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Interview de Mondher Zenaïdi : Pendant trente ans, je recevais 50 personnes par jour !
Publié dans Business News le 03 - 10 - 2014

Pour la série des interviews de candidats à la présidentielle, publiées chaque vendredi, Mondher Zenaïdi a reçu Business News dans son tout nouveau QG de campagne au centre de Tunis. L'ex-ministre met en avant sa proximité avec le peuple et son attachement à son pays. « Pendant trente ans, j'ai reçu cinquante personnes par jour dans mon bureau » nous dit-il. Entretien avec un candidat, dont le téléphone ne cesse de sonner, exactement comme lorsqu'il était ministre…
Votre exil en France pendant les trois dernières années a souvent été qualifié de fuite. Pourquoi ne pas avoir choisi de vous confronter à la justice tunisienne ?
D'abord, il ne s'agissait pas d'une fuite. J'ai quitté la Tunisie le 29 mars 2011 en utilisant mon passeport et en passant par le salon d'honneur. La plainte judiciaire n'a été déposée qu'en septembre de la même année, il n'y a donc pas de lien entre mon départ et l'affaire dans laquelle j'ai été accusé.
Je suis parti à l'étranger principalement pour prendre du recul et réfléchir sur moi-même. Je me devais de m'interroger sur ma responsabilité en tant que Tunisien et en tant qu'homme public dans le cheminement historique ayant conduit à cette situation.
J'ai toujours été actif, donc je ne pouvais pas rester longtemps dans l'inactivité. Par conséquent, j'ai entrepris, à l'étranger, une activité privée de consulting pour le compte de grandes multinationales. J'ai aidé de grands groupes à développer leurs activités au Maghreb et en Afrique.
Pourquoi avez-vous fait le choix d'être un candidat indépendant et de n'avoir intégré aucun parti, même pas le mouvement destourien ?
Le choix de l'indépendance s'est imposé à moi comme une évidence car la Tunisie a besoin d'un président rassembleur, capable de dialoguer avec tout le monde. Il n'est un secret pour personne que je viens de la famille destourienne, j'ai cependant tenu à me présenter aux élections en tant que candidat indépendant. Je ne renie pas mes origines, mais j'ai la conviction que mon devoir est de rassembler au-delà des familles politiques. Dans les circonstances graves que traverse notre pays, mon devoir est d'unir tous ceux qui veulent œuvrer pour son redressement, quel que soit leur âge, leur famille politique ou leur genre.
Beaucoup d'observateurs ont vu en votre candidature une erreur stratégique et disent qu'il aurait été plus judicieux de vous présenter en 2019, qu'en pensez-vous ?
D'un côté, on me reproche d'être resté éloigné de la Tunisie et de l'autre, on me dit qu'il serait mieux de patienter jusqu'à 2019. C'est contradictoire. La Tunisie est aujourd'hui à la croisée des chemins dans un monde plein de défis et de challenges. Aujourd'hui plus que jamais, nous devons nous serrer les coudes pour le bien de la Tunisie. On doit travailler à redonner de l'espoir, à faire de la Tunisie un pays qui fait rêver, tout en rassurant les Tunisiens sur leur sort et sur celui de la patrie.
Je conçois mon rôle, si je suis président de la République, comme celui d'un passeur de témoin entre une génération jeune, pleine d'espoir et de volonté, et une génération plus vieille, compétente et expérimentée. Je peux encore servir la Tunisie et j'ai encore des choses à fournir à mon pays. Tout cela pour réaliser un mix réussi entre jeunesse et compétence.
Quels sont les principaux axes de votre programme électoral ?
La jeunesse est placée au cœur de notre projet. Il faut rappeler que le fait que la Tunisie consacre une aussi grande part de son budget à l'Education est extraordinaire. Aujourd'hui, il s'agit d'ajouter le bon au bon et de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain.
