Le discours de Moncef Marzouki, à l'ouverture des travaux du 2ème congrès du CPR, aujourd'hui 24 août 2012, prononcé par un des jeunes du parti, a suscité des réactions très mitigées auprès de nombreux dirigeants politiques, jugé « inapproprié » pour certains et poussant à l'interrogation sur le statut même de l'auteur du discours, au double statut de président de la République et de membre fondateur du parti. Un discours qui semble, selon nombreux, remettre en cause la « solidité » des relations entre les membres de l'alliance tripartite au pouvoir. Samir Dilou, membre d'Ennahdha et porte-parole du gouvernement, est revenu sur sa réaction, ainsi que celle de Ali Laârayedh, Mohamed Ben Salem et Ameur Laârayedh, qui ont préféré quitter la salle, protestant contre le discours de Marzouki, perçu, selon ses dires, comme « une insulte injustifiée, car émanant d'un membre de la Troïka ». Dilou affirme que la responsabilité qui incombe à ceux qui sont au pouvoir ne leur permet pas de se placer dans le camp des opposants.
Om Zied, membre fondateur du CPR, qualifie le discours de Moncef Marzouki d' « inapproprié », car « survenant trop tard ». Elle exprime son souhait d'un discours pareil, prononcé lors des événements du 9 avril ou en tant que « réaction au silence d'Ennahdha face aux dépassements salafistes, qui menacent le pays aujourd'hui ». Naziha Rejiba soutient que « ce discours n'émane pas de principes mais de calculs électoraux ». Une réaction qui, selon elle, « risque de fragiliser le pouvoir, dans un contexte de tensions sociales et sécuritaires et compte tenu de la menace salafiste. Ce qui constitue un danger pour le pays et un véritable saut dans l'inconnu ».
Selon Omar Chetoui, les accusations lancées envers le CPR et Ettakattol, leur reprochant une totale dépendance à Ennahdha, sont infondées. Le discours de Marzouki en serait la preuve, étant donné « qu'un membre de la Troïka est aujourd'hui capable de critiquer ses alliés ». Il affirme même que « l'alliance entre les trois partis subsiste encore et sera encore plus renforcée ».
Prenant la défense de Moncef Marzouki, Adnène Manser, porte-parole de la présidence, affirme, de son côté, que ce discours a été mal interprété, qu'il a été prononcé par un membre fondateur du CPR et non par le président de la République et qu'il ne fait que formuler des craintes partagées au sein de la société tunisienne. Un discours qui, selon ses dires, n'entacherait en rien les relations au sein de la Troïka.