Alors que la Tunisie revit avec l'assassinat de Mohamed Brahmi le cauchemar et le choc de celui de Chokri Belaïd, Moncef Marzouki a accordé une interview au journal français, Le Monde, ce jeudi 25 juillet, pour parler du crime politique de ce matin. Accordant ainsi à un média étranger, sa première réaction au meurtre perpétré aujourd'hui. Pour Moncef Marzouki, l'assassinat de Mohamed Brahmi n'est pas le fait du hasard et l'explique par le fait que : « nous étions justement en train de finir d'élucider l'assassinat de Chokri Belaïd et nous avions déjà une idée là-dessus. Les assassins commencent à paniquer. Ils voulaient faire diversion avec une autre affaire ». Le président de la République a souligné la théorie du complot par la volonté qu'ont « certaines personnes de montrer que le printemps arabe est en panne partout, alors que justement en Tunisie, le consensus national est extrêmement fort et que règne la paix civile. C'est tout cela qu'on veut détruire ». Il exprime par ailleurs sa conviction qu'un lien politique existe entre les meurtres de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi puisqu'une seule et même raison a motivé ses deux meurtres « la volonté de semer la zizanie entre les forces politiques » pour « déstabiliser la Tunisie, l'empêcher de réussir sa transition ». Moncef Marzouki, s'est voulu dans cette interview, conciliant en déclarant que «la date des élections législatives et présidentielle sera bientôt annoncée » et rassurant puisqu'il va s'adresser «au pays ce soir et appeler au calme » parce qu'il « ne faut pas donner raison à ceux qui veulent mettre la Tunisie à feu et à sang ». Pour conclure Moncef Marzouki fait remarquer que « les assassins cherchent, justement, des débordements » que « l'émotion est légitime » mais « les débordements, eux, sont illégitimes ». Tout en affirmant ne pas craindre un scénario à l'égyptienne en Tunisie parce que, selon ses dires, « les ingrédients n'y sont pas. Le consensus existe en Tunisie (…) Quant à l'armée tunisienne, elle est professionnelle et disciplinée. Elle ne s'est jamais mêlée de politique » pour preuve « jusqu'à présent, nous avons réussi à éviter tous les débordements. L'agressivité politique est restée canalisée dans les institutions ou dans les médias, à l'inverse de ce qui se passe ailleurs ».