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Zied El Héni en prison : journée noire pour la liberté de la presse
Publié dans Business News le 13 - 09 - 2013

Zied El Héni passera la nuit en prison aujourd'hui pour délit d'opinion. Accusé de diffamation et d'injure envers un fonctionnaire public, il laissera derrière lui son passé de militant pour la liberté de la presse sous Ben Ali, qui ne lui a valu aucun jour de prison malgré ses multiples coups d'éclat.
« Une journée noire » pour la liberté de la presse, s'accordent à dire de nombreux journalistes et proches de l'ancien militant, à l'heure où en ce vendredi 13 septembre 2013, deux journalistes et un patron de TV sont convoqués devant le juge d'instruction. Emmené de force à la geôle malgré les protestations des journalistes, militants et élus venus le soutenir, malgré aussi les dénonciations par ses avocats des vices de procédures dans cette affaire, c'est tout le monde de la presse qui se retrouve tête baissée aujourd'hui…
« Aujourd'hui, les journalistes sont dans un cercle vicieux : entre les menaces d'assassinat qu'ils n'arrêtent pas de recevoir et les peines d'emprisonnement qui pèsent contre eux chaque jour », s'exclame notre confrère Sofiane Ben Farhat, proche de Zied El Héni. « Un jour noir aussi bien pour la liberté de la presse que pour l'indépendance de la magistrature », affirme-t-il avec beaucoup d'amertume.
L'affaire dite de « l'œuf du ministre », qui s'annonçait au départ anecdotique, revêt aujourd'hui plus que jamais des allures démesurées. Alors qu'un comédien se trouve actuellement derrière les barreaux, et un cameraman poursuivi dans le cadre de cet « acte criminel », comme n'a pas hésité le qualifier, dans un communiqué, la présidence du gouvernement, un journaliste se fait coffrer aujourd'hui pour avoir dénoncé un abus dans cette même affaire. Zied El Héni a été convoqué aujourd'hui, 13 septembre devant le juge d'instruction du 10ème bureau pour avoir dénoncé la détention abusive du caméraman, Mourad Meherzi, sans qu'il y ait de réel motif juridique pour qu'il soit gardé en prison.
Avant son départ au tribunal, il publie un message sur sa page Facebook : « Bonjour chère Tunisie. Je me prépare aujourd'hui à affronter le juge d'instruction […] j'ai l'intention de porter plainte contre le procureur de la République, pour avoir mis derrière les barreaux une personne sans que rien ne le justifie légalement, mais aussi contre toute personne impliquée dans cette affaire […] Ils ont voulu faire d'aujourd'hui une journée noire pour la presse, nous la déclarerons blanche en annonçant la victoire de la liberté et l'indépendance de la magistrature parce que cette bataille sera cruciale dans la revendication de l'indépendance du ministère public et sa libération de l'autorité du ministre de la Justice, qui le contrôle. Vive la Tunisie. Vive la République ». Aujourd'hui, malheureusement, la liberté de la presse n'a pas triomphé ....
La décision consistant en un mandat de dépôt émis contre Zied El Héni, avant même qu'il ne présente les preuves étayant ses dires, a été vivement dénoncée par ses avocats, qui ont demandé le report de l'interrogatoire. Il en est de même pour le comité de soutien qui s'est improvisé en grand nombre devant le tribunal pour réclamer sa libération.
Zied El Héni a également été soutenu par des dizaines de journalistes qui sont venus lui apporter leur soutien et manifester leur colère. La salle des mille pas du tribunal grouillait de journalistes, bientôt rejoints par des élus démocrates à l'instar de Selim Ben Abdessalem et Iyed Dahmani. Par la suite, une clameur est venue des profondeurs du couloir où se trouve le bureau du juge d'instruction. Zied El Héni a été emmené de force et ses avocats ont même été bousculés et agressés par les policiers. Ceci n'a pas empêché le journaliste militant de sortir du bureau du juge en arborant un grand sourire.
La colère et le choc, provoqués par ce que Lazhar Akremi a qualifié de "kidnapping", ont poussé les journalistes à courir dans les travées du tribunal. Les uns pour rattraper la voiture qui a emmené Zied El Héni, d'autres pour s'enquérir des nouvelles auprès de ses avocats. Devant de telles pratiques, le souvenir du kidnapping dans les mêmes conditions de Hamma Hammami en 2002 a ressurgi.
