Officiellement, il est chercheur au Centre français de la recherche scientifique, affecté à l'Institut français du Proche-Orient et ce après avoir été au ministère français des Affaires étrangères, puis l'Institut de recherche sur le Maghreb Contemporain. Officiellement, encore, il habite à Beyrouth où siège l'IFPO. Il est à noter que l'IFPO dépend officiellement du Quai d'Orsay. Toutefois, une source du ministère français des Affaires étrangères nous a confirmé que les scientifiques de l'institut ne sont soumis à aucun droit de réserve et que leurs déclarations n'engagent que leur personne. Concrètement, on ne sait pas trop quoi penser de Vincent Geisser, ce marseillais de 46 ans qui publie quotidiennement ou presque une « analyse » sur la Tunisie. Qu'un chercheur étranger livre régulièrement des analyses sur la Tunisie, ceci ne peut être que louable. Que ces recherches deviennent quotidiennes, cela peut se concevoir. Que ces recherches n'obéissent pas aux règles basiques en la matière et ne prennent qu'une direction unique, cela décrédibilise le « chercheur », mais entre néanmoins dans ses libertés « scientifiques » fondamentales de penser ce qu'il veut de qui il veut. Le hic, c'est que Vincent Geisser dépasse tout cela à la fois et ses « analyses » deviennent du mépris, du dénigrement et de l'insulte. Depuis plusieurs semaines, et notamment depuis les législatives du 26 octobre, M. Geisser multiplie ces analyses condescendantes et insultantes contre les personnalités politiques tunisiennes, les électeurs tunisiens, les institutions tunisiennes et les médias tunisiens et étrangers. Nos instituts de sondage deviennent à ses yeux des épiciers, en dépit de leurs chiffres exacts aux dernières législatives et au 1er tour de la présidentielle et bien qu'ils n'aient pas l'expérience requise en la matière, faute d'élections antécédentes suffisantes. (voir ici). La chaîne publique Al Wataniya ? C'est Canal 7 qui diffuse un « mousalsal » (feuilleton) sadomaso. (voir ici). Pour lui, le candidat à la présidentielle Béji Caïd Essebsi « reçoit aujourd'hui des soutiens massifs de tous les systèmes dictatoriaux de la région, les régimes militaires comme l'Egypte ou les régimes fondamentalistes comme l'Arabie Saoudite ou les Emirats arabes unis qui n'hésitent pas à pratiquer de l'ingérence dans la campagne présidentielle tunisienne. » Pour bien alimenter la peur du retour du passé, M. Geisser n'hésite pas à recourir à la manipulation de l'image et à présenter un photomontage publié sur les réseaux sociaux par on ne sait qui comme étant une publication journalistique. « La voyoucratie journalistique », dit-il. (voir ici). La neutralité d'Ennahdha à la présidentielle ? "Une démocratie de supermarché" aux yeux de "l'analyste-scientifique-politologue". (voir ici). BCE ? Pour lui, c'est le "comédien suprême", dit-il en commentaire à la photo de Béji Caïd Essebsi se recueillant sur la tombe du combattant suprême. Une phrase qu'il emprunte aux militants de Perspectives des années 1960-1970 (voir ici). Il s'agit là de quelques extraits seulement des publications de dénigrement de Vincent Geisser. La plus insultante demeure celle où il s'en est pris à notre confrère, collègue et ami Samy Ghorbal. Un journaliste et écrivain qui représente ce qu'il y a de mieux dans la presse francophone tunisienne. M. Ghorbal est « coupable » d'avoir rédigé une enquête sur la présidentielle portant le titre «BCE, le pouvoir et le style» parue sur Jeune Afrique ayant pour couverture le titre « Pourquoi BCE doit gagner ». Il est du droit de tout un chacun de ne pas partager l'opinion et la ligne éditoriale de Jeune Afrique et l'approche de Samy Ghorbal. Cela dit, force est de constater qu'un tel titre a été utilisé à maintes reprises par les médias les plus "prestigieux" aux yeux de M. Geisser. Juste à titre d'exemple, nous citerons Le Monde et Libération (voir ici). Dans les grandes démocraties, on respecte