquis, sous le principe de complémentarité avec l'homme au sein de la famille et en tant qu'associée à l'homme dans le développement de la patrie. L'Etat garantit l'égalité des chances pour la femme dans toutes les responsabilités. L'Etat garantit la lutte contre la violence faite aux femmes, quelle qu'en soit la sorte ». Ainsi, si cet article venait à être adopté dans la version finale de la Constitution, cela reviendrait à limiter le principe d'égalité entre hommes et femmes dans un domaine particulier, celui de « l'égalité des chances dans toutes les responsabilité ». Pour le reste, la femme n'est définie qu'en fonction de l'homme, en tant que personne « complémentaire » à ce dernier au sein de la famille, ou « associée » au niveau du développement de la patrie. La notion de complémentarité est non réciproque, dans le sens où il n'est pas inscrit que l'homme lui-même est complémentaire avec la femme ; cela suppose que l'homme est défini en soi, et que la femme vient compléter le rôle qu'il ne peut ou ne veut remplir. Cela suppose également, au regard de la structure du texte (Famille, Patrie, Travail), que la notion de la femme est avant tout associée à celle de la famille et de l'homme, et non en fonction de sa propre citoyenneté, en tant que personne à part entière. Enfin, la protection des droits est acquis de la femme est conditionnée à ce « principe » de complémentarité. Comme le rappelle Selma Mabrouk, l'article 22, qui stipule que « les citoyens sont égaux dans leurs droits et leurs libertés et devant la loi, sans discrimination d'aucune sorte », pourrait entrer en contradiction avec cet article. « Malgré mon objection exprimée à deux reprises sur le fait qu'il n'était pas réglementaire de débattre à nouveau d'un sujet préalablement soumis au vote (argument que la présidente de la commission m'avait opposé quand j'avais voulu introduire un article abolissant la peine de mort au sein du chapitre traitant du rapport citoyen-justice) , Mme Férida Laâbidi a laissé ses co-députés s'étaler à volonté sur le sujet », précise la députée Ettakatol. A noter que la deuxième version proposée n'a recueilli que 8 voix, dont celle de Brahim Gassas. Iyed Dahmani s'est éclipsé de la séance avant le vote et un député d'Al Aridha est absent depuis plusieurs semaines. Cette deuxième version se présentait comme suit : « L'Etat garantit les droits de la femme et ses acquis dans tous les domaines. Il est interdit de promulguer des lois pouvant y porter atteinte, de quelque manière que ce soit. L'Etat se doit de lutter contre toutes les formes de discrimination ou de violence physique ou psychique contre les femmes ». Monia B.H