Zouhair Ismaïl, conseiller du président de la République Moncef Marzouki, a publié un article dans la rubrique Opinions sur Al Jazeera.net en date du 25 novembre 2014. Dans cet article traitant des derniers événements politiques qu'a connues la Tunisie, l'auteur qui se présente uniquement comme un chercheur et académicien tunisien prend la défense de Moncef Marzouki, autre contributeur du même site et candidat à la présidentielle. L'article s'intitule « Marzouki combat désarmé » et présente, évidemment, le président de la République comme le chevalier garant de la révolution. Quant aux autres acteurs des derniers événements politiques, il en dresse un portrait dépréciatif. M.Ismaïl a pris le soin de décrire l'adversaire politique de son chef comme « l'héritier du régime déchu, un des noms de l'ancien système qui revient à nous » et de l'opposer à Marzouki « l'indépendant », « figure du renouveau qui résiste ». Après avoir planté le décor central, le conseiller de Moncef Marzouki passe aux instituts de sondage et aux résultats à la sortie des urnes rendus publics le soir du 23 novembre. Le travail présenté par ces instituts « ne s'est pas immunisé au moyen de techniques de recherches précises et de neutralité scientifique réfléchie », selon ses dires. Ils étaient empreints de « l'effet des tractations politiques » et ont été le tremplin, pour M.Ismaïl , afin de s'en prendre, ensuite, aux médias et, en particulier, à la chaîne télévisée Nessma . Selon sa réflexion, cette chaîne « soutient Béji Caïd Essebsi et Hamma Hammami » et « ne cache pas sa haine flagrante » pour Moncef Marzouki. Zouhair Ismaïl passe ensuite à une lecture très personnelle du Front populaire dont le représentant Hamma Hammami a été la troisième force de la dernière élection présidentielle. Pour lui, le Front populaire se divise en trois fractions : « la première est celle des partisans de Hamma Hammami qui soutiendra au second tour Moncef Marzouki, la deuxième est celle du courant national démocratique qui soutiendra Béji Caïd Essebsi et la troisième est celle du courant nationaliste baâthiste et nassériste qui demeurera entre ces deux positions ». M. Ismaïl présente un éventuel soutien du Front populaire au candidat de Nidaa Tounes comme une confirmation du fait que « le Marxisme a quitté la gauche tunisienne comme état d'esprit ». M.Ismaïl n'hésite pas à illustrer ses propos par un pic à l'adresse du Front populaire en avançant que « la Gauche tunisienne n'est plus un mouvement à visée sociale depuis que plusieurs de ses grandes figures se sont alliées au régime de Ben Ali, deux décennies durant ». Après une analyse de la réussite de Moncef Marzouki dans les régions du Sud tunisien, le contributeur d'Al Jazeera passe à une autre forme de clivage : celle de la Tunisie dans une binarité basée sur la séparation entre deux classes sociales. Il évoque en effet, la scission entre « la marge appauvrie » et le centre citadin, entre le Sahel et l'intérieur, entre les villes de la corruption bourgeoise et les bidonvilles qui les entourent ». Tout en présentant Moncef Marzouki comme le candidat visant l'unification du peuple tunisien, M.Ismaïl base son argumentaire sur le registre péjoratif de l'Etat profond dont il qualifie l'adversaire politique de Moncef Marzouki et celle méliorative de la Révolution qu'incarne son propre camp « esseulé mais rempli de vérité et de certitude quant à sa victoire ». L'article se clôt sur une citation puisée dans les slogans révolutionnaires de la Kasbah « Si vous revenez, nous reviendrons aussi ! » A noter que Zouhair Ismail, agrégé en Langue et littérature arabe, était directeur des Etudes et des Recherches à l'Institut tunisien des Etudes stratégiques dont Tarak Kahlaoui, membre du bureau politique du CPR, est actuellement le Directeur général. Il est assistant de l'enseignement supérieur, et a été nommé conseiller auprès du président de la République chargé des Etudes, à compter du 1er juillet 2013.