L'objectif final de la politique budgétaire étant toujours d'optimiser l'équation composée de : Croissance économique – Emploi -Stabilité des prix (inflation) ; tout en veillant à bien limiter le déficit public et l'endettement de l'Etat (source de crise économique qui frappe le monde depuis 2008). Il est évident que beaucoup de facteurs entrent en jeu pour déterminer les choix et les grandes axes de cette politique budgétaire, à savoir, la situation de l'économie, les conflits sociaux, le niveau de chômage, les réglementations, le taux de change, les prévisions sur les marchés…etc. Ceci dit pour tracer cette politique, il faut : - Partir d'un constat de la situation actuelle et de l'ensemble des moyens et ressources, - Se fixer des objectifs - Faire des choix (faciles ou courageux, tout dépend de la compétence et de la volonté) et un arbitrage parmi un panier de priorités. En déclinant les mesures annoncées par le projet de loi des finances de 2014, présenté par le ministère des Finances, on a du mal à comprendre les orientations et les choix de la politique économique adoptée et encore moins les objectifs visés. On constate également un certain nombre d'incohérences dans les mesures proposées et l'absence de décisions courageuses et ambitieuses pour redresser la barre de la relance économique et stopper l'hémorragie des dépenses publiques extravagantes depuis 2011. Les faits marquants de ce projet : 1- Les Dépenses de l'Etat vont augmenter : et ceci pour la troisième année consécutive, ainsi le budget passe de 17.884 Mds TND en 2010 à 28.125 Mds TND en 2014, soit +54%. Pour subvenir à cette hausse dans les dépenses, le gouvernement fait appel aux solutions faciles dont les conséquences seront graves plus tard : Il propose la hausse des impôts pour tous (ménages et entreprises exportatrices) et la souscription de nouvelles dettes. 2- Explosion de la dette publique : elle sera à son nouveau record et son plus haut niveau historique, elle passera à 41.754 Mds TND, soit 49.1% du PIB (contre 36.616 Mds TND en 2013, soit 47.2 % du PIB). A quoi bon avoir augmenté la recette fiscale si la dette dérive à ce point ? Cette dette sert, désormais, essentiellement pour payer la consommation et les salaires d'une part, et à financer le budget sécuritaire pour lutter contre le terrorisme mais en aucun cas pour la création de richesse et l'investissement. 3- Déficit budgétaire supérieur à 3% du PIB : le projet prévoit une baisse dans le déficit budgétaire à 5.7% du PIB, mais ça reste toujours au dessus des normes internationales (3% max du PIB). 4- Pouvoir d'achat fragilisé : En plus de l'inflation croissante et historique, cette hausse des impôts va fragiliser encore le pouvoir d'achat des citoyens et surtout celui de la classe moyenne. 5- Aucun nouveau projet de développement en 2014 : Le budget alloué à l'investissement et au développement connaitra une légère hausse (+11%) mais ça reste toujours insuffisant, par contre on constate une nette hausse des budgets et ressources alloués aux ministères de l'Intérieur et de la Défense (+94%). 6- Aucune mesure intéressante pour lutter contre la fraude fiscale et le marché informel : Le gouvernement avait annoncé il y a 2 mois qu'il envisageait la levée du secret bancaire, pour permettre à l'administration fiscale de mieux contrôler les fraudeurs et les évadés fiscaux, mais apparemment il s'est rétracté. *Consultant Finance de Marché à la Banque Société Générale