La Tunisie est à la peine pour renouveler son modèle de développement et mettre en œuvre des programmes économiques et sociaux d'envergure à la hauteur des aspirations populaires. Parmi les raisons, on peut évoquer l'extraversion du champ politique longtemps contenu et le monopole de fait qu'il a imposé au débat public, entrainant l'allongement de la période de transition avec les conséquences que l'on sait sur la situation économique, sociale et sécuritaire.
Ma longue expérience de l'Etat me permet, avec les experts que j'ai mobilisés, d'évaluer notre histoire économique et sociale pour tirer les enseignements des réussites incontestables et des échecs certains, et formuler des propositions pour l'avenir s'inscrivant dans les valeurs du courant réformiste. Pour schématiser, nous pouvons dire que de 1960 à 2010, avec un taux de croissance annuel de 5%, le véhicule du développement a plafonné à 60 km/h au lieu de rouler à 100 km/h. C'était significatif, mais insuffisant pour répondre aux aspirations de tous les Tunisiens. Nous estimons que la Tunisie a perdu 2 à 3 points de croissance du fait de l'absence de démocratie, de transparence et en raison d'un blocage idéologique sur les rôles respectifs de l'Etat qui doit honorer pleinement sa mission d'Etat développeur, et du secteur privé dont l'efficience doit être reconnue et favorisée comme moteur de la croissance.
Ces points de croissance supplémentaires devraient permettre d'atteindre un nouveau palier, et de dessiner les contours d'un nouveau modèle de croissance et de développement plus équilibré régionalement, socialement et en termes de gouvernance, et plus ambitieux par un ancrage par le haut à l'économie mondiale. Ce nouveau modèle devrait permettre à la Tunisie de transformer la structure de l'économie vers un modèle plus sophistiqué, offrant des activités à haute valeur ajoutée qui permettront de créer plus d'emplois, notamment pour les diplômés de l'enseignement supérieur, et de meilleurs revenus pour les citoyens de toutes catégories.
Pendant votre exil en France, avez-vous eu des contacts avec des partis français ? On vous décrit comme étant le candidat de la France…
Quand j'étais en France, j'ai eu des contacts avec plusieurs personnalités de tous les bords. Il ne faut pas oublier que j'ai poursuivi mes études en France et que plusieurs responsables aujourd'hui étaient mes condisciples à l'ENA par exemple. J'ai eu par ailleurs des contacts avec mes concitoyens qui vivent en France et qui suivent l'actualité tunisienne. Les responsabilités que j'ai eues durant ma carrière m'ont permis de connaitre plusieurs personnalités venant de pays divers et qui restent fidèles à leur amitié jusqu'à aujourd'hui.
Je précise que mon cœur n'a jamais quitté la Tunisie, il a toujours battu au rythme de la vie de mon pays. J'ai vécu les joies, j'ai vécu les peines… J'étais au téléphone avec Chokri Belaïd quelques jours avant son assassinat. J'ai pleuré sa mort comme celle d'un frère.
En vous basant sur votre expérience en tant que ministre, quelles solutions proposez-vous pour les secteurs du Tourisme et de la Santé ?
Pour la Tunisie, ces deux secteurs restent porteurs. J'ai eu une affection particulière pour le portefeuille de la Santé car on y est confrontés en même temps à la souffrance humaine et à l'intelligence tunisienne chez les équipes de soin et les médecins tunisiens. Nous envisageons d'explorer la piste de l'exportation des services de soin et du savoir faire médical tunisien. Quand j'étais au ministère de la Santé publique, nous avions atteint un excellent niveau d'efficience opérationnelle tout en engageant des réformes structurelles importantes pour le secteur. Si une machine était en panne dans n'importe quel hôpital, on la faisait réparer en l'espace de quelques jours. Nous avons injecté 160 millions de dinars dans les infrastructures et la même somme dans les équipements de santé. Nous avons fait la chasse aux dysfonctionnements et aux lenteurs administratives. Nous avons géré d'une manière exemplaire la crise de la grippe porcine H1N1, à tel point que l'OMS (Organisation mondiale de la Santé) a félicité la Tunisie pour ses efforts et la manière avec laquelle cette grippe a été contenue sans aucun gaspillage des deniers publics.