Les journalistes présents se sont ensuite dirigés vers le siège du Syndicat national des journalistes tunisiens pour examiner les mesures à prendre afin de riposter de la manière la plus appropriée à cette agression infligée au corps journalistique tunisien. Zouheir El Jiss, également présent sur les lieux vu que son affaire passait le matin même, a violemment exprimé sa colère et a demandé à être emprisonné avec son collègue, malgré son flegme habituel.
Rien ne semble protéger, un tant soi peu, les journalistes dans l'exercice de leurs fonctions aujourd'hui.
Le recours aux articles du Code pénal démontre le refus évident du gouvernement d'appliquer les nouvelles lois sur la presse, adoptées pourtant en 2011 et destinées à remplacer la législation draconienne souvent utilisée sous Ben Ali pour réprimer la liberté d'expression, dénonce Amnesty International. Le décret 115 de 2011 sur la liberté de la presse fournit, en effet, plus de protection pour les journalistes dans l'exercice de leur travail que les lois antérieures. Sauf qu'il y a lieu de noter que Zied El Héni se retrouve derrière les barreaux en vertu de l'article 128 du code pénal alors que ses multiples coups d'éclat sous Ben Ali ne lui avaient valu aucun jour de prison.
Aujourd'hui directeur de rédaction au journal « Essahafa », Zied El Héni occupait auparavant le poste de journaliste dans ce quotidien arabophone connu pour être un organe du pouvoir. Ce qui n'avait pas empêché le journaliste de critiquer virulemment le régime en place. Il a été l'instigateur, aux côtés de nombre de ses collègues, de multiples coups d'éclat contre l'ancien régime.
Manifestant contre les entraves au métier de journaliste, il n'a pas hésité à s'introduire au siège du ministère de l'Intérieur pour porter sa lettre de protestation à l'ancien ministre, Rafik Belhaj Kacem. Une action menée en réponse à une convocation d'un journaliste opposant et à la confiscation de son matériel. Et ce n'était pas le seul coup d'éclat notable de Zied Héni. On se rappellera d'un certain 3 mai, journée internationale de la liberté de la presse, il s'est « invité » à Carthage en forçant la grille du Palais présidentiel, occupé alors par l'ancien président Ben Ali, pour « témoigner des véritables conditions dans lesquelles les journalistes de l'époque exerçaient leur métier ».
Dirigeant d'un syndicat des radios libres, non reconnu par le pouvoir, mais aussi de l'ancienne direction du Syndicat national des journalistes (SNJ), Zied El Heni faisait également partie d'un collectif militant pour l'octroi de licences de radios en Tunisie, alors que ce secteur était l'apanage du clan Ben Ali. S'il avait l'objet de nombreuses pressions du temps de l'ancien régime, menaces de mort, surveillance, harcèlement, il n'avait jamais fait de prison…contrairement à aujourd'hui.
En cette ère postrévolutionnaire, les allées vers le bureau du juge d'instruction et du ministère public se multiplieront pour le journaliste opposant. Ironie du sort, le 2 mai 2013, c'est chez le juge d'instruction que Zied El Héni a fêté cette nouvelle journée internationale de la presse. Un mois plus tôt, le 9 février, il était attendu par un véhicule policier devant les locaux de Nessma Tv, suite à des propos tenus contre Mehrez Zouari, directeur général des services spéciaux, qu'il a accusé d'être derrière l'assassinat de feu Chokri Belaïd.
Une intimidation de plus dans un message qui semble être adressé à l'ensemble des médias. Il reçut même une menace de mort, le 3 août dernier, postée chez lui, dans son garage, et dans laquelle il était noté : « arrête tes incitations ou prépare-toi au meurtre ».
A l'heure où différents organismes nationaux se sont empressés de dénoncer cette arrestation abusive et que plusieurs comités de soutien ont été créés sur le terrain et à travers les réseaux sociaux où les internautes ironisaient en affirmant que « Sami Fehri a cédé sa place à Zied El Héni », d'autres encore jubilent à l'idée de voir un nouveau journaliste derrière les barreaux pour ce qu'ils ont qualifié de « diffamations et incitations à la haine et à la discorde ». Une chose est sûre, les moyens de pression contre les journalistes se font de plus en plus nombreux et les autorités semblent plus que jamais déterminées à resserrer l'étau, tel un rouleau compresseur, autour de la liberté d'expression…


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