l'opinion contraire et on n'accuse pas ses adversaires politiques, et on respecte les médias ayant une ligne différente. L'analyste-politologue a une autre vision. Il écrit pour épingler JA « c'est aussi le retour en force d'une pratique journalistique d'un autre âge : phraséologie datant des années 1960, culte de la personnalité, scénographie de l'Homme providentiel. En deux mots : l'art de faire passer une communication officielle en article de presse « indépendant » En tous cas, il est clair que certains médias n'ont pas encore fait leur « révolution ». C'est encore mieux que le film « Good Bye Lenin » car là, ce n'est pas de la fiction, mais bien la triste réalité de l'état du journalisme en Tunisie. » (voir ici ) Quand ce dénigrement régulier de Tunisiens, ayant une idéologie politique déterminée, vienne d'autres Tunisiens, l'affaire est tout à fait naturelle. « On peut toujours se débrouiller entre nous et finir par nous entendre ». Mais que ce dénigrement vienne d'un étranger et qu'il devienne quotidien, cela dépasse l'entendement. On n'est plus dans la recherche scientifique, ni dans l'analyse, mais dans le mercenariat. Pourquoi ? Parce qu'entre deux articles de dénigrement des forces vives du pays, Vincent Geisser pond un article encenseur et laudateur à l'égard de Moncef Marzouki ou/et de Mustapha Ben Jaâfar. On passe outre son ouvrage récent : « ‘'Un si long chemin vers la démocratie'' (entretien avec Mustapha Ben Jaafar ». Les articles de M. Geisser sur Marzouki et Ben Jaâfar sont l'exacte définition de ce qu'il reproche à Jeune Afrique et aux médias tunisiens qui n'ont pas fait leur révolution : l'éloge et le culte du chef. Et, en la matière, M. Geisser fait bien mieux, en 2014, que Salvatore Lombardo et les anciens éditorialistes de La Presse et du Renouveau. Il concurrencerait carrément ceux de la Pravda. Les exemples sont nombreux et les articles sont multiples et tout lecteur témoignera de leur caractère laudateur exagéré. Il y a quelques jours, M. Geisser a publié un article intitulé « aux diffamateurs et aux fonctionnaires de la plume nostalgiques de l'ordre benaliste ». C'était une réponse à un article « à deux balles » (selon ses propos) paru sur Tunis Tribune. Il écrit « la voyoucratie journalistique mauve tente de me déstabiliser en publiant ou en diffusant des articles diffamatoires sur mon compte. Je n'ai pas peur de la voyoucratie journalistique des continuateurs du benalisme sans Ben Ali et je persisterai à écrire sur la Tunisie comme je l'ai toujours fait. » M. Geisser se plaint de ce qu'il appelle « tentatives de déstabilisation », alors qu'il fait exactement pareil dans ses écrits. Il traite ses critiques (et ils ne sont pas du tout nombreux) de voyous, alors qu'il use des mêmes pratiques. Il épingle « le benalisme » sans Ben Ali, alors qu'il fait exactement pareil quand il traite de Moncef Marzouki et de Mustapha Ben Jaâfar, sans JAMAIS critiquer une seule de leurs bourdes et Dieu sait combien elles sont nombreuses. Trop c'est trop ? Non ! Personne n'a le droit d'empêcher Vincent Geisser de persister à écrire sur la Tunisie, comme il l'a toujours fait. Et nous défendrons même son droit à continuer. Mais il n'a pas le droit de diffamer des institutions tunisiennes et de dénoncer la liberté d'opinion des médias, sous prétexte qu'ils ne sont pas du même avis que le sien. Qu'il pense ce qu'il veut de qui il veut, mais qu'il respecte la Tunisie et les Tunisiens dans leur choix. Ni les Tunisiens, ni les journalistes tunisiens n'ont de leçons à recevoir en matière de démocratie ou de presse de la part d'un « chercheur-analyste-politologue » portant des œillères et raisonnant comme si nous étions encore à l'avant 20 mars 1956. Nous garantirons, bien entendu, tout droit de réponse de Vincent Geisser, à condition qu'il réponde sur le fond des sujets traités d'actualité de 2014 ci-dessus et non sur l'historique du sien et des uns et des autres.