Un communiqué commun ATFD, AFTURD, Amnesty international, LTDH, CNLT et UGTT refusant catégorique ce qui a été proposé par la commission des droits et des libertés disant que « la femme est la complémentaire de l'homme au sein de la famille» tout en réaffirmant l'attachement de la société civile au principe d'égalité entre les sexes. Une pétition circule sur le net et appelle à l'abrogation de l'article 27 voté en commission en vue de protéger les droits de la citoyenneté de la femme.
La société civile commence enfin à réagir. Le communiqué rendu public lundi après-midi signé par des militants de la société civile en est un signe avant-coureur. Il est question en effet de rejeter catégoriquement des manières jugées rétrogrades pour limiter par étapes les droits de la femme. Les signataires avancent non sans amertume qu'on est à quelques jours de la célébration du 56 anniversaire de la promulgation du Code du statut personnel et qu'au lieu d'aller de l'avant la Tunisie de retrouve contrainte à retourner à la case départ pour retrouver le même combat d'il y a six décennies quant aux acquis de la femme aux quelles s'attaquent des propositions au sein de l'ANC. « La proposition faite par certains membres de la commission des droits et des libertés qui dit que « la femme est la complémentaire de l'homme au sein de la famille... » est d'un revirement total par rapport aux promesses faites au cours de la campagne électorale par tous les courants politiques qui avaient affirmé leur attachement aux droits des femmes, et leur volonté de les faire évoluer. » avancent les signataires.
Qu'est-ce qui se passe sous nos cieux ? qu'est-ce qui fait qu'Ennahdha représentée par ses députés à l'ANC, nous sorte cette représentation réductrice de la femme ? Qu'est-ce qui fait que les propos ayant amadoué tant de Tunisiens avant les élections soient désavoués pour qu'on assiste à un discours des plus incohérents ? Ennahdha qui considère la Tunisie un Etat civil ne traite pas tous ses citoyens sur un pied d'égalité. Quand il s'agit de la femme le parti islamiste préfère se référer à une idéologie qui dit que la femme est « complémentaire »de l'homme et non pas son égale en droits et en devoirs. A cela s'ajoute le fait que l'ANC avant de voter en commission l'article 27 qui stipule la complémentarité entre l'homme et la femme avait bien avant voté un article favorable pour les droits et les libertés de tous les citoyens.
On ne peut passer sans rappeler les propos de la députée nahdhaouie Farida Laabidi qui dit que « L'égalité ne peut jamais être totale tout comme la liberté qui ne peut être absolue » Après de tels propos nous voilà édifiés !
Le vote majoritaire de l'article 27 amputant gravement les droits de la femme tunisienne la reléguant au statut de « complémentaire de l'homme » nous fait penser que le combat pour les libertés le vrai ne fait que commencer. Et cette fois on ne se trompe plus de cible. Il sera contre les forces rétrogrades qui veulent faire des acquis de la Tunisienne un objet de marchandage.
Mais que veut-on dire par le terme de la complémentarité en effet ? Pour y répondre on rappellera qu'une pétition circule sur le réseau social Facebook appellant à l'abrogation de l'article 27 du projet de la constitution et de maintenir l'article 22 qui garantit la liberté et l'égalité des citoyens indépendamment de leur genre. « Si la complémentarité homme/femme a lieu elle doit être réciproque, dans les deux sens. L'Etat est sur le point de voter un article (27) de la constitution qui limite les droits de citoyenneté de la femme sous le principe de complémentarité à l'homme et non sous le principe d'égalité. Si cet article venait à être adopté dans la version finale de la Constitution, cela reviendrait à limiter le principe d'égalité entre hommes et femmes. La femme n'est pas définie en fonction de l'homme. » lit-on dans le texte de la pétition qu'on explique davantage dans un autre passage « La notion de complémentarité est non réciproque, dans le sens où il n'est pas inscrit que l'homme lui-même est complémentaire avec la femme ; cela suppose que l'homme est défini en soi, et que la femme vient compléter le rôle qu'il ne peut ou ne veut remplir. Cela suppose également que la notion de la «femme» est définie uniquement en fonction de l'homme et non en fonction de sa propre citoyenneté, en tant que personne à part entière. »
Mona BEN GAMRA
Les signataires du communiqué
Ahlem Bel Hdaj- Association tunisienne des Femmes démocrates (AFTD) Radia Belhaj Zekri - Association tunisienne pour la Recherche et le Développement (AFTURD) Abdessatar Ben Moussa - Ligue tunisienne pour la défense des Droits de l'Homme (LTDH) Sondés Garbouj – Section Tunisienne d'Amnesty International (AI) Sihem Ben Sedrine - Conseil national des Libertés en Tunisie(CNLT) Sami Tahri - Membre du Bureau Exécutif de l'UGTT Najoua Makhlouf - Commission Femmes de l'UGTT daassi sihem