Le chemin menant aux élections est rude et épineux tant pour le pays que pour l'ISIE. Malgré le parcours pavé de difficultés et les critiques virulentes, l'instance chargée des élections continue à avancer avec des pas tantôt confiants tantôt incertains. Elle poursuit sa route avec une cadence variable au rythme des étapes. Après avoir achevé une belle partie du chemin : recrutement des cadres, inscription des électeurs, réception des candidatures, etc…l'ISIE est, aujourd'hui, à quelques bornes de la fin. Au stade actuel, l'instance informe des noms des listes retenues ainsi que ceux des listes rejetées et s'apprête à affronter d'autres épreuves. Cent quatre-vingt douze listes électorales, sur un total de 1508, ont été rejetées pour cause de non-conformité aux règles de candidature, c'est ce qu'a annoncé le patron de l'ISIE, Chafik Sarsar, lors d'un point de presse tenu samedi 6 septembre. Plus de 10% des listes candidates risquent donc d'être annulées, si elles n'obtiennent pas gain de cause en recours. Ce nombre si élevé laisse à s'interroger sur les raisons et les motifs de ces rejets ? Les motifs d'irrecevabilité sont autant multiples et variés que le nombre de règles exposées à l'arrêté 22 de l'ISIE. Pour être validée, chaque liste candidate doit remplir intégralement les conditions indiquées audit arrêté. A défaut de les respecter, la liste sera automatiquement annulée. Cependant, à l'égard d'un certain type d'irrégularités, comme omettre de joindre un document, l'instance électorale se montre plus indulgente en acceptant une certaine flexibilité dans le traitement du dossier. Ainsi dans des situations similaires, les candidats sont avisés, 24h à l'avance, des papiers à compléter ou des modifications à opérer. En dehors de ces cas de figures où l'on peut se rattraper, le règlement régissant les candidatures est si catégorique qu'il n'admet aucune marge de manœuvre. A ce propos, Chafik Sarsar cite cinq conditions éliminatoires : « Il est impératif de respecter le principe de parité. Il est également nécessaire de respecter le nombre requis des membres pour chaque liste. Si, par exemple, une liste comporte 8 candidats alors que le nombre doit être à 9, celle-ci sera disqualifiée et le recours même sera infructueux », dit-il. Il évoque également d'autres motifs tels que le remplacement d'une candidature par une autre en dehors de la liste complémentaire ou encore le fait de ne pas disposer de la qualité d'électeur. En soulignant au passage que tous les candidats aux législatives de 2014 doivent s'acquitter de leurs dettes vis à vis de l'ISIE au cours des élections de 2011 sans quoi leurs listes perdraient toute éligibilité. Si, l'ISIE s'était attirée les foudres, il y a quelques semaines, des partis insatisfaits du nombre d'électeurs inscrits, elle essuie, aujourd'hui, les critiques des candidats qui courent le danger d'un rejet définitif de leurs listes. Nejib Dziri, membre du congrès constitutif de l'Union des jeunes démocrates tunisiens (UJDT), a fait part de son indignation contre un fax de l'ISIE l'avisant d'un éventuel rejet de ses listes. « On nous demande de changer la formule de notre candidature en formant des listes de coalition. Alors que nous sommes des indépendants. La règle dont ils font mention concerne uniquement les partis ! », dit-il sur un ton excédé. M. Dziri va jusqu'à croire à un sabotage de ses listes : « Pourquoi cela arrive à nous ? Tout simplement parce nous incarnons les aspirations et la volonté des Tunisiens », ajoute-t-il. L'étape des candidatures pour les législatives sera bouclée dans 18 jours, délai pour saisir le tribunal en cas de recours en appel. Le 24 septembre, l'ISIE publiera donc l'ensemble des listes retenues. Cette étape ne marquera certes pas la fin du chemin, car d'autres étapes restent à accomplir. Après réception des candidatures pour les législatives. C'est le tour aux candidats à la présidentielle de soumettre leurs dossiers avec les 10 mille parrainages requis. Ensuite, vers la fin, les trois jours de scrutin, tant attendus, qui sanctionnent le parcours électoral. Et là on peut se demander si l'ISIE avait pris les précautions nécessaires et les bonnes mesures pour poursuivre sa route sans trébucher ? Pour empêcher les triches dans le recueil des dix mille signatures, l'ISIE a prévu une méthode capable de détecter les doublons et de procéder à l'annulation automatique de la deuxième signature de chaque parrain ayant soutenu la candidature de deux candidats ou plus. Pour ce faire, chaque candidat doit présenter, à l'instance, sa liste de signatures en deux formats : papier et électronique. Et pour resserrer encore plus l'étau autour des fraudeurs, toutes les listes de parrainage seront publiées sur le site l'ISIE. Ainsi, si un citoyen découvre que son nom a été ajouté à son insu, il pourra le signaler. En ce qui concerne les trois dates cruciales des élections, l'ISIE semble peiner à trouver l'effectif nécessaire pour assurer le bon déroulement de ces événements. En effet, ladite instance a besoin de 60 mille agents et n'a reçu, à l'heure actuelle, que 30 mille demandes. Son président est assuré d'atteindre ce nombre avant le jour J. Toutefois, il ne ménage pas son inquiétude quant aux délais : « Plus on recrute tôt, mieux c'est. Moins c'est tôt, plus ça risque d'impacter la qualité de la formation», explique-t-il. Indéniablement, l'ISIE est confrontée à une lourde tâche. A quelques semaines des jours des votes, on arrive aux moments ultimes et cruciaux du parcours. En dépit de toutes les entraves, l'ISIE est devant l'impératif de bien achever sa mission. Crédit caricature : Hamdi Mazhoudi, Le Temps Elyes Zammit