Lors de la conférence politique tenue par le mouvement d'Ennahdha, à l'occasion de la célébration de son 33ème anniversaire, aujourd'hui samedi 7 juin 2014, Rached Ghannouchi, président du parti, à prononcé une allocution dans laquelle il a brossé un tableau de la marche du mouvement depuis sa création jusqu'à nos jours. M. Ghannouchi a affirmé que le courant islamiste d'Ennahdha porte en lui, un projet de société démocratique parce qu'il a compris que le combat ne se situe pas entre islamistes et laïcs, mais entre démocrates et dictateurs. Un fait concrétisé et consacré, selon ses dires, par le document du 18 octobre 2005 qui avait réuni des représentants d'Ennahdha, de l'actuel Al Joumhouri, des travailleurs et bien d'autres. Après avoir dispensé un « cours » sur la progression de la pensée islamique telle que prônée par Ennahdha, Rached Ghannouchi révèle que son mouvement avait déposé une demande de visa, qui a été rejetée, avant que son parti reconnaisse, en 1988, le Code du statut personnel en tant que base pour l'émancipation de la femme. Tout en rendant hommage aux Frères musulmans et à leur chef Sayed Qotb ainsi qu'au mouvement soudanais de Hassan Al Tourabi, le chef du parti Ennahdha a révélé que son mouvement est le disciple d'Ahmed Mestiri qu'il qualifie de « père de la démocratie en Tunisie». Il a, également, réitéré l'engagement de son parti en faveur du processus démocratique politique et social dans le pays. M. Ghannouchi a rendu hommage aux martyrs et aux blessés de la révolution, à tous ceux qui ont contribué à sa réussite, aux élus de l'Assemblée nationale constituante, aux femmes du bloc d'Ennahdha qui représentent les deux tiers de l'élément féminin à l'ANC, plus particulièrement à la vice-présidente de l'Assemblée Mehrezia Laâbidi, et à la présidente de la Commissions législative, Kalthoum Badreddine, qui ont le mérite d'avoir offert à la Tunisie sa nouvelle Constitution. Procédant, auparavant, à une comparaison entre les régimes de Bourguiba et de Ben Ali, M. Ghannouchi salue l'œuvre moderniste de Bourguiba, mais lui reproche de l'avoir fait aux dépens d'une négligence totale de la religion. « D'ailleurs, sous Bourguiba, nous avons énormément lu et bouquiné à la prison puisqu'il nous procurait une importante bibliothèque », s'est-il rappelé avant de dire en substance : « Bourguiba était un dictateur cultivé et instruit, mais Ben Ali était un dictateur âne» provoquant un rire généralisé chez l'assistance.