En marge d'une conférence du Cheikh Béchir Ben Hassen, organisée par la présidence de la République, sur la question des salafistes, Moncef Marzouki a prononcé un long discours dans lequel il évoque la « tragédie » des deux jeunes salafistes incarcérés et décédés suite à une grève de la faim de près de deux mois. « J'assume ma responsabilité, ainsi que celle des institutions de l'Etat, à propos de cette tragédie dont je n'ai eu connaissance que trop tard », a déclaré le président de la République tunisienne. M. Marzouki a, par ailleurs, affirmé qu'il a été convenu, en concertation avec le chef du gouvernement, ainsi que les ministres de la Justice et de la Santé, d'accélérer la mise en place d'une commission indépendante, afin de faire la lumière sur les dysfonctionnements pour pouvoir y remédier. Il a rappelé, toutefois, qu'il était inconcevable d'éviter d'être jugé, en observant une grève de la faim, particulièrement après la révolution et la garantie d'un procès équitable et transparent, car cela pourrait conduire à l'effondrement de la notion de justice et porter atteinte à la crédibilité de cette institution et de l'Etat, dans son ensemble. En outre, le président de la République a rejeté le retour d'une loi sur le terrorisme et estimé que l'arsenal juridique normal suffit à régler le problème dans l'attente que le prochain parlement reconsidère le Code pénal dans son ensemble. Moncef Marzouki a, également, appelé à la responsabilité de chacun, sans oublier la sienne en tant que président de la République, de combattre tous ceux qui constituent un danger pour le modèle sociétal de la grande majorité des Tunisiens, affirmant que les terroristes sont une minorité et qu'ils ne sauraient imposer leur vision au peuple tunisien. « Je protège le droit et surtout les droits de l'Homme, en particulier le droit d'opinion et de croyance et de l'intégrité physique et le droit à un procès équitable, même pour ceux qui ont violé la loi. Il y va de ma responsabilité, en tant que chef de l'Etat, de ne pas accepter qu'un Tunisien soit menacé pour ses croyances ou pour ses choix vestimentaires », assure le chef de l'Etat, avant de faire une référence aux propos qu'il a tenus lors de son discours d'investiture : « Je protège les mêmes droits au travail et à l'éducation de la femme tunisienne qu'elle porte le voile, le niqab ou qu'elle rejette l'un ou l'autre ». M.B.H