En ce qui concerne le Tourisme, il faut être conscient qu'il existe des gisements extraordinaires qui ne sont pas encore exploités dans notre pays. Quand on regarde ce que font d'autres pays, on peut s'inspirer de plusieurs pratiques. En Tunisie, nous avons beaucoup de sites archéologiques qui pourraient être mieux exploités dans une optique touristique. Quand j'étais en charge du portefeuille du Tourisme, j'ai engagé des réformes structurelles dans le but de mettre à niveau l'ensemble du secteur. En 2003, nous avions procédé à une étude stratégique concernant le secteur touristique. Il faudrait créer une solidarité entre les professionnels du secteur et, particulièrement, entre les hôteliers. J'ai toujours procédé et appris à travers l'écoute des citoyens et des professionnels des secteurs dont j'ai eu la charge.
Lorsque j'étais au ministère du Tourisme, nous avons traversé deux grandes crises, celle du 11-Septembre 2001 et celle du 11-Avril 2002 [NDLR : date d'un attentat terroriste perpétré à Djerba qui a provoqué la mort d'un nombre de touristes allemands]. Nous avons parcouru l'Europe pays par pays et nous avons fait en sorte de limiter les pertes du tourisme tunisien à seulement 4%, par rapport à l'année précédente. Aujourd'hui, on ne peut pas imposer des solutions simples à des problèmes complexes. La plus grande école où l'on peut apprendre la gestion des affaires publiques, c'est l'écoute des gens. Pendant trente ans, j'ai rencontré et écouté une cinquantaine de personnes chaque jour.
Que pensez-vous des prérogatives limitées du président de la République ?
Elles ne le sont pas. Parmi les prérogatives du président de la République, on peut citer celle de l'application de la Constitution, ce qui est d'une importance capitale. On peut également évoquer la Défense et la Sécurité. Ces deux secteurs relèvent une importance capitale dans le bien-être de chaque citoyen, mais on peut également les considérer sous un autre angle, celui du développement. Sans la défense du territoire tunisien et sans un minimum de sécurité intérieure, il ne saurait y avoir d'investissements et, par conséquent, pas de développement ni d'emploi.
On peut appliquer le même type de raisonnement concernant les relations extérieures qui relèvent également des prérogatives du chef de l'Etat. En effet, les relations extérieures peuvent devenir un vecteur de renforcement des partenariats étrangers de la Tunisie. Ces partenariats vont favoriser la coopération qui, elle-même, permet d'attirer les investissements et de créer de l'emploi en Tunisie.
Si je suis élu président de la République, j'agirais en bonne intelligence avec le chef du gouvernement. Il ne sera pas question pour moi d'empiéter sur les attributions du gouvernement mais d'agir de concert pour le bien national. C'est une question d'équilibre dans la politique générale. Il faut trouver un équilibre entre le social et l'économique, entre les régions mais aussi entre les horizons temporels. C'est la rupture et l'inexistence de tous ces équilibres qui a provoqué la révolution tunisienne contre l'ancien régime.
D'où provient le financement de votre campagne électorale ?
Ma campagne est financée par les sources permises par la loi. Ce financement comporte des fonds propres mais aussi des dons divers dans la limite des plafonds fixés par la loi en vigueur, que nous allons évidemment respecter.
En une phrase, pourquoi on voterait pour vous ?
On me connaît et je pense que les Tunisiens savent reconnaitre ma sincérité. A plusieurs reprises et dans plusieurs secteurs, j'ai montré ma capacité à gérer les crises. Je regarde en avant et je suis capable de donner confiance aux Tunisiens et de leur redonner espoir en leur pays. Je suis profondément convaincu de la grande destinée du pays. Plus que jamais, la Tunisie est l'endroit où il faut être. Interview réalisée par Marouen Achouri


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